Quelles sont les conséquences du péché d’Adam et Ève ? (R.C. Sproul)

Le bouleversement cosmique qui résulta du péché d’Adam et Ève peut se résumer à une aliénation ou à un éloignement. Les deux mots sont importants pour la compréhension biblique du salut, car le salut est articulé dans les Écritures en termes de réconciliation. La réconciliation n’est nécessaire que lorsqu’il y a éloignement ou aliénation. Plusieurs des premiers chapitres de l’Ancien Testament décrivent les racines historiques de cette aliénation.

Il nous est premièrement démontré qu’il y a un éloignement entre l’homme et la nature, après la chute. Le péché n’est pas simplement un problème humain ; il a bouleversé tout le cosmos : « Nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps » (Ro 8.22,23). Dieu a donné à Adam et Ève la domination sur la création. Ainsi quand ils sont tombés, leur corruption a tout affecté dans les limites de leur domaine. Lorsque Dieu a placé sa malédiction sur Adam et Ève après la chute, cette malédiction a touché même le sol ; le monde est devenu résistant aux mains de l’humanité déchue.

Deuxièmement, il y a aliénation entre l’homme et Dieu. À la suite de la chute, nous sommes par nature dans un état d’inimitié avec Dieu. Nous entendons parfois des gens dire que Dieu aime tout le monde sans condition, mais une telle façon de penser ignore la réalité de cet éloignement. En fait, une grande partie des Écritures est consacrée à nous révéler les étapes que Dieu a mises en œuvre pour remédier à ce problème. Le but du salut est de parvenir à la réconciliation des parties éloignées. Si ces parties ne sont pas réconciliées, elles restent éloignées.

Troisièmement, il y a l’aliénation de l’homme avec l’homme. Beaucoup de violence se produit entre les êtres humains, non seulement sur le plan individuel des relations brisées, mais également à la grande échelle des nations qui se dressent les unes contre les autres. Lorsque nous péchons, nous désobéissons et déshonorons non seulement Dieu, mais nous nous méprisons également mutuellement par le meurtre, le vol, l’adultère, la calomnie, la haine et l’envie. Toute la gamme du péché décrit la manière dont nous blessons d’autres êtres humains et sommes blessés par eux en retour.

Finalement, nous voyons l’aliénation de l’homme avec lui-même. Les gens d’aujourd’hui se concentrent beaucoup sur l’estime de soi et la dignité humaine, à tel point que les écoles limitent les mesures punitives contre les actes répréhensibles afin d’éviter de blesser l’égo fragile des enfants. Cela est allé à l’extrême; derrière le mouvement d’estime de soi, il y a une prise de conscience que l’homme a un problème avec cette même estime. La raison pour cela est le péché : à la chute, nous nous sommes isolés non seulement de Dieu et des autres personnes, mais aussi de nous-mêmes. Il n’est pas rare d’entendre les gens déclarer : « Je me déteste. » Cette attitude sous-tend le fait que nous ne pouvons pas nier complètement la méchanceté qui habite l’humanité tout entière.

Karl Marx considérait que l’un des plus gros problèmes de la race humaine était l’aliénation du travail. Bien que Marx ait eu tort sur beaucoup de choses, il était ici sur une bonne piste alors que douleur et luttes de toutes sortes accompagnent chaque vocation. Nous pouvons trouver les racines de cela dans le jardin d’Éden, où la malédiction de Dieu est tombée sur le travail de l’homme. Nous savons que le travail lui-même n’était pas une malédiction, car l’homme a été mis au travail avant la chute. De plus, Dieu travaille et il trouve réalisation et bénédiction dans son travail, ce qui était l’intention initiale pour nous. Pourtant, à cause de la chute, le péché est présent sur les lieux de travail.


Cet article est adapté du livre : Nous sommes tous des théologiens – R. C. Sproul