Puis-je prendre un vaccin fabriqué à partir de bébés avortés ? (John Piper)

La pandémie a perturbé la vie aux États-Unis depuis près d’un an. Et je sais que ce désordre est également ressenti par beaucoup d’entre vous dans le monde entier. On nous dit que les vaccins sont la solution. Ils mettront fin à la pandémie et nous redonneront à tous un sentiment de normalité. Mais l’offre actuelle de vaccins a soulevé des questions éthiques essentielles et nous a valu de nombreux courriels d’auditeurs comme Callum, Benjamin, Anna, Heather, Megan, Michelle, Krista, Tenesha, Matt, Caroline, Candice, Daniel, James et Franco – pour n’en citer que quelques-uns !

Les auditeurs partagent un même dilemme. Plusieurs vaccins contre les coronavirus développés aux États-Unis et dans le monde ont été fabriqués à partir de lignées cellulaires d’enfants avortés – des enfants en bonne santé qui ont été assassinés. Il s’agit notamment d’une lignée cellulaire fœtale appelée HEK-293, provenant du rein d’une fille saine avortée en 1972, et de PER.C6, provenant de la rétine d’un garçon sain avorté en 1985. Apparemment, ces lignées cellulaires et d’autres similaires ont été utilisées depuis les années 1960 pour fabriquer des vaccins contre la rubéole, la varicelle, l’hépatite A, le zona, l’hémophilie, l’arthrite rhumatoïde et la mucoviscidose.

En juin, le magazine Science a rapporté qu’au moins cinq vaccins contre les coronavirus en cours de développement aux États-Unis ont été créés en utilisant l’une des deux lignées cellulaires fœtales humaines. Mais en automne, il est apparu clairement que les deux principaux vaccins ici aux États-Unis, à savoir ceux de Moderna et de Pfizer – les vaccins actuellement en cours d’expédition – ne contiennent pas ces lignées cellulaires fœtales.

Dans le cas de Moderna, cette affirmation a depuis été remise en question. Mais dans les deux cas, il a été rapporté par la suite que Moderna et Pfizer ont tous deux utilisé la lignée cellulaire HEK-293 lors de la phase de test de l’efficacité de leurs vaccins.

Ainsi, bien que le dilemme éthique concernant la composition du vaccin de Pfizer, et peut-être du vaccin de Moderna, semble moins important, ces deux vaccins soulèvent un autre dilemme éthique pour certaines personnes pro-vie concernant l’utilisation de lignées cellulaires fœtales dans la phase d’essai.

Au moment où nous rédigeons ces lignes, des vaccins contre les coronavirus dérivés et testés éthiquement sont en cours de préparation, mais leur développement est beaucoup plus lent et ils seront probablement plus chers, plus rares et plus difficiles à obtenir. C’est du moins ce que l’on prévoit. Les pro-vie engagés devraient-ils donc obtenir les vaccins rapides, disponibles et gratuits ? Ou devraient-ils attendre ? Pasteur John, que pensez-vous de ces dilemmes éthiques ?

Permettez-moi de faire quatre types d’observations, et d’espérer et de prier qu’elles guideront notre réflexion, nos sentiments et notre action. Et je pense que ces quatre types d’observations sont vraiment importants, en particulier en ce qui concerne l’utilisation d’organes humains ou de tissus humains prélevés lors du meurtre d’enfants à naître. Et nous devons nous exprimer avec ce genre de mots ; sinon, nous nous voilerons la face par rapport à ce qui se passe vraiment.

1. Nous ne devrions jamais faire le mal afin qu’il en résulte du bien

Première observation : en Romains 3.8, certains des adversaires de Paul l’accusaient de faire « le mal afin qu’il en résulte du bien ». Paul a répondu à cela, que c’était une accusation calomnieuse. En d’autres termes, il a pris ses distances par rapport à ce genre de position éthique. Et je pense que nous devrions en faire autant. Nous ne devrions pas faire le mal afin qu’il en résulte du bien.

Dieu seul a la sagesse infinie nécessaire pour gérer tout un monde de péché dans lequel il peut tourner des choses horribles à des fins sages et bonnes. Il ne nous dit jamais que nous avons une telle sagesse ; ce n’est pas le cas. Nous devons vivre notre vie en étant guidés par les principes qu’il révèle dans sa parole, et non par nos calculs sur la quantité de mal que nous pouvons faire pour un plus grand bien.

Donc, si nous croyons vraiment que le meurtre d’enfants à naître est odieux aux yeux de Dieu et entre dans la catégorie de l’effusion de sang innocent, pour laquelle le jugement de Dieu est tombé, nous ne devrions pas songer à transformer cette cruauté en un médicament miracle pour sauver nos vies. Nous ne devrions pas faire le mal afin qu’il en résulte du bien. C’est ma première observation.

