Quand un bébé meurt ou est avorté, où va son âme ? (R.C. Sproul)

La formulation de cette question indique une certaine ambiguïté quant à la relation qui existe entre l’avortement et la mort. Si la vie commence au moment de la conception, alors l’avortement constitue un type de mort. Si la vie ne commence pas avant la naissance, alors l’avortement n’implique manifestement pas la mort. Selon le point de vue classique, la vie commence au moment de la conception. Dans ce cas, la question de la mort infantile et de la mort prénatale laisse entendre la même réponse.

Chaque fois qu’un être humain meurt avant d’atteindre l’âge de responsabilité (qui varie selon les facultés mentales), nous devons nous attendre à la miséricorde divine. La plupart des Églises croient à une telle disposition. Cette croyance ne laisse pas présumer que les enfants sont innocents. David a déclaré qu’il avait été conçu et était né dans le péché (Ps 51.7). Il rappelait manifestement la notion biblique du péché originel. Or, ce péché ne fait pas allusion au premier péché d’Adam et Ève, mais au résultat de leur transgression initiale. Le péché originel désigne la déchéance commune à tous les êtres humains. Nous ne sommes pas pécheurs parce que nous péchons ; en réalité, nous péchons parce que nous sommes pécheurs. C’est‑à‑dire que nous péchons parce que nous sommes nés porteurs d’une nature impie.

Bien que les poupons ne soient pas coupables de pécher, le péché originel les a entachés. Voilà d’ailleurs pourquoi nous insistons pour dire que le salut des poupons ne dépend pas de leur présumée innocence, mais de la grâce divine.

Mon Église en particulier croit que les enfants des croyants qui meurent dans leur plus tendre enfance vont au ciel selon une grâce particulière de Dieu. Ce qui advient des enfants des non‑croyants relève du mystère. Il se peut que Dieu use d’une grâce particulière aussi envers eux. Nous pouvons certainement l’espérer.

Même si nous espérons une telle grâce, la Bible renferme très peu d’enseignements précis sur le sujet. Les paroles de Jésus : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Mt 19.14), nous procurent une certaine consolation, mais sans promettre catégoriquement le salut des tout‑petits.

Lorsque Dieu a enlevé leur fils à David et à Bath‑Schéba, David s’est plaint ainsi : « Lorsque l’enfant vivait encore, je jeûnais et je pleurais, car je disais : Qui sait si l’Éternel n’aura pas pitié de moi et si l’enfant ne vivra pas ? Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais‑je ? Puis‑je le faire revenir ? J’irai vers lui, mais il ne reviendra pas vers moi » (2 S 12.22,23).

David a déclaré ainsi son assurance : « J’irai vers lui… » Bien que cette réflexion ait pu faire simplement allusion à sa mort éventuelle, David évoque probablement son espérance à peine voilée de retrouver un jour son fils. Or, il s’agit là d’une espérance glorieuse, qu’étayent les enseignements du Nouveau Testament portant sur la résurrection.


Cet article est adapté du livre : « Surpris par la souffrance » de R.C. Sproul