Pourquoi honorer C.S. Lewis alors qu’il avait tant de défauts ? (John Piper)

Quand on envisage de célébrer un homme comme Lewis, il faut aussi être conscient de ses échecs et de ses faiblesses – il faut célébrer et critiquer. Pasteur John, avez-vous traité ce sujet, en particulier la critique ?

L’une des grandes questions qui revient souvent à ce sujet est : « Pourquoi peut-on bénéficier de Lewis ?  Pourquoi profite-t-on autant de Lewis alors qu’il est si défectueux dans certaines doctrines importantes ? Et il ne s’est jamais vu comme un défenseur d’une tribu comme ma petite tribu réformée. Il ne se serait pas vu de cette façon. »

Six façons par lesquelles C. S. Lewis aide les croyants d’aujourd’hui

Il a fallu essayer de répondre à la question suivante : « Qu’est-ce qui différencie Lewis des personnes qui partagent certains de ses points de vue défectueux et qui ne partageraient pas sa popularité dans nos milieux ? Cela peut sembler contradictoire que Lewis soit si apprécié alors que d’autres sont mis à l’écart. Et voici quelques-unes des réflexions que j’ai eues à la suite de certaines conversations sur Lewis et la raison pour laquelle il occupe cette position unique dans nos milieux.

1. Lewis n’est pas un dinosaure vivant.

Pour être honnête, la première raison est probablement qu’il est mort. Je ne veux pas passer outre ce point et l’ignorer. Je suis sûr que cela a un effet. Je ne suis pas sûr de ce que nous ferions de Lewis en tant que dinosaure vivant, comme il s’appelait lui-même.

Mais je pense que le fait qu’il soit mort est le facteur le moins significatif en réponse à cette question, même si je ne veux pas le minimiser. Sa contribution est achevée. Rien ne peut plus changer. Il est là, dans ses livres. Nous pouvons en quelque sorte traiter avec lui à distance. Nous n’avons pas à traiter avec une personne réelle. Il est donc mort, et pourtant je ne pense pas que ce soit l’essentiel.

2. Lewis a toujours évolué vers l’orthodoxie.

Il s’est converti de l’athéisme à l’orthodoxie et a évolué toute sa vie vers un christianisme de plus en plus solide. Il ne s’en est jamais éloigné. Aujourd’hui, la plupart des gens qui partagent certaines de ses erreurs – points de vue sur l’Écriture, ou sur le fait que les gens peuvent être sauvés sans connaître l’Évangile ou Christ – ont été dans un premier temps des fondamentalistes ou des évangéliques, et ils s’en éloignent à présent. Cela se voit. Quelque chose s’est produit dans leur vie pour les désillusionner d’une personne, d’une relation ou d’une église, et ils s’en éloignent. Ce n’est pas un guide très sûr ou fiable.

Lewis avait un instinct différent. Sa trajectoire et ses instincts le portaient vers l’orthodoxie et l’Écriture, et il embrassait ce que l’Église avait toujours enseigné. Il n’était pas en train de devenir un fondamentaliste désabusé comme tant d’enseignants égarés aujourd’hui.

3. Lewis croyait en la doctrine réformée du salut.

Il était orthodoxe quant aux doctrines essentielles que sont la divinité de Christ et la Trinité, la mort de Christ en tant que substitut pour les pécheurs et la voie du salut par la foi seule. Lewis ne militait pas pour la sotériologie réformée, mais Doug Wilson a bien montré qu’il y croyait. J’ai retenu de l’exposé de Doug que la meilleure preuve prima facie est qu’il était un homme d’Église établi dans la communion anglicane. Et les Trente-neuf Articles, contre lesquels il n’a jamais rien dit, sont réformés dans leur sotériologie, et il s’y sentait chez lui. C’était un anglican honnête et orthodoxe.

Et lorsqu’il écrivait sur la foi des puritains dans son Oxford History of English Literature, c’était avec une admiration rayonnante qu’ils étaient rejetés par l’Église romaine parce qu’ils étaient tout simplement trop heureux. Et ce qui les rendait si heureux, c’était, comme le disait Luther, qu’ils avaient franchi les portes du paradis en découvrant la justification par la foi seule.

Lewis est donc très solide en ce qui concerne le centre de la sotériologie, je pense, même s’il ne voulait pas sauter dans le camp de qui que ce soit.

4. Lewis prenait au sérieux la pensée rationnelle.

Une autre raison pour laquelle je pense être aidé par Lewis et non pas menacé par lui est qu’il était totalement dévoué au fait d’être rationnel. Il croyait en la raison, en la loi de la non-contradiction, en l’importance de la vérité des propositions, de la clarté du langage, de l’honnêteté et de la franchise. La plupart des personnes qui me frustrent aujourd’hui, qui s’éloignent de l’orthodoxie, sont tortueuses. Ils discréditent la vérité propositionnelle. Ils s’en moquent presque. Ils la boudent d’une manière que Lewis n’a jamais, jamais faite. Ils n’arrivent pas à la cheville de la joie ou de la rationalité de Lewis.

Et donc, il était tout à fait exemplaire dans ce domaine et, par conséquent, je me sens en sécurité avec Lewis. Il ne tourne jamais autour du pot. Il ne joue jamais avec les mots. Il aime la clarté, parce qu’il était pur et honnête dans sa façon de communiquer.

5. Lewis s’est engagé à sauver les âmes.

Il croyait vraiment au paradis et à l’enfer et pensait que les gens y allaient et que le professeur le plus sophistiqué d’Oxford devait essayer de sauver ceux qui périssaient.

Enfin, je dois vous dire que lorsque je lis ses déclarations sur le fait de faire tous les efforts possibles pour sauver les âmes, il se distancie de beaucoup de chrétiens désabusés aujourd’hui qui trompent les gens parce qu’ils ont perdu leur confiance dans la puissance de l’Évangile pour sauver les âmes. Ils n’aiment même plus utiliser ce langage. Et C.S. Lewis a dit que c’est l’activité principale de la vie.

6. Lewis pratiquait une joie sérieuse.

Et peut-être la dernière chose serait-elle que Lewis était sérieusement joyeux, et non pas désinvoltement intelligent. Je suis fatigué aujourd’hui de voir tant de gens essayer d’être intelligents. Ils sont si nombreux à se désintéresser de la doctrine, à s’éloigner de la vérité, et à le faire avec une sorte d’habileté et d’astuce cavalières, et Lewis n’avait rien de tout cela. Il était tout à fait sérieux et jovial à la fois.

Ce sont là quelques-unes des choses qui me donnent l’impression qu’il est une personne remarquablement utile en dépit de ses hésitations doctrinales dans certains domaines. Il ne me semble pas être subtilement dangereux comme le sont certaines personnes. Ce que vous voyez est ce que vous obtenez, et de toutes ces façons, il est vraiment utile.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Why Honor C.S. Lewis When He Had So Many Flaws ? » du ministère Desiring God par Timothée Davi