Se réjouir dans la souffrance – 1 Pierre 3.13-14 (John MacArthur)

Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. (1 Pierre 4.13,14)

De la part est une traduction un peu avantageuse de katho (« comme », ou « selon laquelle »), pour exprimer le fait que la récompense éternelle des chrétiens est proportionnelle à leurs souffrances terrestres (voir Ro 8.18 ; 2 Co 4.16-18 ; Hé 11.26 ; 2 Jn 8 ; Ap 2.10). La comparaison semble raisonnable puisque la souffrance révèle la fidélité à leur Seigneur Jésus-Christ, qui a lui-même souligné le rapport entre souffrance et récompense, dans ces versets :

Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel ; car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes (Lu 6.22,23).

Les souffrances affermissent la foi

Pierre veut encore affermir la foi des croyants persécutés en leur expliquant qu’ils ont part […]  aux souffrances de Christ, non pas dans un sens rédempteur, ni dans celui d’une union spirituelle avec lui (telle que Paul la décrit dans Romains 6), mais dans le sens que les croyants endurent une souffrance semblable à la sienne : la souffrance pour la justice. R. C. H. Lenski analyse les propos de Pierre avec justesse :

Les lecteurs [de 1 Pierre] ne sont en communion qu’avec les souffrances de Christ. Cette pensée est frappante et développée par Paul dans Ro 8.17 ; II Co 1.7 ; 4.10 ; Ph 1.29 ; 3.10 ; Col 1.24. Elle se réfère à la parole de Christ (Jn 15.20,21).

Nous avons la communion avec ses souffrances lorsque nous souffrons en son nom, lorsque la haine qui l’a frappé, lui, nous frappe, nous, à cause de lui. Il n’est mentionné nulle part que nous partageons l’expiation de ses souffrances, comme si notre souffrance était elle aussi expiatoire. Selon Matthieu 5.12, la persécution nous unit aux prophètes persécutés (quelle glorieuse exaltation !). Dans ce texte, elle nous unit à Christ lui-même, dans une communion encore plus grande, ou koinōnia. Est-ce là « une chose étrange » ou à considérer comme telle ? Nous devrions la considérer comme appropriée, naturelle, à prévoir ou comme le dit Pierre (en accord avec Mt 5.12), comme une bonne raison pour être dans l’allégresse (The Interpretation of the Epistles of St. Peter, St. John and St. Jude, réimpr. [Minneapolis : Augsbourg, 1996], p. 203).

Souffrir la même souffrance que Christ

Christ, qui a souffert aux mains des méchants, quoiqu’il n’ait point commis de péché (És 53.9 ; Mt 26.67 ; 27.12,26,29-31,39-44 ; Jn 10.31,33 ; 11.8 ; Ac 2.23) fait aux croyants la promesse qu’ils auront le privilège de connaître la même souffrance que lui : « Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » (Jn 15.20).

Dans la mesure où les croyants subissent des souffrances injustes, ils devraient continuer de [se réjouir] comme leur Seigneur l’a fait. Pour qui n’a pas l’espérance d’une récompense céleste, cette pensée est parfaitement inacceptable, et pourtant elle est confirmée par le Seigneur dans la déclaration suivante :

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous (Mt 5.10-12).

Le retour du Christ

Sa gloire apparaîtra « le jour où le Fils de l’homme paraîtra » (Lu 17.30), expression faisant allusion à son retour. Le Seigneur a repris possession de sa gloire après son ascension, mais il ne l’a encore jamais montrée à quiconque sur terre (voir Mt 24.30 ; Ph 2.9-11 ; Ap 19.11-16). (Pierre, Jacques et Jean en ont cependant eu un aperçu à l’occasion de la transfiguration [Mc 9.2,3 ; voir aussi 2 Pi 1.16-18].)

Le deuxième emploi de chairō (soyez […] dans la joie) au verset 13 est suivi du qualificatif agalliaō (allégresse), une joie qui ravit. Au retour de Christ, les croyants seront dans la joie et dans l’allégresse d’une manière proportionnée à la communion à ses souffrances dans cette vie-ci. Qui partage ses souffrances partagera aussi sa gloire (5.1 ; voir aussi Mt 20.20-23). La souffrance des saints pour la justice les met à l’épreuve, les purifie, et leur acquiert un « poids éternel de gloire » (2 Co 4.18) de sorte que plus grande est leur souffrance, plus forte est leur espérance, et plus abondante est leur joie (voir 2 Co 4.16-18 ; Ja 1.2).

Le nom de Christ, la source de la haine dirigée contre les croyants

Le nom de Christ est la source d’une terrible haine dirigée contre les croyants (Mt 10.22 ; 24.9). Au début de l’Église primitive, ce nom était le synonyme du Sauveur lui-même, et de tout ce qu’il incarnait (voir Lu 24.47 ; Jn 1.12 ; Ac 2.38 ; 4.17,30 ; 9.15 ; 19.17). Dans son discours devant le sanhédrin, Pierre affirme : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4.12).

