Qu’est-ce qu’une alliance ? (Clarence Stam)

Une alliance est un accord qui lie deux parties

Dans la Bible, la première alliance, l’alliance fondamentale, est celle qui existe entre Dieu et son peuple. Nous apprenons qu’il existe aussi des alliances entre les hommes, mais ces dernières sont le reflet de l’alliance que Dieu fit avec nous. L’origine du mot hébreu berith, traduit par alliance, n’est pas claire, mais il revêt une très forte connotation de loyauté l’un envers l’autre. Le mot grec diatheke, utilisé invariablement dans la Septante pour traduire berith, désigne un arrangement légal auquel les deux parties sont liées par serment. Il faut noter que le Nouveau Testament n’utilise pas le mot grec ordinaire pour alliance, qui est syntheke, mais pour éviter l’idée d’égalité entre les partenaires dans l’alliance, il utilise lui aussi le mot diatheke. Dieu fait son alliance souverainement avec ceux qu’il a appelés.

L’exemple du mariage

À cet égard, le mariage constitue un important exemple, étant la relation humaine la plus intime, il est d’ailleurs appelé « alliance » dans Malachie 2.141 . Plus loin, Paul appelle l’union du mari et de la femme « un grand mystère », en ce qu’il nous montre quelque chose de l’union entre le Christ et l’Église (Ép 5.32). Dieu considère qu’une alliance est un accord qui doit être honoré. Nous apprenons de lui comment nos relations doivent être régulées.

L’alliance établit un certain ordre

En tant qu’accord liant deux parties (ou plus), l’alliance établit un certain ordre. Elle met un terme à l’incertitude et mène à une situation de loyauté et de confiance. Du moins, c’est son but. Des privilèges et des devoirs particuliers sont officiellement reconnus. Il est important, lorsque l’on parle de l’alliance, de reconnaître ce caractère juridique et officiel. L’adjectif légal est parfois utilisé en lien avec l’alliance, pour montrer qu’elle a été juridiquement (légalement) établie et qu’elle lie pleinement tous les partenaires.

Parmi les hommes, des alliances sont faites pour régler des conflits entre deux parties, ou pour confirmer la loyauté et la fiabilité. Jacob et Laban, par exemple, font alliance pour résoudre tous les différends existants entre eux et ils jurent de ne jamais se faire de mal (Ge 31). David et Jonathan, pour prendre un autre exemple, font alliance pour que, pendant la crise qui s’intensifie avec le roi Saül, ils puissent toujours compter l’un sur l’autre. Ils n’ont pas vraiment besoin de cette alliance, car leur amour mutuel est évident, mais leur serment devant Dieu les lie plus que leur amour l’un pour l’autre.

Un événement important et solennel

Entrer dans une alliance est un événement important et solennel. Nous trouvons les éléments principaux suivants. Premièrement, un signe clair est donné ou un monument est officiellement érigé pour marquer l’occasion. Il est important de noter que la fonction du signe est toujours de souligner le caractère juridique et officiel de l’alliance. Deuxièmement, des clauses (ou ententes) sont établies auxquelles chacun des partenaires dans l’alliance est dès lors lié. Troisièmement, un serment est prêté au nom de l’Éternel. Cela signifie que Dieu lui-même rend témoignage de l’événement et veillera à ce que l’alliance soit respectée. Comme le dit Laban : 

« prends-y garde, c’est Dieu qui sera témoin entre moi et toi » (Ge 31.50). 

Finalement, un sacrifice est apporté et un repas est pris pour sceller la nouvelle association entre les partenaires.

Une alliance ne peut être rompue

Une alliance est conçue pour être un lien durable qui ne peut être rompu. Lorsque des alliances sont systématiquement rompues, le tissu même de la société se défait et le chaos est imminent. L’aspect social est d’autant plus important, parce que les alliances ne sont généralement pas faites avec des proches, mais avec ceux avec qui l’on n’a pas de liens naturels. Aucune alliance n’est habituellement nécessaire entre les membres d’une même famille, puisqu’il existe déjà un lien de sang. Une alliance est normalement faite avec ceux avec qui aucun lien n’existait auparavant.