2. Nous accordons plus de valeur à Christ et à son royaume qu’à la sécurité ou à la santé

Deuxièmement, Dieu nous appelle fréquemment, dans la Bible, à faire des choses et à éviter des choses qui nous coûtent très cher personnellement, afin de démontrer que Christ et ses voies sont plus précieux pour nous que la sécurité ou le confort, et que nous faisons des sacrifices pour faire ce qui est juste. Lorsqu’on nous dit de ne pas rendre le mal pour le mal (Matthieu 5.38-39), ou que nous devons aimer nos ennemis (Matthieu 5.43-44), ou tendre l’autre joue (Matthieu 5.39), ou faire un kilomètre de plus (Matthieu 5.41), ou faire du bien à ceux qui nous haïssent (Luc 6.27), tous ces types d’ordres sont destinés à montrer que nous ne sommes pas asservis à ce monde, et que le plus profond contentement de notre vie ne découle pas du besoin d’éviter les risques ou de se venger.

En nous privant de confort, de satisfaction ou de sécurité pour témoigner de la valeur de Christ à nos yeux et de la sainteté de la vie d’autrui, ou en témoignant de notre espoir dans le bien-être d’autrui, ou en témoignant de notre confiance dans la récompense de Dieu au-delà de la tombe, lorsque nous nous privons ainsi, nous visons à exalter Christ et ses voies plutôt que de simplement nous protéger nous-mêmes.

Ainsi, si un scientifique évite d’utiliser des tissus et des organes prélevés sur des bébés tués lors d’un avortement, ou si un citoyen ordinaire évite d’utiliser un médicament dont il sait qu’il a été mis au point spécifiquement grâce à ces prélèvements et à ces recherches, le but est de préserver la conscience chrétienne et de montrer que Christ est bien plus précieux que toute sécurité ou santé que nous pourrions obtenir par le péché.

3. Nous témoignons de la sainteté de la vie

Troisièmement, éviter de telles recherches et éviter l’utilisation des produits de ces recherches n’est qu’une façon de témoigner de la vérité et de la valeur de Christ dans la sainteté des personnes à naître. Mais il faut aussi s’engager activement, par tous les moyens possibles, à parler et à agir contre l’enlèvement de vies humaines innocentes dans l’utérus et l’utilisation de ces enfants à des fins de recherche et d’expérimentation.

Je dis donc que le renoncement (c’est-à-dire le volet « consistant à éviter certaines choses » de notre éthique), sur lequel on m’interroge – devrions-nous éviter ces médicaments ou non ? – le renoncement à l’utilisation de ces médicaments a de la valeur. Oui, il a de la valeur. Et pour compléter cette valeur, il faudrait aussi s’engager de manière proactive à résister et à décourager l’avortement et l’utilisation de bébés avortés dans la recherche.

4.  Dieu bénit une action de principe faite en son nom

Et la dernière observation, la quatrième que je ferais, est celle qui est la plus difficile à formuler, mais qui est peut-être la plus importante. L’observation est qu’agir par principe – dans ce cas, le principe selon lequel nous ne voulons pas être complices de la profanation d’êtres humains démembrés – agir par principe ne semble souvent pas être la façon la plus évidente d’être une bénédiction pour le plus grand nombre.

Par exemple, si vous essayez d’agir selon le principe consistant à ne pas participer à la profanation de ces enfants en évitant les médicaments développés à partir de leurs cadavres, quelqu’un vous dira : « Mais regardez, regardez tout le bien qui sort des médicaments. » Et ils diront qu’ils ne peuvent pas voir le bien qui peut découler de votre action de principe. Alors, voici ce que je dis : Dieu a des moyens d’honorer et de bénir et de multiplier l’efficacité de l’action de principe faite en son nom, ce qui, pour le calcul humain, peut paraître futile.

C’est certainement le cas de nombreux martyrs de l’histoire, par exemple, ou d’autres types d’actions de principe sacrificielles, qui ne semblaient pas du tout destinés à récompenser la personne souffrante ou sa famille, ou la cause de Christ – juste une rue sans issue sur le bûcher de la souffrance. Les victimes ont simplement agi parce que leur conscience ne leur permettait pas de faire autrement, alors que le monde considère cela comme futile et insensé. « Sauve-toi, sauve ta famille et les autres, et cesse de te priver du privilège de la vie, de la santé ou de la prospérité ».

Et voici à nouveau ce que je veux dire : Dieu est Dieu. Il honore l’intégrité et les actions fondées sur des principes qui sont enracinés dans sa vérité, sa beauté et sa valeur, même lorsque le monde ne peut en voir l’utilité. Nous n’avons aucune idée des effets explosifs, dans les profondeurs de la providence et des desseins de Dieu, que notre action fondée sur des principes pourrait déclencher par la grâce de Dieu.

Donc, dis-je, n’agissons pas en tant que chercheurs ou consommateurs ordinaires d’une manière qui profane les corps des victimes à naître et traite ces enfants comme s’ils pouvaient être tués et leurs tissus prélevés pour notre bénéfice.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts.