Que les chrétiens votent comme s’ils ne votaient pas

Voter, c’est comme se marier, pleurer, se réjouir et acheter. Nous devons le faire, mais seulement comme si nous ne le faisions pas. En effet, « le monde dans sa forme actuelle passe » et, aux yeux de Dieu, « le temps est très court ». Voici comment Paul s’exprime :

Ce que je veux dire, frères et sœurs, c’est que le temps est court. Désormais, que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient pas, ceux qui pleurent comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s'ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient pas, et ceux qui jouissent de ce monde comme s'ils n'en jouissaient pas, car le monde dans sa forme actuelle passe.

Prenons-les un par un et comparons-les au fait de voter.

1. Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient pas

Cela ne signifie pas qu’il faut quitter la maison, ne pas avoir de relations sexuelles et ne pas l’appeler Chérie. Plus tôt dans ce chapitre, Paul dit : « Que le mari rende à sa femme l’affection qu’il lui doit. » (1 Corinthiens 7.3) Il dit aussi qu’il doit l’aimer de la même manière que Christ a aimé l’Église, en la dirigeant, en la soutenant et en la protégeant (Éphésiens 5.25-30). Cela signifie ceci : le mariage est momentané. Il se termine à la mort, et il n’y a pas de mariage dans la résurrection. Les épouses et les maris sont des priorités secondaires, pas des priorités absolues. Christ est premier. Le mariage est destiné à le mettre en valeur.

Cela veut dire : si elle est délicieusement désirable, prenez garde de ne pas la désirer plus que Christ. Et si elle est profondément décevante, prenez garde à ne pas être trop blessé. C’est temporaire – juste pour une brève vie. Viendra ensuite la vie sans déception, qui est vraiment la vie.

Il en va de même pour le fait de voter. Nous devons le faire. Mais seulement comme si nous ne le faisions pas. Ses résultats ne nous procurent pas la plus grande joie lorsqu’ils vont dans notre sens, et ils ne nous démoralisent pas lorsque c’est l’inverse. La vie politique sert à magnifier Christ, que le monde s’écroule ou qu’il se maintienne.

2. Que ceux qui pleurent [le fassent] comme s’ils ne pleuraient pas

Les chrétiens vivent des deuils réels, profonds et douloureux, surtout lorsqu’il s’agit de pertes – la perte de ceux que nous aimons, la perte de la santé, la perte d’un rêve. Ces pertes font mal. Nous pleurons lorsque nous sommes blessés. Mais nous pleurons comme si nous ne pleurions pas. Nous pleurons en sachant que nous n’avons pas perdu quelque chose de si précieux que nous ne pouvons pas nous réjouir de notre deuil. Nos pertes ne nous rendent pas incapables. Elles ne nous empêchent pas d’envisager la possibilité d’un avenir fructueux au service de Christ. Le Seigneur donne et reprend. Mais il reste béni. Et nous gardons l’espoir dans notre deuil.

Il en va de même pour le fait de voter. Il y a des pertes. Nous sommes en deuil. Mais pas comme ceux qui n’ont pas d’espoir. Nous votons et nous perdons, ou nous votons et nous gagnons. Dans les deux cas, nous gagnons ou perdons comme si nous n’étions pas en train de gagner ou de perdre. Nos attentes et nos frustrations sont modestes. Le meilleur que ce monde puisse offrir est court et petit. Le pire qu’il puisse offrir a été prédit dans le livre de l’Apocalypse. Et aucun vote ne le retiendra. À court terme, les chrétiens perdent (Apocalypse 13.7). À long terme, nous gagnons (Apocalypse 21.4).

3. Que ceux qui se réjouissent [le fassent] comme s’ils ne se réjouissaient pas

Les chrétiens se réjouissent dans la santé (Jacques 5.13) et dans la maladie (Jacques 1.2). Il y a mille choses bonnes et parfaites qui descendent de Dieu et qui suscitent en nous un sentiment de bonheur. Un temps magnifique. De bons amis qui veulent passer du temps avec nous. Des plats délicieux et quelqu’un avec qui les partager. Un plan réussi. Une personne aidée par nos efforts.

