Pourquoi Dieu permettrait-il que je sois déçu ? (Kaitlin Miller)

Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez senti descendre l’obscurité quasi paralysante de la déception – celle qui vous draine le sang du visage, vous retourne l’estomac et vous prend plus au dépourvu qu’un crochet du gauche imprévu ? Je le peux – bien plus récemment (et bien plus souvent) que je ne voudrais l’admettre.

J’ai ressenti cette dévastation lorsque des relations ont pris fin, que des demandes ont été rejetées, que la maladie a persisté et qu’un autre effort pour accélérer les événements de la vie selon mon propre agenda a échoué. Peut-être avez-vous ressenti cela lorsque quelqu’un d’autre a été sélectionné pour une promotion, que votre offre n’a pas été acceptée pour la maison, que votre enfant n’a pas obtenu de bourse, que la négociation est tombée à l’eau ou que la fête a été reportée indéfiniment en raison d’une quarantaine.

Les implications des déceptions passées peuvent peser lourdement sur le présent, et la possibilité de déceptions futures se profile comme une menace constante à l’horizon. Pourtant, chaque déception s’accompagne de promesses de Dieu qui sont assez fortes pour nous soutenir, nous réconforter et lever nos yeux vers lui.

1. À quel point notre Dieu s’approchera-t-il de nous ?

L’un des prénoms de Dieu inscrits dans la Bible est déclaré par Agar, la servante d’Abram, après qu’elle ait désespérément fui dans le désert (alors qu’elle était enceinte, rien de moins) pour échapper aux sévices de sa maîtresse Saraï. Là, l’ange du Seigneur l’a trouvée, l’a réconfortée et lui a indiqué la voie à suivre (Genèse 16.7-10). En réponse, Hagar appela le Seigneur El-Roï, déclarant : « Ai-je vu ici la trace de celui qui me voit ? » (Genèse 16.13)

Ce nom sera continuellement affirmé à travers l’Ancien Testament. Dieu a vu le chagrin d’amour de Léa (Genèse 29.31-32). Il a vu l’injustice faite à Jacob (Genèse 31.42). Il a vu la souffrance, l’esclavage, les gémissements et la misère des israélites en Égypte (Exode 2.23-24, 3.7-9). Et il voit aussi votre chagrin d’amour aujourd’hui.

Plus encore que le simple fait de voir, Jésus lui-même, Dieu dans la chair, a porté nos chagrins et nos douleurs dans son amour pour nous (Ésaïe 53.4). Et à la fin, Dieu lui-même essuiera toute larme des yeux de ses enfants (Apocalypse 21.4). Mais d’ici là, il promet d’être près de ceux qui ont le cœur brisé et de sauver ceux dont l’esprit est abattu  (Psaume 34.19).

Là, dans votre chambre, tandis que vous vous recroquevillez sur le sol dans un chagrin sans voix, là, dans la voiture, alors que vous tapez sur votre volant avec colère, là, dans votre bureau, tandis que vous laissez tomber votre tête entre vos mains dans le désespoir, là, dans votre quartier, tandis que vous arpentez vos rues avec angoisse – alors que vous vous approchez de Dieu, il promet de s’approcher de vous (Jacques 4.8).

2.  Quels sont les dangers qui pourraient avoir été évités ?

L’une des histoires que je trouve les plus bizarres et pourtant les plus réconfortantes de tout l’Ancien Testament est celle du prophète Balaam et d’un âne qui parle. Contre la volonté de Dieu, Balaam a tenté de se rendre à Moab, alors Dieu a envoyé l’ange de l’Éternel pour tirer une épée et s’opposer à lui (Nombres 22.21-23).

Balaam ne voyait pas ce danger mortel devant lui, mais son âne le voyait.  En réponse, l’âne s’est d’abord retourné, puis a pressé le pied de Balaam contre un mur, et finalement s’est couché en refusant catégoriquement d’avancer, ce qui a eu pour effet d’aggraver encore plus la situation de Balaam (Nombres 22.23-27). Mais lorsque Dieu a ouvert les yeux de Balaam pour voir le vrai danger qui l’attendait, Balaam est tombé sur le visage en signe de repentance et de gratitude (Nombres 22.31-34).

