Pourquoi croire au canon biblique? (Michael J. Kruger)

Comment savoir si les soixante-six livres que nous avons sont les bons ? L’Église a-t-elle un moyen de savoir si un livre est réellement donné par Dieu? Nous allons examiner brièvement trois caractéristiques que tous les livres canoniques ont en commun. 

Les caractéristiques divines

La première caractéristique à prendre en compte, et qui est souvent ignorée, est que nous avons de bonnes raisons de penser que les livres de Dieu contiennent en eux-mêmes des preuves de leur origine divine. Les réformateurs les appelaient caractéristiques ou indicateurs divins (indicia). Si Dieu est véritablement à l’origine de ces livres, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’ils partagent les qualités qui sont propres à Dieu.

Après tout, nous savons que le monde créé vient de Dieu grâce aux caractéristiques propres à Dieu qui y sont révélées (Ps 19; Ro 1.20). De la même façon, nous pouvons nous attendre à ce qu’il en aille de même pour la révélation spéciale de Dieu, sa Parole écrite. La beauté et l’excellence (Ps 19.9 ; 119.103), la puissance et l’efficacité (Ps 119.50 ; Hé 4.12,13), et l’unité et l’harmonie (No 23.19 ; Tit 1.2 ; Hé 6.18) sont des exemples des caractéristiques présentes dans la parole de Dieu.

Grâce à ces qualités divines, les chrétiens reconnaissent la voix de leur Seigneur dans les Écritures. Jésus lui-même a déclaré : «Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent» (Jn 10.27). 

Bien sûr, les non-chrétiens rejettent l’idée du caractère divin des Écritures parce qu’ils ne voient pas personnellement ces qualités. Mais nous devons nous rappeler que les humains sont corrompus depuis la chute et aveuglés par le péché. Pour voir ces qualités correctement, ils ont besoin de ce que les réformateurs appelaient le témoignage intérieur du Saint-Esprit. L’Esprit Saint ouvre les yeux de ceux qui sont en Christ, pour qu’ils voient les caractéristiques divines objectivement présentes dans ces livres.

Un accueil unanime

Il est important de noter que l’œuvre de l’Esprit ne se fait pas seulement à l’échelle de l’individu, mais aussi à l’échelle du collectif. Ainsi, il y a de bonnes raisons de penser que le peuple de l’alliance de Dieu finit par reconnaître les livres qui viennent de lui. Si c’est le cas, nous pouvons alors considérer le consensus du peuple de Dieu (à l’époque de l’ancienne, mais aussi de la nouvelle alliance) comme un guide fiable pour savoir quels sont les livres qui proviennent de lui.

Cela ne signifie pas que nous devons attendre du peuple de Dieu une unité instantanée et absolue au sujet des livres canoniques. Il y aura toujours des points de désaccord et de mésentente (comme il y en a pour n’importe quelle autre doctrine). Toutefois, nous pouvons nous attendre à ce qu’un consensus prédominant ou global se soit installé à travers les siècles – ce qui est exactement ce que nous constatons. 

Comme l’a affirmé Herman Ridderbos : «Le Christ établira et bâtira son Église en faisant en sorte que l’Église accepte ce canon et, grâce à l’aide et au témoignage du Saint-Esprit, le reconnaisse comme provenant de lui1».

Des auteurs qui font autorité

Une dernière caractéristique des livres canoniques est qu’ils ont été rédigés par les intermédiaires que Dieu a choisis, ses prophètes et apôtres inspirés. En d’autres termes, tout le monde ne peut pas parler au nom de Dieu, mais seulement ceux qui ont été mandatés pour être ses porte-paroles. Dans l’Ancien Testament, il s’agit des prophètes et autres représentants inspirés (Ro 1.2; 2 Pi 3.2). Dans le Nouveau Testament, il s’agit des apôtres, les témoins du Christ qui font autorité (Mc 3.14,15 ; Mt 10.20 ; Lu 10.16). 

Nous détenons de bonnes preuves historiques (qui ne seront pas explorées ici) qui démontrent que les livres qui forment notre Bible remontent soit directement aux apôtres ou prophètes, soit à au moins une situation historique qui montre que ce livre conserve les enseignements d’un apôtre ou prophète. Par exemple, nous acceptons l’origine divine du Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible) parce que nous croyons que Moïse en est l’auteur. De même, nous acceptons des livres comme 1 et 2 Corinthiens parce que nous croyons que l’apôtre Paul en est l’auteur. Nous acceptons même les livres anonymes comme l’épître aux Hébreux parce que nous avons de bonnes raisons de croire que l’auteur a reçu ses informations directement des apôtres (Hé 2.3,4 ; 13.23). 

En conclusion, nous pouvons avoir une grande confiance en la composition des canons de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. Non seulement nous en savons beaucoup sur les processus historiques qui ont donné naissance à ces canons, mais Dieu nous a aussi donné des moyens de reconnaître les livres qui viennent de lui, à savoir ceux qui ont des caractéristiques divines, qui ont été accueillis unanimement et dont les auteurs font autorité.


1. H. N. Ridderbos, Redemptive History and the New Testament Scripture, P&R Publishing, 1988, p. 37


Cet article est adapté du livre : « L’essentiel de la théologie chrétienne »