Mais aucune de ces bonnes et belles choses ne peut satisfaire notre âme. Même les meilleures ne peuvent remplacer ce pour quoi nous avons été créés, à savoir la pleine expérience du Christ ressuscité (Jean 17.24). Même la communion avec lui ici n’est pas le cadeau final et le meilleur. On peut avoir plus de lui après notre mort (Philippiens 1.21-23) – et encore plus après la résurrection. Les meilleures expériences ici sont des avant-goûts. Les meilleurs aperçus de la gloire se font à travers un miroir, de manière peu claire. La joie qui naît de ces avant-goûts ne s’élève pas et ne doit pas s’élever au niveau de l’espérance de la gloire. Ces plaisirs seront un jour comme s’ils n’existaient pas. Nous nous réjouissons donc en nous rappelant que cette joie est un avant-goût et qu’elle sera remplacée par une joie bien meilleure.

Il en va de même pour le fait de voter. On y trouve de la joie. L’acte même de voter est une déclaration joyeuse que nous ne sommes pas sous le joug d’un tyran. Et il peut y avoir des victoires heureuses. Mais le meilleur gouvernement que nous obtenons est une préfiguration. La paix et la justice sont approximatives maintenant. Elles seront parfaites lorsque Christ viendra. Notre joie est donc modeste. Nos triomphes sont éphémères – et truffés d’imperfections. C’est pourquoi nous votons comme si nous ne votions pas.

4. Que ceux qui achètent [le fassent] comme s’ils ne possédaient pas

Que les chrétiens continuent à acheter tant que dure ce siècle. Le christianisme ne consiste pas à se retirer des affaires. Nous sommes impliqués, mais comme si nous n’étions pas impliqués. Les affaires n’ont tout simplement pas le même poids dans nos cœurs que pour beaucoup. Tout ce que nous obtenons et tout ce que nous avons dans ce monde, ce sont des choses qui ne sont pas importantes en fin de compte. Notre voiture, notre maison, nos livres, nos ordinateurs, nos héritages – nous les possédons sans y être attachés. Si on nous les enlève, nous disons qu’en un sens nous ne les avions pas. Nous ne sommes pas ici pour posséder. Nous sommes ici pour amasser des trésors dans le ciel.

Ce monde est important. Mais il n’est pas ultime. C’est l’étape pour vivre de manière à montrer que ce monde n’est pas notre Dieu, mais que Christ est notre Dieu. C’est le moment d’utiliser le monde pour montrer que Christ est plus précieux que le monde.

Il en va de même pour le fait de voter. Nous ne nous désengageons pas. Nous sommes impliqués – mais comme si nous n’étions pas impliqués. La politique n’a pas de poids ultime pour nous. C’est une scène de plus pour mettre en pratique la vérité que Christ, et non la politique, est suprême.

5. Que ceux qui jouissent de ce monde [le fassent] comme s’ils n’en jouissaient pas

Les chrétiens doivent jouir de ce monde. Ce monde est là pour être utilisé. Il faut faire avec. On ne peut pas l’éviter. Ne pas y faire face, c’est y faire face de cette manière. Ne pas désherber son jardin, c’est cultiver un jardin de mauvaises herbes. Ne pas porter de manteau au Minnesota, c’est se geler – c’est faire face au froid de cette façon. Ne pas s’arrêter lorsque le feu est rouge, c’est dépenser son argent en amendes ou en factures d’hôpital et faire face au monde de cette manière. Nous devons faire face au monde.

Mais lorsque nous en jouissons, nous ne lui accordons pas toute notre attention. Nous n’attribuons pas au monde le plus grand statut. Il existe des choses invisibles qui sont bien plus précieuses que le monde. Nous utilisons le monde sans lui offrir toute notre âme. Nous pouvons travailler de toutes nos forces quand nous traitons avec le monde, mais toutes les passions de notre cœur seront attachées à quelque chose de plus élevé – les objectifs de Dieu. Nous jouissons du monde, mais pas comme une fin en soi. Il est un moyen. Nous jouissons du monde afin de mettre Christ en valeur.

Il en va de même pour le fait de voter. Nous faisons face au système. Nous faisons face aux nouvelles. Nous faisons face aux candidats. Nous nous occupons de ces questions. Mais nous jouissons de tout cela comme si nous n’en jouissions pas. Nous ne lui accordons pas toute notre attention. Ce n’est pas la plus grande chose dans nos vies. Christ l’est. Et Christ régnera sur son peuple avec une suprématie parfaite, peu importe qui est élu et quel que soit le gouvernement qui se met en place ou qui tombe. Donc, nous votons comme si nous ne votions pas.

Je vous en prie, votez. Mais rappelez-vous : « Le monde passe, sa convoitise aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. » (1 Jean 2.17)


Cet article est une traduction de l’article anglais « Let Christians Vote as Though They Were Not Voting » du ministère Desiring God par Timothée Davi.