Pourquoi accorder tant d’importance au combat de la joie ? (John Piper)

Certains pourraient demander pourquoi j’insiste autant sur la joie dans la vie chrétienne. Pourquoi ne pas simplement parler de Dieu, l’objet de notre joie, et laisser les sentiments s’occuper d’eux-mêmes ? Laissez-moi vous proposer trois raisons.

Dieu ordonne qu’on se réjouisse dans le Seigneur

D’abord, ce n’est pas John Piper qui ordonne qu’on se réjouisse dans le Seigneur, c’est Dieu. Dieu a élevé cette expérience du cœur au niveau du précepte, pas moi. Il le commande avec une ardeur solennelle. 

« Pour n’avoir pas servi l’Éternel, ton Dieu, avec joie et de bon cœur… tu serviras… tes ennemis… » (Dt 28.47-48) 

« Dieu nous menace de choses terribles si nous ne sommes pas heureux. » Le combat pour la joie n’est pas une guerre que j’ai déclarée. Dieu l’a fait.

Lorsque nous trouvons en Dieu une pleine satisfaction, c’est alors qu’il reçoit le plus de gloire

Deuxièmement, lorsque nous trouvons en Dieu une pleine satisfaction, c’est alors qu’il reçoit le plus de gloire. Par conséquent, prétendre honorer Dieu sans inviter les autres à chercher en lui un parfait contentement de l’âme, radical et libérateur, est en soi contradictoire. Nous n’y arriverons pas. Dieu est glorifié dans son peuple par la façon dont nous expérimentons sa personne et non seulement par la manière dont nous pensons à lui.

En fait, le diable entretient plus de pensées vraies au sujet de Dieu au cours d’une seule journée que ne le fait un saint durant toute sa vie. Dieu n’en est pas pour autant honoré. Le problème du diable n’est pas sa théologie, mais bien ses désirs. Notre but ultime est de glorifier Dieu, l’Objet suprême. Nous y parvenons quand nous le chérissons comme un trésor, quand nous soupirons après lui et que nous faisons de lui nos délices. Et ce, de façon si excellente, que nous sommes prêts à abandonner nos biens et nos relations pour démontrer son amour aux pauvres et aux perdus. 

Les hommes ne prennent conscience de leur état de misère qu’au moment où ils évaluent leurs cœurs à la mesure de l’hédonisme chrétien

Enfin, nous devrions nous intéresser à la joie et la chercher en Dieu seul parce que les hommes ne prennent conscience de leur état de misère qu’au moment où ils évaluent leurs cœurs à la mesure de l’hédonisme chrétien – ou tout autre terme que vous lui préfériez. Au cours des trente années où j’ai prêché et enseigné que Dieu nous demande de faire de lui seul et de rien d’autre nos délices, j’ai constaté que cette vérité brise et humilie les gens, les rendant désespérément conscients de leur besoin d’une véritable conversion et du vrai christianisme.

Comme il est facile de croire que nous sommes ce que nous devrions être quand les émotions sont accessoires ! L’esprit charnel religieux peut gérer sans peine de simples pensées et de simples œuvres. Quant aux émotions, elles sont la girouette du cœur. Rien n’indique la direction des vents profonds de l’âme comme l’exigence de la joie en Dieu; joie radicale qui détruit le péché et exalte Christ.

Ayant donc ainsi déballé ma défense, je dis à nouveau : Dieu, et Dieu seul est le but ultime et final de notre quête. Tout ce que Dieu est pour nous en Jésus est l’Objet de notre recherche de joie. Quand je parle de lutter pour la joie, j’entends « en Dieu », non pas « sans Dieu ». Quand je mentionne la soif du bonheur, je veux parler du bonheur de tout ce que Dieu est pour nous en Jésus, et non celui qui se vit loin de Dieu, comme une expérience physique ou psychologique. Soit que nous désirions, soit que nous goûtions, la fin de l’expérience est Dieu.

Nous renonçons toujours à un moindre bienfait en vue d’un meilleur ; le péché consiste à choisir l’inverse… Lutter pour se soumettre… n’est pas vraiment un combat qui nous amène à plier mais à accepter, voire accepter avec passion. J’entends avec joie, dans la mesure du possible. Imagine-moi, grinçant des dents, traquant la joie – en armure complète, car il s’agit tout de même d’une quête dangereuse. 

Flannery O’Connor 

The Habit of Being 

Non que nous dominions sur votre foi, mais nous voulons collaborer à votre joie. 

(2 Corinthiens 1.24)


Cet article est tiré du livre : Et si je ne désire pas Dieu ? de John Piper