Quelle est la diversité qui compte ? (Mark Dever & Jamie Dunlop)

La diversité ethnique

Peut-être que la question de la diversité ethnique est devenue primordiale dans votre Église. Cette préoccupation est tout à fait noble ; les Écritures célèbrent la diversité ethnique – c’est en partie ce que Paul affirme dans Éphésiens 3.

Toutefois, si l’on restreint le terme diversité à la diversité ethnique, on passe à côté du message principal d’Éphésiens 3. En effet, la diversité ethnique n’est pas une caractéristique qui s’applique à toutes les régions du monde. La diversité dont il s’agit ici concerne une multiplicité d’arrière-plans pour lesquels l’unité n’est possible que par l’Évangile. Lorsque l’on adopte ce standard, on comprend qu’il existe de nombreux types de différences qui correspondent au schéma de base que décrit Éphésiens 3. Pensez à toutes ces frontières différentes que la société respecte et que l’Église locale doit transgresser.

La diversité multigénérationelle

La frontière de l’âge. Il n’est pas étonnant que le terme « multigénérationnel » soit devenu tendance dans la sphère évangélique : c’est un phénomène qu’on ne voit pas souvent dans le monde. C’est d’ailleurs ce type de diversité qui m’a attiré dans ma propre Église ; la génération de membres des années 1940 a vu, dans les années 1990, une génération de jeunes gens désireux de se joindre à eux – et chose incroyable, ils ont réussi à véritablement former une seule communauté ! Les jeunes hommes passaient leur soirée du vendredi dans des maisons de retraite et des octogénaires partaient en vacances au Mexique avec leurs frères et sœurs ayant la vingtaine.

La diversité financière

La frontière de l’argent. On a l’habitude d’entendre parler des gestes généreux de certains riches envers des personnes pauvres. Cependant, ces gens influents retrouvent ensuite le confort et la compagnie d’autres gens influents – ou, du moins, de personnes avec un pedigree éducationnel similaire. Mais il n’en va pas de même pour l’Église, et c’est la raison pour laquelle Jacques fustige le traitement préférentiel que l’Église accorde aux riches dans Jacques 2.8,9 : « Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous faites du favoritisme, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs. »

La diversité politique

La frontière de la politique. L’Église locale se doit de parler avec force sur les questions d’ordre moral ; pourtant, il est rare que cette autorité morale soit scrupuleusement retranscrite dans tel ou tel programme d’action gouvernementale. Les chrétiens dont les points de vue poli- tiques diffèrent devraient donc pouvoir être unifiés dans la réalité plus ultime du royaume de Dieu. Certaines situations, bien évidemment, exigent de l’Église de choisir un parti ; ce fut le cas, notamment, dans l’Allemagne des années 1930 avec le parti nazi. Par la grâce de Dieu néanmoins, il est rare que nous nous retrouvions dans une situation aussi extrême.

La diversité sociale

La frontière de l’aptitude sociale. Est-ce que ceux qui se sentent mal à l’aise sur le plan social décriraient votre Église comme un refuge ? Ou bien est-elle à leurs yeux aussi froide et impersonnelle que le monde du dehors ? L’aptitude sociale n’est pas un prérequis pour une communion authentique et profonde par l’Esprit.

La diversité culturelle

La frontière de l’arrière-plan culturel. Particulièrement si vous avez grandi dans l’Église, votre arrière-plan culturel crée en vous des attentes concernant l’atmosphère qui devrait régner dans l’Église. Par conséquent, il vous faudra apprendre à faire preuve d’un certain renoncement afin de voir dans votre Église des chrétiens issus de la banlieue, de la campagne, et de la ville ; de tradition religieuse liturgique, pentecôtiste, et ethnique ; et originaires de pays bien différents. La difficulté ne réside pas là, mais dans le fait qu’il vous faudra expliquer aux membres de votre assemblée que chacun d’entre eux devra faire preuve d’altruisme, peu importe s’il appartient à la culture de la majorité ou de la minorité. L’unité a un coût : nous serons souvent appelés à sacrifier nos propres intérêts au profit de ceux de nos frères et sœurs en Christ.

La diversité dans l’amour

Lorsque nous cherchons à manifester un amour qui dépasse ces frontières et qui rend perplexe le monde qui nous entoure, soyons conscients que certains types de diversité en disent plus long que d’autres. Je pense notamment à une Église située en banlieue de la ville de Boston ; si tous ceux qui y viennent ont la même couleur de peau, l’Église est pourtant située à l’intersection de quatre villes qui ne pourraient pas être plus différentes sur le plan de l’identité et des classes sociales.

Ainsi, lorsqu’un ancien toxicomane de la ville de Weymouth passe ses soirées et ses week-ends à donner des conseils à un cadre supérieur de la ville de Hingham qui traverse des difficultés dans son mariage, le monde extérieur reste perplexe. La situation est tout autre dans mon Église : parce qu’elle est située dans l’une des villes les plus marquées par la ségrégation raciale aux États-Unis, la diversité ethnique a un impact considérable. Il est vrai qu’une telle diversité ethnique existe également dans d’autres contextes non chrétiens de ma ville – par exemple, chez les jeunes libéraux des grandes écoles qui se destinent à une carrière politique. Il n’empêche que ceux qui visitent mon Église me font souvent cette remarque : tous ces gens ont des arrière-plans si différents, et pourtant l’Église fonctionne comme une seule communauté unie !

Qu’en est-il de votre contexte ? Quelles sont ces frontières qui restent bien visibles dans la société et que l’Évangile a rendues obsolètes dans votre Église ?


Cet article est tiré du livre : Une communauté irrésistible de Mark Dever et Jamie Dunlop