Quand et où les petits prophètes ont-ils vécu ? (John Blanchard)

On peut répondre à ces deux questions en même temps.

Cela implique de parcourir une grande partie de l’histoire de l’Ancien Testament afin de replacer ces hommes et leur message dans un juste contexte.

L’Exode

La manière la plus simple est de commencer par les années 1 400-1 500 av. J.-C., quand les Israélites, le peuple de Dieu, furent miraculeusement délivrés de leur captivité en Égypte. On appelle communément cet événement l’Exode. Après avoir erré dans le désert pendant quarante ans, ils arrivèrent dans la terre promise de Canaan.

Le désir du peuple d’Israël d’avoir un roi

Durant les trois siècles suivants, leur gouvernement national résidait entre les mains de chefs locaux, puis il fut transmis à Éli (sacrificateur et juge), et finalement à Samuel (juge et prophète), qui tous deux faisaient office de chef judiciaire et religieux. Face à la menace d’une invasion, le peuple demanda un roi qui puisse unifier la nation et lui donner un fondement solide. En réponse à leurs sollicitations, Saül fut oint en tant que premier roi d’Israël, mais finalement son règne fut un échec.

La construction du temple à Jérusalem

La tâche d’unifier le royaume autour de la nouvelle capitale, Jérusalem, échut à David, un jeune homme de Bethléem. Salomon, dixième fils de David, succéda à son père et renforça l’unité du pays en construisant à Jérusalem un temple imposant où se centralisait le culte du peuple.

Le règne de Roboam : révolte des douze tribus

Tout semblait aller bien quand, à la mort de Salomon, autour de l’an 930, son fils Roboam lui succéda. Sa politique économique et d’autres extravagances causèrent la révolte de dix des douze tribus. Il en résulta un royaume indépendant au nord qui prit le nom d’Israël (appelé aussi Jacob ou Éphraïm). Cela laissa les deux tribus de Benjamin et Juda dans le sud (rassemblées sous le seul nom de Juda).

La dégringolade

Pendant les deux siècles suivants, le royaume du nord n’eut pas moins de dix-neuf rois, dont la plupart firent « ce qui est mal aux yeux de l’Éternel » (1 Rois 15:26). Cela consistait souvent à favoriser une idolâtrie flagrante. La dégringolade continua jusqu’à l’invasion du nord par les Assyriens en l’an 722. Presque toute la population fut déportée, et le royaume du nord disparut.

C’était le jugement de Dieu sur deux siècles de rébellion contre ses voies :

« Cela arriva parce que les enfants d’Israël péchèrent contre l’Éternel, leur Dieu, qui les avait fait monter du pays d’Égypte, de dessous la main de Pharaon, roi d’Égypte » (2 Rois 17:7).

La situation du royaume du sud était quelque peu meilleure, avec une succession de rois, mais beaucoup plus disparates. Certains, comme Ézéchias, firent « ce qui est droit aux yeux de l’Éternel », tandis que d’autres, comme son fils Manassé, firent « ce qui est mal aux yeux de l’Éternel » (2 Rois 18:3 ; 21:2).

L’exil de Juda

En conséquence de ces changements radicaux de gouvernement, Juda connut une période de montagnes russes spirituelles, passant de réveil à récession jusqu’en 586. C’est alors que Babylone, conduite par son fondateur et dirigeant Nebucadnetsar (plus exactement Nebuchadrezzar) le balaya de la scène, rasa Jérusalem, détruisit le temple et emmena en déportation les grands de la nation.

Pourtant, à la différence d’Israël au nord, l’exil de Juda ne dura qu’environ soixante-dix ans. Cyrus, roi de Perse, avait renversé les Babyloniens et publia un édit permettant à tous les déportés vivant dans son nouvel empire de retourner chez eux et de rétablir leurs divinités nationales. De nombreux exilés de Juda profitèrent de cette proclamation. Une première colonne de 50 000 déportés revint à Jérusalem sous la conduite de Zorobabel en 538. D’autres retours suivirent en 458 et 444. Zorobabel supervisa la reconstruction du temple de Jérusalem, une entreprise qui dura vingt-deux ans pour se terminer en 515. Soixante-dix ans plus tard, on rebâtit les murs de la ville, puis la structure religieuse et sociale de la nation se reconstitua.

La place des petits prophètes dans l’Histoire

Approchons-nous maintenant pour faire un arrêt sur image et voir la place des petits prophètes dans l’Histoire. Pour cela, concentrons-nous sur la période allant de 800 à 400 av. J.-C., c’est-à-dire peu après la division du royaume jusqu’après le retour de Juda à Jérusalem. Il est plus difficile de situer la position respective de chaque prophète au cours de ces quatre siècles, mais on peut partir de ce cadre général :

  • Osée et Amos prophétisent au nord quelque temps avant que le peuple parte en exil en 722.
  • Michée, Habakuk et Sophonie prophétisent en Juda avant que les Babyloniens mettent Jérusalem à sac en 586. Nahum semble avoir également prophétisé à cette époque.
  • Aggée, Zacharie et Malachie prophétisent à Juda après le retour de Babylone.

Cela laisse Joël, Abdias et Jonas. On a avancé divers arguments pour leur fixer des dates, s’étendant sur presque toute notre période. Une datation exacte n’est pas cruciale pour notre objectif actuel.


Cet article est tiré du livre : Les grands points des petits prophètes de John Blanchard