On n’obtient pas l’église que l’on veut, mais celle dont on a besoin (Jonathan Leeman)

Ne traitez pas l’Église comme un magasin

Vous trouverez de nombreuses raisons pour ne pas aller à l’Église. C’est pour cela que nous considérons la période actuelle comme une bonne occasion de redécouvrir l’Église. La désertion des Églises ne s’est pas amorcée au début de la pandémie ou lorsque la politique a commencé à diviser les gens. Le monde cultive en chacun de nous des instincts qui vont à l’encontre de la vision de l’Église exposée dans ce livre. Nous devons redécouvrir l’Église si nous souhaitons la voir s’épanouir, et ce, peu importe ce que l’avenir nous réserve.

Le langage même que les gens utilisent aujourd’hui pour décrire leur besoin de trouver une Église révèle le problème de fond. On entend souvent des chrétiens dire qu’ils « essayent des Églises », un peu comme s’ils étaient dans un magasin. Lorsque vous cherchez une Église de cette façon, vous vous concentrez sur ce que cette Église peut faire pour vous et non sur ce que vous pouvez faire pour l’Église. Cette attitude suggère également que l’Église est une simple question de préférences, comme si vous étiez en train de choisir entre plusieurs marques de ketchup. Et évidemment, le client a toujours raison. La fidélité ne dure que dans la mesure où l’Église continue à répondre à vos besoins.

Examinez le rôle que joue la technologie aujourd’hui. Nous avons déjà discuté de la façon dont l’Église en ligne et les podcasts donnent l’impression que nous n’avons pas besoin de fréquenter d’autres chrétiens pour grandir spirituellement. Il suffit de trouver nos prédicateurs et nos chants de louange favoris en ligne, puis d’utiliser des plateformes comme YouTube pour créer une expérience spirituelle personnalisée qui surpasse les humbles efforts de l’Église au bout de la rue, où l’on doit souvent s’asseoir à côté de familles que nous n’avons pas vraiment envie de connaître.

Mais le défi que les nouvelles technologies représentent pour les Églises ne date pas d’hier. Nous ne sommes pas les premiers à remarquer ce phénomène. L’automobile a grandement contribué à mettre un terme à la discipline dans de nombreuses Églises. Soudainement, un homme pouvait divorcer de son épouse sans motif et tout simplement fréquenter l’Église d’un autre quartier ou d’une autre ville. Il n’aurait pas à se repentir publiquement, à la demande des responsables d’Église appelés à protéger et à prendre soin de son ex-femme et de ses enfants. Le fait est que les nouvelles technologies ne sont pas nécessairement mauvaises. Elles créent simplement de nouveaux défis qui sont bien souvent ignorés.

C’est pour cela que l’Église doit être constamment redécouverte. C’est parce que nous avons tendance à oublier ce que Dieu veut pour nous. L’apôtre Paul a dit aux Philippiens : « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » Puis il a cité l’exemple de Jésus : « Existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme » (Ph 2.3,4,6,7). Jésus s’est humilié lui-même en mourant sur la croix et il a été exalté par Dieu. Si nous voulons que l’Église soit marquée par l’unité et l’amour, nous devons suivre ce même chemin d’abnégation. Aucune autre voie ne permet d’atteindre le sommet qui mène à l’approbation de Dieu : « C’est bien, bon et fidèle serviteur » (Mt 25.21).

Je (Collin) connais un pasteur qui dit souvent que personne n’obtient l’Église qu’il souhaite, mais que chacun trouve l’Église dont il a besoin. Nous avons tous besoin d’Églises qui nous appellent à quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Nous avons besoin d’Églises qui nous attirent vers Dieu. Lorsque nous suivons l’exemple de Jésus, nous trouvons l’Église dont nous avons besoin.

Une institution formative

De nos jours, nous avons tous l’habitude de tirer parti d’institutions telles que la famille, le travail et l’école pour atteindre nos objectifs personnels d’obtenir l’attention et l’acceptation. Une fois que nous avons obtenu ce que nous voulons, ou que l’institution nous demande quelque chose que nous ne voulons pas donner, nous pouvons nous en débarrasser et viser une autre cible. Trouver un nouvel emploi. Trouver une nouvelle famille. Trouver une nouvelle école.


L’église fait de nous des hommes et des femmes de Dieu. Nous devenons plus forts ensemble.


