Notre hypothèse la plus destructrice à propos du paradis

De toutes les idées fausses que nous avons sur le paradis, laquelle est la plus destructrice ? C’est une question difficile et importante à aborder.

Une fois, alors que je prêchais sur la nouvelle terre, j’ai cité des passages concernant le fait de festoyer ensemble dans nos corps de résurrection. Après coup, un étudiant chevronné de la Bible m’a demandé si je croyais vraiment que nous allions manger et boire dans l’au-delà. Je lui ai répondu que oui, puisque Jésus l’a dit. Visiblement ébranlé, il a répondu : « S’adonner à des activités physiques au paradis semble terriblement peu spirituel. » Se tenant là avec un corps que Dieu a promis de ressusciter, il était dégoûté par la pensée de vivre éternellement comme un être physique dans un monde matériel.

Et il n’est pas le seul. De nombreux chrétiens croyant en la Bible mourraient avant de renier la doctrine de la résurrection – et pourtant ils n’y croient pas totalement.

J’ai dialogué avec des évangéliques de longue date qui ne comprennent pas ce que signifie la résurrection. Ils croient vraiment qu’ils passeront l’éternité en tant qu’esprits désincarnés. La révélation de Dieu concernant la résurrection et la nouvelle terre – notre maison pour toujours – leur échappe. Un professeur d’université chrétien a écrit : « J’ai été stupéfait et consterné de découvrir que la grande majorité de mes étudiants ne croient pas à la résurrection corporelle. » Certains évangéliques croient même que nous devenons des anges à notre mort.

Si je pouvais éliminer une croyance concernant le paradis, ce serait l’hérésie selon laquelle le monde physique est un ennemi du plan rédempteur de Dieu plutôt qu’une partie centrale de celui-ci.

Les dangers du christoplatonisme

J’ai inventé le terme « christoplatonisme » pour rendre compte de la façon dont la notion de Platon d’un royaume des esprits bon et d’un monde matériel mauvais a bouleversé la compréhension du paradis par l’Église. Dans une perspective christoplatonicienne, nos âmes occupent nos corps comme un bernard-l’hermite habite un coquillage.

La déclaration de Platon Soma sema, « un corps, une tombe », reflétait sa conviction que l’état idéal de l’esprit est la liberté par rapport au corps. Le philosophe juif du premier siècle, Philon, a tenté d’intégrer la vision de Platon au judaïsme. Aux deuxième et troisième siècles, certains pères de l’Église – dont Clément et Origène – ont suivi Philon et réinterprété les Écritures.

Mais la Bible contredit le christoplatonisme du début (Genèse 1, Dieu a créé les cieux et la terre) à la fin (Apocalypse 21, Dieu va refaire les cieux et la terre). L’Évangile lui-même est centré sur Jésus ressuscité qui, dans le cadre de son œuvre rédemptrice, ressuscitera son peuple et le monde qu’il a créé pour lui.

La Genèse 2.7 dit : « L’Éternel Dieu façonna l’homme avec la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant. » Adam est devenu vivant lorsque Dieu a uni son corps et son esprit. Votre corps ne fait pas que vous abriter ; de concert avec votre esprit, il est vous.

Jésus rachète toute notre personne. Lorsque les croyants meurent, nos esprits vont dans le paradis actuel tandis que nos corps vont dans la tombe, en attendant la résurrection. Nous ne serons jamais tout ce que Dieu a voulu tant que le corps et l’esprit ne seront pas réunis au paradis. Et tout comme nos nouveaux corps ne seront pas des non-corps, mais de vrais corps, la nouvelle terre sera une vraie terre, et non une non-terre.

Un évangile désincarné

Si nous croyons, même inconsciemment, que le monde matériel est intrinsèquement non spirituel, nous ignorerons ou spiritualiserons la résurrection. Certains parlent de résurrection spirituelle, mais comme le lever du soleil nécessite un soleil, la résurrection nécessite un corps physique. C’est ce que signifie la résurrection.

Jésus ressuscité a rassuré ses disciples : « Touchez-moi et voyez, car un fantôme n’a ni chair ni os, contrairement à moi, comme vous pouvez le constater. » (Luc 24.39 BFC) Pourtant, certains évangéliques imaginent une vie après la mort dans laquelle nous devenons des fantômes – la chose même que Jésus a rassuré ses disciples qu’il n’était pas.

Satan veut nous faire croire que la vie éternelle sera surnaturelle et ennuyeuse. Les gens se concentrent alors sur des listes de choses à faire avant de mourir, pensant qu’ici et maintenant est leur seule chance d’avoir une vraie vie humaine. Qui veut être un fantôme ? Pourquoi inviter les autres à passer l’éternité dans un paradis que nous n’attendons pas nous-mêmes ? Notre joie, notre espoir et notre motivation à évangéliser diminuent. Essayer de développer un appétit pour une éternité d’existence désincarnée, c’est comme essayer de développer un appétit pour le gravier.

La seule Bonne Nouvelle concernant cette vision du paradis est qu’elle est absolument fausse.