Le cadre d’une alliance détermine de nombreux aspects de la société. Les obligations mutuelles, en réalité l’entière structure de la vie, sont gouvernées par l’alliance qui a été faite (ou les alliances). Nous devons être en mesure de nous faire confiance les uns les autres, conformément aux promesses faites. Lorsque ce n’est plus le cas, la société se met dans une situation telle que décrite au verset 3 du Psaume 11 : 

« Quand les fondements sont renversés, le juste, que ferait-il ? »

Une alliance transcende la mort

Une alliance est si forte qu’elle transcende la mort et demeure valide de génération en génération. Cette réalité est centrale, et non accessoire, à toute la notion d’alliance. La génération suivante reconnaît les obligations et privilèges de la génération précédente et y prétend. En effet, une alliance lie les générations et constitue une constante dans un monde en perpétuel changement.

Le traité scellé entre Israël et les Gabaonites constitue un exemple de la force d’une alliance – de génération en génération. Les Gabaonites conclurent justement qu’ils ne seraient pas en mesure de résister à Israël par la force. Leur existence comme peuple était menacée. Ils eurent donc recours à la ruse (Jos 9.3s). Ils réussirent à tromper Josué et les anciens d’Israël en faisant un traité (littéralement, une alliance) avec eux. Plus tard, lorsqu’il devint évident que les Israélites avaient été dupés et que le peuple pestait contre ses dirigeants, les anciens répondirent : 

« Nous leur avons juré par l’Éternel, le Dieu d’Israël, et maintenant nous ne pouvons les toucher » (Jos 9.19). 

L’alliance avec les Gabaonites et leurs descendants devait être honorée. Qu’elle ait été formée par la tromperie ne l’a apparemment pas rendue nulle. L’on ne peut pas reprocher aux Gabaonites leur tromperie, parce qu’ils avaient agi en état de légitime défense ; les hommes d’Israël furent tenus responsables de leur négligence, car « ils ne consultèrent point l’Éternel » (Jos 9.14). Le serment prêté demeure (No 30.3 ; Ec 5.4,5).

Les personnes qui entrent dans une alliance réciproque se doivent une loyauté durable et doivent toujours se démontrer bonté et fidélité. Pensez au mot chesed, que j’ai mentionné plus haut. Dieu se l’applique à lui-même, mais il nous l’applique aussi à nous-mêmes. Ceux qui ont fait une alliance doivent sans arrêt user de miséricorde dans leurs interactions mutuelles, car c’est de cette façon que Dieu agit avec son peuple.

L’Éternel est digne de confiance

Puisque l’alliance est un lien qui ne doit pas être rompu, le peuple de Dieu peut toujours placer sa confiance en celui-ci. Israël était assuré de la fidélité de Dieu et encouragé à chanter sa miséricorde : 

« Heureux l’homme qui place en l’Éternel sa confiance » (Ps 40.5). 

Aussi, lorsqu’ils annonçaient le jugement imminent de Dieu, les prophètes pouvaient toujours appeler les justes à continuer de placer leur confiance dans le Dieu qui n’abandonne pas son alliance : 

« Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel, et dont l’Éternel est l’espérance ! » (Jé 17.7.)

Psaume 90

Le Psaume 90 souligne très clairement le fait que l’alliance de Dieu est une relation permanente qui existe à travers le temps : 

« Seigneur ! Tu as été pour nous un refuge, de génération en génération. Avant que les montagnes soient nées, et que tu aies créé la terre et le monde, d’éternité en éternité tu es Dieu » (v. 1 et 2). 

Il n’est pas étonnant que ce psaume soit prisé par les enfants de Dieu, qui le lisent souvent lorsqu’ils font face au temps qui passe, la veille du Jour de l’an, par exemple. Tout peut changer, le temps file, mais Dieu demeure pour toujours le même pour son peuple. Nous avons avec lui une alliance éternelle et immuable !

Le peuple de Dieu peut toujours dire amen à l’alliance

Dans le Nouveau Testament, cette confiance s’approfondit encore plus en Jésus-Christ : 

« Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle » (Hé 10.23). 

Nous pouvons nous approcher de Dieu librement et avec assurance (Ép 3.12 ; Hé 4.16), car nous avons en Christ un parfait grand prêtre qui a fait le grand sacrifice pour le péché.

Les mots « confiance » et « assurance » sont en hébreu liés à la racine du mot amen. L’alliance est un lien tellement fort que le peuple de Dieu peut toujours dire amen à l’alliance et réclamer dans la foi tout ce que Dieu a promis. L’apôtre Paul peut alors écrire : 

« Toutes les promesses de Dieu sont ce oui en lui. C’est donc aussi par lui que nous disons à Dieu l’amen pour sa gloire » (2 Co 1.20 ; Col).


Cet article est tiré du livre : L’alliance d’amour de Clarence Stam