Plus tard, « les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus » (Ac 5.41). Dans sa vision relative à la conversion de Saul de Tarse, qui plus tard allait prêcher l’Évangile sous le nom de Paul, l’apôtre, Christ dit à Ananias de Damas : « Je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom » (Ac 9.16). Ce n’est pas le nom « Christ » qui offense les incroyants, mais c’est ce qu’il représente, ce qu’il dit et ce qu’il fait qui provoquent leur hostilité.

Cette animosité est résumée par le mot outragés (oneidizō) qui signifie « fustiger » ou « couvrir d’insultes ». Dans la Septante, ce mot décrit l’animosité des impies contre Dieu et contre son peuple (Ps 42.11 ; 44.17 ; 74.10,18 ; voir aussi És 51.7 ; So 2.8) ; dans le Nouveau Testament il désigne les outrages et les mauvais traitements que Christ a subis de la part des pécheurs (Mt 27.44 ; Mc 15.32 ; Ro 15.3). Au ier siècle, les incroyants étaient passablement irrités, voire exaspérés, d’entendre les croyants rabâcher le nom de Christ dont ils détestaient les accusations contre les pécheurs. (voir Ac 4.17,18 ; 17.1-7).

L’Esprit repose sur nous

Et pourtant, toute la haine et toute la violence du monde ne sauraient entamer le bonheur des chrétiens. En fait, cette souffrance est une bénédiction (vous êtes heureux), en ce qui concerne la future récompense éternelle d’une part, et d’autre part, pour ses aspects présents, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur eux. Ce n’est pas seulement à cause de la souffrance que le Saint-Esprit repose sur les croyants (dans l’Ancien Testament, il pouvait descendre sur un prophète ou le quitter à tout moment), mais puisqu’il a établi en eux sa demeure de façon permanente (Ro 8.9 ; 1 Co 6.19,20 ; 12.13), il leur donne une consolation surnaturelle au milieu de leurs souffrances.

Puisque le Saint-Esprit est Dieu, la gloire divine caractérise sa nature (voir Ps 93.1 ; 104.1 ; 138.5). Cette gloire évoque la Shekinah, qui dans l’Ancien Testament symbolisait la présence terrestre de Dieu (Ex 24.16,17 ; 34.5-8 ; 40.34-38 ; Ha 3.3,4). Lorsque l’on amena le Tabernacle et l’arche de l’alliance dans le Temple de Salomon fraîchement consacré, « la gloire de l’Éternel [remplit] la maison de l’Éternel » (1 R 8.11). Tout comme la nuée lumineuse de la Shekinah reposait dans le Tabernacle et dans le Temple, le Saint-Esprit habite maintenant dans le croyant et œuvre en lui. Le mot repose (présent de anapauō), qui signifie « soulager, rafraîchir, donner du répit » (voir Mt 11.28,29 ; Mc 6.31), décrit un de ses ministères. Les temps de rafraîchissement viennent sur les croyants qui souffrent pour l’amour du Sauveur et de l’Évangile. L’Esprit leur donne gracieusement persévérance, clairvoyance, et tous les fruits du panier de sa bonté : « Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi ; la loi n’est pas contre ces choses » (Ga 5.22,23).

L’exemple d’Étienne

Ces temps de rafraîchissement et ce pouvoir divin sont descendus sur Étienne, un des responsables de l’Église de Jérusalem et le premier martyr connu. Alors qu’il commençait à défendre sa foi devant les dirigeants juifs, « son visage leur parut comme celui d’un ange » (Ac 6.15). Son comportement respirait la sérénité, le calme, et la joie ; ces trois caractéristiques du fruit de l’Esprit étaient même amplifiées par sa souffrance et par la grâce que lui donnait le saint consolateur. Étienne poussa le sanhédrin à bout en reprenant l’histoire de la rédemption depuis l’Ancien Testament et en la faisant culminer par l’œuvre expiatoire de Jésus le Messie.

La tranquillité d’Étienne lui était de toute évidence insufflée par l’Esprit lorsque, « fixant les regards vers le ciel, [il] vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7.55,56). Alors que ses ennemis le lapidaient, Étienne « priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! Puis, s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! Et, après ces paroles, il s’endormit » (Ac 7.59,60). Véritablement, l’Esprit de gloire l’avait transporté des souffrances à la consolation. Cette même puissance de l’Esprit sera plus tard la cause du témoignage de Paul énoncé dans sa deuxième lettre aux Corinthiens :

Et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort  (2 Co.12.9,10).


Cet article est tiré du livre : 1 Pierre – John MacArthur de John MacArthur