Restaurer une crédibilité perdue (Aubrey Malphurs)

Devant leur faillibilité, les leaders médiocres se referment sur eux‑mêmes. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de prendre les décisions qui s’imposent, espérant que les conséquences de leurs erreurs resteront minimes. En adoptant cette approche, ils ne résistent pas longtemps, puisque les leaders doivent assumer des risques et des décisions difficiles. Leur charge même l’exige. Vous ne verrez jamais un leader compétent et pieux se terrer dans un coin. Ceux que j’ai examinés ne reculent pas devant un choix douloureux, simplement parce qu’il comporte des embûches.

L’inconvénient de cette situation est qu’une fausse note occasionne la perte de votre crédibilité et de la confiance des gens. Ce discrédit est proportionnel à la gravité de la faute. Des erreurs minimes causent peu de dommages. De plus graves vous disqualifieront davantage. Quoi qu’il en soit, l’aspect positif d’une telle condition est qu’il est possible, la plupart du temps, de reconquérir une partie du territoire perdu. Même si des décisions néfastes vous ont entraîné dans une crise majeure, vous pouvez retrouver la confiance perdue et restaurer votre crédibilité en tant que leader. Je vous suggère cinq étapes (les 5 A) pour y parvenir.

Avouez votre erreur

Quand vous vous trompez, vous devez premièrement l’admettre. Si vous vous rendez compte que vous avez effectué un choix peu judicieux, ou si quelqu’un d’autre s’en aperçoit et vous le fait remarquer, soyez honnête. N’essayez pas de le dissimuler. Ce n’est pas seulement une question d’intégrité personnelle, mais aussi de crédibilité.

Notre première réaction devant l’erreur commise est souvent de la camoufler. Nous croyons à tort que si les gens apprennent que nous avons mal agi et reconnaissent que nous sommes imparfaits, ils mettront sérieusement en doute nos capacités à diriger. Qui plus est, ceux qui s’opposent à notre leadership disposeront de munitions supplémentaires contre nous. Bien que ces craintes soient fondées, la plupart des disciples voient les choses autrement. Plusieurs considèrent qu’en confessant votre faute, vous dites la vérité, et ils pourraient vous témoigner davantage de respect parce que vous faites preuve d’honnêteté. Les gens s’attendront peut‑être à ce que vous tentiez d’étouffer l’affaire, surtout si c’est le type de réflexes qu’ils ont perçus chez leurs leaders par le passé. C’est pourquoi, si quelqu’un ose étaler les faits au grand jour, ils en sont étonnés, mais également apaisés. Au cours de leurs recherches, Kouzes et Posner sont parvenus à la conclusion qu’il « n’existe pas de meilleure façon de démontrer notre honnêteté à nos fidèles qu’en avouant nos erreurs. »

Assumez la responsabilité

Après avoir admis vous être trompé, vous devez ensuite accepter la responsabilité de vos actes. Lorsque vous avez commis une erreur, n’essayez pas de vous en laver les mains. Ne vous dérobez pas devant vos impairs ou toute autre mauvaise action, et assurez‑vous que ceux qui sont compromis savent que vous en prenez la responsabilité.

Vous vous demandez peut‑être qui devrait être au courant et dans quelle mesure vous devez vous dévoiler. En règle générale, vous devez parler à ceux qui ont été affectés par votre erreur. Si quelques personnes seulement sont touchées, contactez‑les en privé. Si toute l’assemblée est concernée, reconnaissez alors vos manquements devant tous les membres.

Adressez des excuses

La troisième étape consiste à vous excuser de ce que vous avez fait. Soyez sincèrement désolé de ce qui est arrivé. Exprimez votre regret à l’endroit des individus que vous avez blessés. Ne tardez pas à demander pardon si nécessaire. En vous excusant, vous signifiez que vous reconnaissez votre faute et que vous ne la traitez pas à la légère. Vous n’êtes pas indifférent devant ce qui s’est passé et éprouvez de l’empathie envers ceux qui ont été offensés par vos paroles ou vos actions.

Acceptez les conséquences

Il vous faut par la suite accepter les conséquences. La plupart des gens se montrent prompts à pardonner, mais ce n’est pas le cas de tous. Lors de situations plus graves, les personnes que vous avez offensées pourraient agir ou parler avec dureté, espérant que vous ressentirez une part de leur douleur. Vous devrez donc apprendre à recevoir avec humilité la riposte des autres. Comprenez qu’ils vivent eux‑mêmes dans la souffrance et répliquent sous le coup de l’émotion.

Cependant, même s’il est difficile pour certaines personnes de vaincre leur blessure, elles ne sont pas pour autant autorisées à pécher contre vous. Vous pourriez devenir victime de commérage ou menacé de représailles. Encore une fois, la meilleure façon de réagir est de tendre l’autre joue et de ne rien dire que vous pourriez regretter plus tard. L’Église, et en particulier le Conseil, devrait plutôt vous soutenir et prendre les mesures nécessaires pour s’occuper de ceux dont le comportement est répréhensible.

Agissez afin de remédier à la situation

L’étape suivante consiste à faire tout ce que vous pouvez pour remédier à la situation. Commencez par demander comment vous pourriez réparer vos torts. Ne vous surprenez pas si vous n’obtenez que le silence en réponse à cette question. La plupart des personnes n’en auront aucune idée, ou ne voudront pas répondre. Par contre, s’ils émettent des suggestions qui sont raisonnables et moralement acceptables, pliez‑vous à ces demandes.

Vous pourriez aussi réfléchir au problème en privé ou avec d’autres et proposer quelques options. Dans ce cas, si les individus que vous avez blessés n’ont aucune réponse à vous recommander quant à la façon de remédier à la situation, vous pourriez leur faire part de vos réflexions.


Cet article est tiré du livre : Être leaders de Aubrey Malphurs.