Première leçon de Job : Nous ne sommes pas sages (Dan G. McCartney)

Dieu permet la souffrance pour sa propre gloire et pour notre bien, mais nous ne savons pas chaque fois pour quelles raisons exactes il la permet. La première leçon à apprendre de Job est que les réponses proposées pour expliquer le problème de la souffrance sont toutes inadéquates. Certaines réponses peuvent parfois être justes, mais aucune réponse définitive ne nous est donnée. Job a d’abord cru qu’il aurait dû être en mesure de comprendre sa souffrance. Il pensait que Dieu lui devait une explication. Il avait tort. Les amis de Job pensaient comprendre véritablement. Ils avaient encore plus tort. Si vous êtes à la place de Job, celui qui souffre, vous ne pouvez pas toujours comprendre votre souffrance parce que vous ne connaissez pas les desseins de Dieu. Et si vous avez un ami qui souffre, assurez-vous que vos bonnes intentions ne fassent pas de vous un « ami de Job », de peur d’ajouter aux souffrances de votre ami.

La tragédie n’est pas nécessairement causée par un péché

C’est une idée étonnamment répandue qui affirme que la tragédie est causée par un péché, ou par un échec dans la vie d’un individu. La raison en est peut-être que la plupart d’entre nous n’ont connu que peu de souffrances en tant qu’enfant, sauf quand nos parents nous disciplinaient pour nos bêtises. Nous supposons alors naturellement que lorsqu’il nous arrive quelque chose de mal, Dieu nous punit pour une raison ou une autre.

Peu après l’attentat à la bombe du bâtiment fédéral à Oklahoma City, j’ai entendu une entrevue avec un psychologue pour enfants qui discutait des traumatismes mentaux que les enfants pourraient alors subir. Si un enfant s’était disputé le matin avec sa mère parce qu’il ne voulait pas manger ses céréales, il aurait pu penser que l’explosion de la bombe avait eu lieu en punition pour sa désobéissance. Les adultes aussi sont tentés de s’accuser eux-mêmes pour ce qui n’est pas leur faute lorsque quelque chose de mauvais se produit. Pire encore, les gens essaient de dire à ceux qui ont vécu une tragédie que « le Seigneur doit vouloir te punir pour quelque chose ». Les amis de Job ont évidemment choisi cette approche, et dans Job 42.7, ils sont sévèrement repris pour avoir parlé de la sorte : « Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job. »

Le fait est que dans les Écritures – et d’une manière très évidente dans le livre de Job – c’est souvent celui qui jouit de la faveur de Dieu qui souffre. Affirmer que toute souffrance est une punition revient à dire du mal de Dieu!

Nous ne pouvons nous contenter d’énoncés doctrinaux

Il n’est pas non plus utile de se contenter d’affirmer des énoncés doctrinalement justes. Les amis de Job ont prononcé beaucoup de vérités doctrinales. Mais cela n’a pas aidé Job à supporter sa propre souffrance. Par exemple, dans Job 8, ce que dit Bildad est juste sur le plan doctrinal. Quand Job répond au chapitre 9, il reconnait que la doctrine de Bildad est juste : « En vérité, je reconnais qu’il en est ainsi… » (v.2). Mais Job veut savoir comment il peut demander à Dieu d’expliquer les contradictions entre la théologie et la réalité dont il fait l’expérience. La même chose se répète aux chapitres 11 et 12. Job devient sarcastique au chapitre 12 : « On dirait, en vérité… qu’avec vous doit mourir la sagesse » (v. 2). Autrement dit, Job dit en fait : « Ne pensez-vous pas que je sache tout cela? Pourquoi pensez-vous donc que j’éprouve cette dissonance cognitive? Ces choses sont bien sûr vraies, mais j’ai un problème existentiel, pas doctrinal. » Le problème existentiel de Job présuppose en fait la doctrine. S’il n’avait pas cru en un Dieu juste et souverain, son questionnement n’aurait eu aucun fondement.

Dieu ne se justifie pas

Mais que se passe-t-il quand Dieu répond à Job? Il ne se justifie pas. Il ne révèle pas à Job la raison de sa souffrance, et il ne fuit pas non plus ses responsabilités en disant : « Hé, Job, il faut bien que je laisse un peu de liberté à Satan! » Il se contente de pointer vers son contrôle souverain sur les cieux et la terre, et il déclare que Job n’a aucune sagesse. Et pourtant, Dieu termine en faisant l’éloge de ce dernier, précisément parce qu’il a reconnu qu’il ne comprenait pas ce que Dieu était en train de faire. Les amis de Job, qui tentaient de justifier Dieu et proposaient une explication logique à la souffrance de Job, ont reçu de sévères remontrances. La première leçon de Job est que seul Dieu comprend tout ce qu’il fait, et qu’il est préférable de ne pas prétendre savoir pourquoi quelqu’un souffre.


Cet article est tiré du livre : Pourquoi faut-il souffrir? de Dan G. McCartney.