Quand dois-je me débarrasser de mon Smartphone ? (John Piper)

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Josh, de la Caroline du Sud, veut savoir quand il est temps d’abandonner nos smartphones et de revenir à un téléphone ordinaire. Arlène, du nord de la Floride, demande aussi : « Pasteur John, j’ai entendu Matt Chandler dire à de nombreuses reprises que notre amour (et notre dépendance) de la technologie nous rendait irritables et impatients. Je l’ai vu dans mon mariage et dans mon rôle de mère. Mon iPhone pourrait-il être la raison pour laquelle je ne persévère pas dans la foi ? Et si c’est le cas, comment puis-je empêcher que cela se produise ? » Deux questions importantes sur la table, donc.

Des téléphones dangereux

Eh bien d’abord, pour répondre à Arlène : « Mon iPhone pourrait-il être la raison pour laquelle je ne persévère pas dans la foi ? », voici le texte de la Bible qui me vient immédiatement à l’esprit : 2 Timothée 4.10. « Démas m’a abandonné par amour pour le monde présent et il est parti pour Thessalonique » nous dit Paul. Et ce qui est frappant, c’est que Démas est mentionné deux autres fois dans les écrits de Paul avant cela.

Il est dit dans Philémon 1.23-24 : « Epaphras, mon compagnon de détention en Jésus-Christ, te salue, ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs. » Ainsi, Démas est un collaborateur de Paul dans le ministère.

Puis Colossiens 4.14 dit : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue, ainsi que Démas. » Donc, Démas est là dans trois épîtres : dans deux d’entre elles, il est un collaborateur, et dans l’une d’entre elles, il est parti. Il a déserté. « Démas m’a abandonné par amour pour le monde présent. »

Or, nous ne savons pas si Démas s’est repenti. Peut-être que oui. J’espère que c’est le cas. Mais pour autant que nous le sachions, Démas n’a pas persévéré dans la foi. Et il semble avoir prouvé qu’il était un chrétien inauthentique. Et cela arrive. Nous le voyons dans la vie réelle – même à notre époque.

La raison pour laquelle il est parti et a fait naufrage, semble-t-il, est qu’il aimait le monde. Quel est le rapport avec la question d’Arlène ? Son iPhone contribue d’une manière ou d’une autre à la rendre irritable et impatiente à l’égard de ses enfants et de son mari. Elle demande donc à juste titre : « Mon iPhone pourrait-il être la raison pour laquelle je ne persévère pas dans la foi ? »

Ce qui détruit une personne, et ce qui ne la détruit pas

La réponse serait alors que le monde n’a pas détruit Démas ; c’est son amour pour le monde qui l’a détruit, semble-t-il. Un iPhone ne détruit pas, ne détruira pas un mariage, une mère ou une âme. Mais l’amour pour ce qu’il y a sur l’iPhone peut le faire.

Je ne pense pas que le Seigneur dira à quelqu’un lors du jugement : « Je ne t’ai jamais connu, parce que tu possèdes un iPhone. » Je ne pense pas qu’il dira ça à qui que ce soit au jour du jugement. « Je ne t’ai jamais connu parce que tu possédais un iPhone. » Mais il pourrait bien dire : « Je ne t’ai jamais connu, mais tu aimais passer du temps sur Facebook et faire du shopping en ligne plus que tu ne m’aimais. »

S’arracher l’œil

Lorsque Jésus dit dans Matthieu 5.29 : « Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer », il parlait surtout de la convoitise sexuelle, mais le principe s’applique à toute séduction destructrice, me semble-t-il. Nous pouvons être amenés à prendre des mesures radicales contre quelque chose qui est intrinsèquement neutre ou bon afin de combattre ce qui, dans notre cœur, est mauvais.

Pourquoi se crever l’œil quand le problème n’est pas l’œil ? Le problème, c’est les désirs sexuels impurs. Mais l’œil est complice, tout comme le téléphone est complice et, oui, l’enjeu est infini. Mieux vaut s’arracher l’œil que d’être jeté en enfer, est-il dit. Et le pauvre œil – Dieu a fait l’œil, pour l’amour de Dieu ! L’œil est bon. Ce n’est que la manière radicale de Jésus de dire : « Vous devez faire tout ce que vous avez à faire en ce qui concerne le renoncement à des choses qui peuvent être bonnes afin d’éviter ce qui peut être mauvais. »

Or, ce point nous amène à Josh, car ce sont des questions très liées. Il demande : « Est-il trop extrême de rejeter la technologie et la marée de la culture en revenant à un téléphone cellulaire très basique ? » – un petit téléphone à clapet, je suppose qu’il veut dire. Et voici ma réponse à Josh : ce n’est probablement pas plus extrême que de s’arracher un œil. Donc, Josh demande : « Eh bien, quand est-ce qu’il est temps de faire ça, de jeter mon smartphone ? » Et Arlène demande : « Comment puis-je empêcher mon iPhone de menacer ma persévérance dans la foi ? »

Combattre la bataille sur deux fronts

Je suppose que certains vont dire : « Eh bien, écoutez, Piper, puisque le téléphone n’est pas le problème, mais que le cœur est le problème, il est inutile de balancer le téléphone. » Ce à quoi je répondrai : « Non, il n’est pas inutile de balancer le téléphone. » Si c’est tout ce que vous faites, ce sera inutile.

Mais nous nous battons toujours sur deux fronts dans la bataille pour la sainteté. Nous nous battons sur le front interne du cœur – le front du cœur pour être si satisfait en Jésus, pour le voir si clairement et l’aimer si tendrement et le suivre de si près que rien, pas même un smartphone, ne peut nous contrôler. Rien ne peut nous contrôler, sauf Jésus. Bien sûr, c’est le principal front de bataille. Aimez Jésus davantage, et vous ne serez pas asservi par votre smartphone.

Mais bibliquement, nous nous battons aussi sur le front extérieur pour éliminer ou éviter les pierres d’achoppement de notre foi, vous voyez ? Dans Romains 13.14, nous lisons : « N’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. »

Les toxicomanes ne caressent pas les aiguilles. Les alcooliques ne gardent pas de réserves d’eau-de-vie. Les yeux sexuellement surchargés mettent des protections sur leurs ordinateurs. Et les accros aux smartphones qui gâchent leur vie, gaspillent leur argent ou deviennent irritables, en colère et impatients peuvent revenir à un téléphone à clapet.

Ce n’est pas anti-biblique. Ce n’est pas du légalisme. C’est de la sagesse. C’est se battre sur tous les fronts pour la sainteté dans la puissance du Saint-Esprit pour le bien du cœur, pour le bien du Seigneur, pour le bien de la famille dans ces cas-là, on dirait.

Combattez pour votre foi

Il est donc tout à fait légitime, je dirais, de supprimer une technologie particulière qui vous fait souffrir de manière caractéristique et chronique.  Cela peut être une décision très sage. Et ça commence quand ? Tout ce que je sais, c’est que vous devez prier et demander au Seigneur de vous faire comprendre quand le moment sera venu de faire ce pas. Parlez à des personnes sages, matures et spirituelles dans votre église – celles qui vous connaissent le mieux – et demandez-leur conseil.

Et toujours – je terminerai par ce point – toujours mettre l’effort spirituel principal dans la connaissance, l’amour et la confiance en Christ.  Se débarrasser des mauvaises influences ne fait pas en soi aimer Christ.

La véritable libération de l’esclavage de la technologie ne vient pas principalement en la balançant, mais en remplissant le vide avec les gloires de Jésus que vous essayez de remplir avec les plaisirs du smartphone.

Combattez les plaisirs trompeurs et éphémères de l’iPhone par les plaisirs véritables et durables que procurent la connaissance et les soins de Christ.

Traduit par Timothée Davi.