L’enseignement réel de la Bible devrait nous enthousiasmer. L’éternité dans un corps racheté vivant dans une culture centrée sur Jésus sur une nouvelle terre, planète capitale du nouvel univers ? C’est une très bonne nouvelle.

Qu’en est-il du paradis actuel ?

Dieu ne change jamais, mais le paradis va changer. La Bible indique qu’après notre résurrection, Dieu déplacera sa demeure centrale sur la nouvelle terre :

Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre . . . Je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem . . . J’entendis une voix forte venant du ciel qui disait : « Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu. » (Apocalypse 21.1-3)

On nous dit que « le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville ; ses serviteurs lui rendront un culte » (Apocalypse 22.3). Le paradis est l’endroit où se trouve le trône de Dieu, où il habite avec son peuple. Par conséquent, la nouvelle terre sera le paradis sur terre. Lorsque les chrétiens meurent, nous allons vivre avec Dieu chez lui. C’est le paradis actuel. Mais après la résurrection, Dieu descendra pour vivre avec nous chez nous. Le paradis futur, sur la nouvelle terre, ne sera pas « nous avec Dieu » mais « Dieu avec nous ».

Nous commettons une erreur lorsque nous confondons le paradis actuel pré-résurrection avec le futur paradis post-résurrection que Dieu fera descendre sur la nouvelle terre. Le paradis actuel est « bien meilleur » (Philippiens 1.23) que nos vies sous la malédiction du péché et de la souffrance. À notre mort, nous serons « demeurer auprès du Seigneur » (2 Corinthiens 5.8). Mais ce que je veux dire, c’est que, aussi merveilleux qu’il soit, nous ne devons pas penser au paradis actuel comme s’il était notre maison ultime. Le meilleur est encore à venir – une vie éternelle et délicieuse à adorer et à servir Jésus incarné à jamais sur la nouvelle terre.

Un monde qui vaut la peine d’être anticipé

L’idée d’esprits sans corps convient au platonisme et au mysticisme oriental, mais pas au christianisme. Paul dit que s’il n’y a pas de résurrection, nous serions « les plus à plaindre de tous les hommes. » (1 Corinthiens 15.19)

Les nouveaux corps et la nouvelle terre ne sont pas nos inventions ; ce sont celles de Dieu. Il nous a créés pour vivre sur la terre et la gouverner, et Jésus est devenu homme pour racheter sa création (Ésaïe 65.17 ; 66.22). Le peuple de Dieu devrait se réjouir de vivre pour toujours dans un cosmos racheté (2 Pierre 3.13). C’est une perspective qui change la vie.

La terre actuelle, même sous le péché et la malédiction, regorge d’indices sur la nouvelle terre : montagnes, eau, arbres, personnes et villes. Avec d’autres passages, Apocalypse 21-22 dépeint la vie sur la nouvelle terre de manière familière. Nous mangerons, boirons, travaillerons, jouerons, adorerons, découvrirons, inventerons et voyagerons dans un monde sans péché comme – mais encore meilleur que – celui que Dieu a créé pour Adam et Eve. Le mot nations suggère des civilisations ressuscitées, des cultures avec des traits ethniques distinctifs (Apocalypse 21.24,26). De multiples passages de la nouvelle terre mentionnent des animaux (Ésaïe 11.6-9 ; 65.25). Que peut être le reste de « toute la création » dans Romains 8.19-22 sinon des animaux, qui, avec les humains, gémissent et attendent la résurrection lorsque la terre qui est tombée sur nos dos se relèvera pour eux ?

Se contenter de moins qu’une terre rachetée

Jésus a promis à ses disciples un « renouvellement de toutes choses » (Matthieu 19.28 S21), que la Bible en français courant rend par « le monde nouveau ». Pierre a prêché que le retour de Christ n’arrivera qu’« au moment de la restauration totale dont Dieu a parlé depuis longtemps par la bouche de ses saints prophètes. » (Actes 3.21) Avec le Seigneur que nous aimons, les croyants s’embarqueront dans l’aventure ultime. Une nouvelle terre magnifique attend notre exploration et notre gouvernance, à la gloire de Dieu. Jésus sera le centre cosmique ; la joie sera l’air que nous respirons.

Les chrétiens sont vulnérables aux faux enseignements attrayants. Ironiquement, les véritables enseignements bibliques sur le nouveau corps et la nouvelle terre sont bien plus solides et attrayants que la fausse vision christoplatonicienne du ciel. Enseignons à nos enfants et à nos Églises ce qui est absolument vrai et profondément attrayant.

L’idée de faire l’expérience d’un monde ressuscité vous séduit-elle ? Cela enflamme-t-il votre imagination de réaliser que nous vivrons heureux pour toujours sur une planète sans péché ni souffrance ? Cela fait-il partie des bonnes nouvelles que vous partagez avec les autres ? Ne nous contentons jamais de moins que la largeur totale du salut promis par Dieu – la vie éternelle avec le peuple de Dieu sur une terre rachetée et gouvernée par le Roi des rois, que nous adorerons et servirons avec joie pour toujours.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Our Most Destructive Assumption About Heaven » du ministère Desiring God par Timothée Davi.