Mais ce n’est habituellement pas de cette façon que nous grandissons. En général, si les relations ne vous mettent pas au défi et ne vous font pas sortir de votre zone de confort, elles ne peuvent pas non plus vous changer en une meilleure personne. Pensez-y ! Qui sont les personnes les plus importantes dans votre vie ? Se contentent-elles de vous approuver et d’acquiescer à chacune de vos décisions ? Ou avez-vous confiance qu’elles vous aimeront quoi qu’il arrive, et qu’elles vous aiment suffisamment pour vous dire la vérité ? Les relations que vous entretenez avec les membres de votre famille et vos amis sont forgées contre vents et marées. Ces derniers vous suivront dans vos meilleurs moments, se tiendront à côté de vous dans vos pires moments et frayeront le chemin devant vous dans les moments où vous serez le plus vulnérable.

C’est ce type d’Église que nous devons redécouvrir. L’Église n’est pas qu’une institution de plus que nous pouvons utiliser pour nous créer un beau CV et développer notre identité personnelle. L’Église nous forme pour que nous devenions des hommes et des femmes de Dieu. Ensemble, nous devenons plus forts. Mais en parallèle, nous en apprenons aussi sur ce que Dieu veut que nous soyons en tant qu’individus, selon nos capacités et nos passions uniques. L’Église ne néglige pas nos personnalités. Au contraire, elle les met en valeur en nous reliant au Créateur qui nous a créés tels que nous sommes, mais aussi à d’autres personnes à qui nous pouvons offrir de l’amour et de la force dont nous ne soupçonnions pas l’existence. Vous n’avez peut-être pas l’Église que vous vouliez. Mais vous avez l’Église dont vous aviez besoin sans le savoir.

Nous sommes tous les deux bien conscients qu’il existe de nombreuses Églises qui ne correspondent pas à cette vision. Vous pensez peut-être que nous sous-estimons les défis. Au contraire, en raison de nos fonctions, nous en savons beaucoup plus que la plupart des gens sur le côté obscur des Églises. Nous en avons nous-mêmes fait l’expérience. Nous en avons entendu parler de la bouche d’autres personnes. Nous en avons été témoins avec des amis et des membres de notre famille. Et nous ne vous demandons pas de tolérer les abus ou la théologie hérétique. Nous ne sommes pas en train d’approuver absolument toutes les Églises ou de tolérer les abus de pouvoir et d’autorité qui, nous le savons, sont courants dans les Églises d’hier et d’aujourd’hui.

Néanmoins, nous croyons qu’il faut vous attendre à ce qu’il y ait des frictions dans l’Église. Vous ne devez pas vous attendre à vous entendre avec tout le monde. Vous ne devez pas vous attendre à partager la même vision, les mêmes priorités, les mêmes stratégies. Ces moments de friction nous mettent tous à l’épreuve. Ils nous amènent à nous demander s’il ne serait pas préférable de nous rendre dans l’Église voisine. Peut-être bien, du moins pour un temps, mais probablement pas pour toujours, car dans cette Église-là, vous serez entouré de pécheurs rachetés par la grâce de Dieu. Et vous serez toujours vous-même un pécheur racheté par la grâce de Dieu. Vous y trouverez du bon et du mauvais, peut-être à un moindre degré. Mais tant que Jésus ne sera pas revenu, aucune Église ne pourra être épargnée par les désaccords et les déceptions.

3 façons que l’Église nous change

Imaginez que l’Église soit comme des vagues déferlant sur des rochers. Les vagues représentent l’Église. Les rochers représentent tous les autres membres de l’Église ainsi que vous-même. Jour après jour, année après année, les vagues déferlent de façon incessante. Elles se précipitent sur chaque rocher et les bousculent les uns contre les autres. D’un mois à l’autre, vous ne remarquez peut-être pas de grande différence. Mais au fil des années, et même des décennies, vous observez des changements. Alors que les vagues s’écrasent et que les rochers se cognent les uns contre les autres, leur surface rugueuse devient lisse. Le soleil révèle leur bel aspect poli. Aucun rocher ne ressort de ce processus avec la même taille ou la même forme. Mais chacun d’entre eux est embelli d’une manière bien singulière.

Il n’est pas surprenant que Pierre lui-même reprenne la métaphore des pierres pour décrire l’Église. Premièrement, Pierre veut nous faire comprendre que l’Église est bâtie sur le fondement de Jésus. Il fait le lien entre Ésaïe 28.16 et Jésus : « Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle ne sera point confus » (1 Pi 2.6).

Deuxièmement, il veut nous faire comprendre que Dieu savait dès le départ que Jésus ne serait pas estimé par tout le monde. Pour appuyer cela, dans 1 Pierre 2.7,8 il cite le Psaume 118.22 (« la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle ») et Ésaïe 8.14 (« une pierre d’achoppement, un rocher de scandale »).

Troisièmement, il veut que nous prenions conscience que Jésus a bâti quelque chose de magnifique – à savoir nous, l’Église : « Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ » (1 Pi 2.4,5).


Cet article est adapté du livre : « Redécouvrir l’Église locale » de Jonathan Leeman et Collin Hansen