Pourquoi est-ce que je continue à cliquer ? (Adam Pohlman)

Faire défiler l’écran à la recherche de quelque chose d’important

J’ai finalement réussi à mettre les enfants au lit. Épuisé et espérant trouver quelque chose d’intéressant dans ma journée trop normale, j’ai ouvert les réseaux sociaux et j’ai commencé à faire défiler les pages.

En parcourant le flux d’actualités, mon âme a sombré de plus en plus dans le mécontentement. Je cherchais quelque chose – n’importe quoi – pour attirer mon attention, mais rien ne me satisfaisait. Les publicités me bombardaient de suggestions pour acheter des choses que j’avais déjà achetées. L’indignation débordait des conversations politiques. Le dernier proverbe mondain (sur fond de fleurs) n’a offert aucun encouragement durable à mon âme fatiguée.

Je savais qu’il n’y avait rien pour moi ici, mais j’ai continué à faire défiler l’écran. J’y étais collé. Pourquoi ?

Pourquoi continuer à faire défiler l’écran alors que la première douzaine de publications n’avait pas réussi à me satisfaire ?  Bien que mon cœur crie « Assez ! », pourquoi mon pouce continue-t-il sa course ?

Un problème ancien

La vie peut parfois sembler ennuyeuse. On se lève tôt, on travaille toute la journée, on prend une raclée et on rentre chez soi prêt à s’écraser avant de tout recommencer. Jour après jour, c’est la même chose. Nous avons envie de rompre la monotonie. Alors nous nous asseyons sur le canapé pour feuilleter le dernier feuilleton de Netflix, nous nous installons sur notre chaise pour feuilleter le journal du jour, nous ouvrons le flux des réseaux sociaux pour voir qui a la vie la plus intéressante. Mais bien trop facilement, le désir de quelque chose de nouveau devient dévorant.

Alors qu’il est populaire aujourd’hui de fulminer contre les maux des films en streaming, des jeux vidéo et des réseaux sociaux, la poursuite de la nouveauté et de l’excitation est un problème ancien. Paul a rencontré ce problème dans Actes 17 lorsqu’il prêchait à Athènes.

Alors que Paul attendait ses compagnons, il a regardé autour de lui, et son esprit était profondément indigné à la vue de cette ville pleine d’idoles (Actes 17.16). Ce n’étaient pas des hommes et des femmes irréfléchis qui remplissaient la ville de faux cultes ; c’était de l’idolâtrie très sophistiquée. Les philosophes les plus brillants se réunissaient à l’Aréopage pour débattre des visions du monde et promouvoir les meilleures religions possibles pour le bien de la société. Dans cette ancienne forme de réseaux sociaux, tous les points de vue étaient invités à partager leur vision du monde.

Ils étaient impatients de trouver la dernière tendance, les nouvelles les plus récentes qu’ils pouvaient ajouter à leur collection et pimenter leur fil de conversation. Ils passaient leurs journées entières à chercher la pépite d’information la plus récente qui pourrait ajouter de l’intérêt à la vie : « Or tous les Athéniens et les étrangers qui résidaient là ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter les dernières nouveautés. » (Actes 17.21) Ils étaient toujours en quête, jamais satisfaits. Ils ont donc accueilli Paul à la table. Peut-être avait-il quelque chose de nouveau à offrir.

Une démangeaison dans nos oreilles

La foule à laquelle Paul prêchait à Athènes ressemblait à un groupe dont il parlera plus tard à Timothée : « En effet, un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine. Au contraire, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule d’enseignants conformes à leurs propres désirs. » (2 Timothée 4.3) Nous pourrions considérer que cet avertissement s’applique aux prédicateurs de la prospérité ou aux sectes religieuses, mais le mot choisi par Paul dans 2 Timothée 4.3 pour avertir son protégé – le grec knēthō, souvent traduit par « démangeaison » – décrit une curiosité d’explorer de nouvelles choses, une impulsion à rechercher « des morceaux d’information intéressants et juteux », comme le dit un lexique.

Une façon de faire ressortir cette nuance serait de traduire le verset ainsi : « Au contraire, ayant une curiosité insatiable d’entendre de nouvelles choses, ils se donneront une foule d’enseignants conformes à leurs propres désirs. » Ce passage met en évidence un cœur qui n’est pas content, toujours à la recherche de bonnes nouvelles et ne les trouvant jamais. « Le séjour des morts et le gouffre de perdition ne sont jamais rassasiés ; les yeux de l’homme non plus ne sont jamais rassasiés » (Proverbes 27.20).

Ce voyage sans fin à la recherche de bonnes nouvelles se manifeste dans notre vie de nombreuses manières subtiles : le flux continu d’informations qui nous tient au courant des événements actuels, l’attrait de la notification de messages en cours de route, un clic de plus sur ce site web suggestif, le commérage lorsque vous vous réunissez entre amis, l’appel à obtenir le dernier gadget, le désir de ne pas être laissé de côté dans la conversation sur la dernière série télévisée ou le dernier événement sportif.

Cela n’a pas satisfait la dernière fois, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de réessayer. Nous avons vraiment les oreilles qui nous démangent. Qui nous sauvera de ces démangeaisons incessantes ? Nous avons besoin de quelque chose qui vienne de l’extérieur de ce monde maudit pour satisfaire la quête sans fin de notre chair.

Faits pour un autre monde

C.S. Lewis écrit dans Les fondements du christianisme que : « Si nous éprouvons un désir que rien dans ce monde ne peut satisfaire, l’explication la plus probable est que nous sommes faits pour un autre monde. » (136-37)  Nos désirs sont comme cette démangeaison au bas de votre pied lorsque vous conduisez en portant des bottes. Il est impossible de les gratter avec quoi que ce soit dans ce monde.

La seule nouvelle qui puisse vraiment satisfaire nos oreilles est l’Évangile. Il n’y a rien de nouveau qui puisse satisfaire, seulement la vieille, vieille histoire qui est la meilleure nouvelle depuis des générations. Seul Jésus a su éviter de gratter cette démangeaison, alors que Satan essayait de l’y pousser avec des tentations. Jésus a enduré avec confiance une réalité plus grande à venir. Cependant, il a volontairement laissé la malédiction le vaincre, bien qu’elle n’ait pas pu le détruire. Lors de sa résurrection victorieuse, il a garanti à ceux qui lui font confiance un soulagement permanent de la démangeaison incessante de trouver un sens à toute autre nouvelle. Le seul chemin vers la vie, la plénitude de la joie et des plaisirs incessants est de le suivre (Psaume 16.11).

Il promet de mettre un jour fin à notre attirance charnelle pour les impasses de la vie. D’ici là, il nous a donné son Esprit et sa parole pour nous rappeler toujours la plus grande des nouvelles qui satisfont toutes les démangeaisons. Quand les rumeurs s’enflamment, quand la notification du message vous appelle à quitter la route des yeux, quand l’actualité vous supplie de vous joindre à elle, laissez les Paroles de Dieu vous habiter plus richement. « Car il a désaltéré les assoiffés, il a comblé de biens les affamés » (Psaume 107.9).


Cet article est une traduction de l’article anglais « Scrolling for Significance » du ministère Desiring God par Timothée Davi.