Je me suis souvent sentie pleinement confiante dans le chemin que je voulais (et me sentais même appelée) emprunter, pour me retrouver à maintes reprises bloquée par des obstacles fixes. Ces obstacles sur nos chemins les plus déterminés peuvent enflammer notre impatience, notre colère et notre embarras, comme ce fut le cas pour Balaam (Nombres 22.29). Mais se pourrait-il que plus loin sur certains de nos chemins les plus résolus se trouvent des dangers que nous ne pouvons pas voir maintenant ? Et se pourrait-il que si nos yeux étaient pleinement ouverts pour voir comme Dieu le fait, nous pourrions le remercier pour ce qui ressemble aujourd’hui à un revers douloureux, mais qui est en fait un refus miséricordieux pour notre bien ?

Cette possibilité a apporté un réconfort et un sentiment d’abandon à mon âme, en m’arrachant des doigts la feuille de route de mes meilleurs projets. Pour l’instant, il se peut que notre pied soit écrasé contre un mur alors que nous sommes amenés à nous arrêter brusquement. Mais si le but est de nous épargner un coup d’épée devant nous, nous aussi nous remercierons un jour cet âne têtu de nous avoir déçus en refusant d’acquiescer à notre volonté.

3.  De quoi avons-nous manqué ?

Dieu promet que ceux qui le cherchent ne manquent de rien (Psaume 34.10). En réalité, nos déceptions les plus douloureuses semblent souvent être le refus de Dieu de nous accorder une bonne chose. Le désir d’enfants des couples mariés, le désir de travail du jeune diplômé, le désir d’élection de l’homme politique pieux, le désir de guérison du malade du cancer, le désir d’amis du nouvel étudiant – tout cela vise des fins apparemment bonnes.

Mais si Dieu travaille toujours pour le bien de ceux qui l’aiment (Romains 8.28), alors soit ce que nous désirions – de la manière exacte et au moment précis où nous le désirions – n’était pas bon, soit Dieu n’a pas fini de racheter cette déception pour de bon.

Et en attendant, nous avons Dieu lui-même. Lui seul est bon (Matthieu 19.17). Tout don bon et parfait vient de lui (Jacques 1.17). Avec lui comme berger, la bonté nous accompagnera jusqu’à la fin de nos jours (Psaume 23.6). Et rien – pas même la plus dévastatrice des déceptions – ne peut nous séparer de son amour (Romains 8.31-39).

Chaque déception que j’ai rencontrée a été une invitation humiliante et convaincante à tester si mon cœur ne cherche vraiment qu’une seule chose : habiter avec Dieu, le contempler et l’admirer seul (Psaume 27.4). Dieu est le bien ultime et le seul qui satisfasse pleinement. Aucune déception ne peut nous l’enlever, mais elles peuvent souvent nous orienter vers lui.

4. Aurons-nous confiance en sa sagesse souveraine ?

L’étonnante réalité de la souveraineté de Dieu sous-entend qu’il aurait pu produire le résultat que nous voulions. Bien que cette vérité n’ait pas toujours été un réconfort pour moi, la souveraineté de Dieu sur notre déception soulève un joug de responsabilité que nous ne pouvons pas porter.

À l’université, lorsque j’ai reçu une lettre de refus pour mon premier choix de stage d’été au Colorado, j’ai été dévastée. En en parlant avec un ami alors que nous nous étirions après le cours de danse, j’ai mentionné que même si le stage me semblait toujours être le meilleur pour Dieu, mes propres défauts et mon manque d’expérience ont dû faire obstacle à ce projet. Sa réponse m’a encore plus étirée : « Tu sais, si Dieu voulait que tu obtiennes ce stage, il aurait pu t’y amener. » En une phrase, elle m’a fait comprendre avec humilité que le meilleur de Dieu pour moi ne repose pas en fin de compte sur ma propre suffisance, mais sur sa souveraineté.

