Pourquoi la loi n‛a-t-elle pas le pouvoir de transformer? (Raymond Ortlund)

Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. Car-chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, -Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit. (Romains 8.1-4)

Nous parlons bien de la loi divine, et non d’une forme mesquine de manipulation humaine. Pourquoi la loi de Dieu ne peut-elle pas me changer? Paul déclare ici que «la chair la rendait sans force. » La loi n’est pas faible. Elle démasque avec une puissance inéluctable. Mais la chair affaiblit ses effets pour le bien.

Pour la première fois en Romains 8, nous rencontrons ici le terme chair. C’est un mot important dans le vocabulaire de Paul. Que signifie-t-il ? De toute évidence, il a un sens plus fort que la substance qui compose e corps humain en soi. La chair désigne notre potentiel moral naturel. Elle devient alors synonyme de méchanceté, entêtement, convoitises, etc. Ce rapprochement est valable puisque « les œuvres de la chair sont… la débauche, l’impureté » etc. (Galates 5:19-21). Mais il y a aussi dans ce passage une subtilité qui ne doit pas nous échapper. Par « chair », Paul décrit tout simplement ce que vous et moi sommes naturellement, y compris nos capacités religieuses et morales. Donnez-moi trois bons repas par jour, huit heures de sommeil et je peux être bon —pendant peut-être cinq minutes d’affilée. Mais il s’agit de la bonté de la chair. Elle ne fait que masquer ma vraie nature intérieure de péché.

La chair peut paraître prometteuse

La chair peut paraître prometteuse et même vertueuse. Nous le savons par la question que Paul pose aux chrétiens galates : « Êtes-vous tellement dépourvus de sens ? Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ? » (3:3) Ils estimaient pouvoir devenir de meilleurs chrétiens par la chair — meilleurs que s’ils étaient remplis de l’Esprit ! Voilà jusqu’où la chair peut se montrer convaincante, intuitive et évidente. Mais la vie selon la chair, même sincère, affaiblit la piété. Notre religiosité innée produit des gens amourachés de leur propre justice, des gens qui refusent de faire face à leurs vrais problèmes. Plus ils sont sincères, plus ils sont pharisaïques — zélés à leurs yeux, mais toujours en quête d’une échappatoire. Comment la sainteté de la loi de Dieu pourrait-elle s’épanouir dans une telle âme, aussi pieuse soit-elle ? Le contraire de la grâce n’est pas la loi, mais la chair, même avec sa bonté innée. Que vous soyez un playboy ou un pharisien charnel, c’est toujours la même chair.

Je me rappelle l’époque où j’allais à l’école. L’hiver laissait place au printemps. Les flaques d’eau fraîchement dégelées m’invitaient. La limpidité cristalline de l’eau se transformait rapidement en liquide brun quand les mouvements de mon bâton ramenaient à la surface les dépôts de boue qui dormaient au fond. C’est bien l’image de la chair, la vôtre et la mienne, dans notre condition naturelle. J’ai l’air si bon, si clair, si pur. Mais dès que le bâton de l’adversité, du stress ou de la mauvaise humeur m’agresse et remue ma vie, toutes les souillures qui dormaient calmement, invisibles en moi viennent à la surface et révèlent ce que je suis réellement. Lorsque vous et moi agissons mal, nous ne sommes pas de braves gens qui viennent de prendre une mauvaise décision, mais des êtres mauvais qui manifestent ce qu’ils sont vraiment. Des gens comme nous, qui vivent selon la chair, affaiblissent la force morale de la sainte loi de Dieu.


Cet article est tiré du livre : Qui accusera les élus de Dieu? de Raymond Ortlund