Bien sûr, Dieu nous ordonne de poser des actes d’initiative intentionnels et responsables pour lui obéir. Mais nous le faisons en sachant qu’en fin de compte, notre force, notre intelligence et notre charme ne sont pas responsables de chaque victoire. De même, nos déficiences, nos faiblesses et nos échecs ne sont pas responsables de toutes les déceptions.

Pour chaque virage que nous désirons dans notre vie, la souveraineté de Dieu nous libère à la fois de l’orgueil s’il se manifeste et de la honte si elle ne se manifeste pas. Il y a un Prince de la vie (Actes 3.15) – un souverain scénariste qui tisse les revers et les victoires alors qu’il développe ses personnages et dirige son histoire vers sa résolution ultime. Ainsi, plutôt que de nous appuyer sur notre propre intelligence, nous pouvons lui faire confiance (Proverbes 3.5) – même dans nos déceptions. Et ce faisant, nous pouvons être sûrs que ceux qui se confient en lui et qui s’attendent à lui ne seront pas déçus  (Psaume 22.6 ; 25.3).

Pourquoi permettre la déception ?

La conversation la plus honnête (et la plus utile) sur la déception que j’ai trouvée dans la Bible a peut-être lieu entre Jésus et Marthe après la mort de son frère.

Lazare était malade. Mais ses sœurs savaient que Jésus l’aimait (Jean 11.3). Elles avaient aussi la foi que Jésus pouvait le guérir, alors elles ont envoyé un message à Jésus pour l’aider. Mais il n’est pas venu à temps. En fait, lorsque Jésus a entendu la nouvelle, il a intentionnellement retardé sa venue (Jean 11.6). Et Lazare est mort.

Pouvez-vous imaginer la déception, la tristesse et la confusion des sœurs ? Peut-être étaient-elles tentées par l’amertume, la colère et l’abandon de tout ce en quoi elles avaient cru – comme nous le sommes souvent aussi dans nos plus grandes déceptions.

Quatre jours plus tard, Jésus est venu, et les deux sœurs, dans des conversations séparées avec Jésus, l’ont rencontré avec les mêmes mots honnêtes : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » (Jean 11.21, 32). Jésus a vu leur chagrin. Plus encore, il était lui-même touché par une profonde émotion (Jean 11.35, 38).

Mais au fil de l’histoire, nous découvrons que le retard de Jésus n’était pas le résultat d’une ignorance ou d’une insouciance. Ce n’était pas une punition pour le péché des frères et sœurs. Ce n’était pas une erreur. Et cela n’était pas destiné à se terminer par une perte désespérée. En réalité, Jésus avait deux raisons de permettre cette déception : son amour pour Lazare (Jean 11.5-6) et son plan pour montrer sa gloire (Jean 11.4) – deux raisons qu’il a démontrées en ressuscitant Lazare d’entre les morts.

Se pourrait-il que ce soient les mêmes raisons qu’il a de permettre nos déceptions également ? Son amour pour vous et son désir de montrer sa gloire pourraient-ils être les voies ferrées qui vous ont conduit aux circonstances dans lesquelles vous vous trouvez aujourd’hui ? Et si oui, cela changerait-il votre perspective, vos prières, votre espoir ?

Peu importe ce que nous avons perdu ou ce que nous pourrions perdre un jour, nous avons toujours tout ce qu’il y a de bon en lui. Ses voies et ses pensées sont plus élevées que les nôtres. Nous qui avons confiance en lui, nous ne serons pas déçus. Et tandis que nos cœurs brisés attendent que la foi devienne réalité visible, nous pouvons être sûrs qu’il s’approche de nous pour nous sauver.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Why Would God Allow My Disappointment ? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.