Ne négligez pas les veuves ou vous en payerez le prix (Austin Walker)

Le livre de Job est l’un des plus anciens textes de l’Ancien Testament. Nous y lisons qu’Eliphaz accusait Job d’être coupable de méchanceté. Il affirmait que Job avait attiré sur lui le jugement de Dieu en négligeant les veuves et en commettant d’autres péchés (22.9). Job a fermement rejeté cette interprétation de ses souffrances. Plus tard, en réponse à son présumé mauvais traitement des veuves, il a appelé Dieu à venir le juger s’il était effectivement coupable d’un tel péché (p. ex., Job 31.16).

Job était innocent. Bien qu’Eliphaz ait accusé Job à tort, en principe, il avait raison. Il y a effectivement un prix à payer lorsque l’on néglige et maltraite les veuves. Si Dieu est le défenseur des veuves, il ne fermera pas les yeux et ne fera pas la sourde oreille à leurs cris.

L’indignation de Dieu face aux mauvais traitements infligés aux veuves

À plusieurs reprises, les prophètes de l’Ancien Testament ont dénoncé la méchanceté du peuple d’Israël à cause de sa façon de traiter la veuve, l’orphelin et le pauvre. Quiconque ignorait la cause de la veuve, l’opprimait, en faisait une proie et l’exploitait ou la maltraitait de quelque façon que ce soit, se retrouvait directement confronté à Dieu et pouvait s’attendre à subir sa malédiction et son jugement.

Infliger de tels mauvais traitements avait un prix. Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel ont parlé du jugement de Dieu qui devait accompagner l’exil. La façon dont la veuve avait été traitée n’était pas la seule cause de l’exil, mais elle faisait partie des péchés que le Saint d’Israël leur reprochait. L’incapacité du peuple à défendre la cause de la veuve était suivie d’autres péchés, tels que le fait de répandre le sang innocent, d’adorer d’autres dieux, de pratiquer l’immoralité, de profaner le sabbat de Dieu et de se livrer à la corruption. C’est à cause de tous ces péchés que le peuple d’Israël a été dispersé parmi les nations.

À la veille de l’exil, Jérémie a annoncé à ses contemporains qu’à cause de leur abandon de Dieu, ils seraient détruits, vannés comme du grain, et que le nombre de leurs veuves augmenterait (Jé 15.7-9). C’est par une exclamation éloquente et douloureuse que Jérémie entame sa complainte au sujet de la ruine de Jérusalem :

« Eh quoi ! Elle est assise solitaire, cette ville si peuplée ! Elle est semblable à une veuve ! Grande entre les nations, souveraine parmi les états ! » (La 1.1.)

Les avertissements de Dieu transmis par Moïse

Ce qui a eu lieu à l’époque des prophètes n’est pas tombé du ciel sans crier gare. Les prophètes n’ont fait que transmettre les paroles de Dieu prononcées bien plus tôt par Moïse. Le Seigneur Dieu avait alors conclu une alliance avec son peuple et lui avait donné ses lois et ses commandements. Des instructions claires sur la façon de traiter les pauvres — y compris l’étranger, l’orphelin et la veuve — avaient été greffées aux lois. Quiconque s’opposerait aux droits d’une personne rattachée à l’une de ces catégories de personnes vulnérables se chargerait d’une malédiction divine. Le Seigneur se montrait jaloux en défendant la veuve et intolérant vis-à-vis de tout mauvais traitement qui lui serait infligé. Il a rappelé au peuple qu’il les aimait déjà lorsqu’ils étaient étrangers au pays d’Égypte et qu’ils devaient eux aussi manifester cet amour dans leur façon de traiter l’étranger, l’orphelin et la veuve qui se trouvaient parmi eux.

Le langage employé dans Exode 22.21-24 est très clair :

« Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. Tu n’affligeras point la veuve, ni l’orphelin. Si tu les affliges, et qu’ils viennent à moi, j’entendrai leurs cris ; ma colère s’enflammera, et je vous détruirai par l’épée ; vos femmes deviendront veuves, et vos enfants orphelins. »

Ce genre d’avertissement explique ce qui s’est produit pour Israël au temps des prophètes. Le Seigneur a déclaré qu’en plus d’entendre leur cri et de prendre leur défense, il se vengerait de ceux qui en seraient responsables. Malheureusement, c’est exactement ce qui a eu lieu lors de la captivité et de l’exil de la nation d’Israël. Beaucoup d’hommes ont été tués, laissant derrière eux veuves et orphelins. Il y avait et il y a toujours un prix à payer pour les personnes qui négligent ou maltraitent ceux que Dieu défend.

Ce que cela implique pour l’Église d’aujourd’hui

Ce sont des passages comme celui-ci et les commandements en faveur des veuves qui composaient les enseignements de l’Ancien Testament qui ont façonné l’attitude que le Sauveur mourant a adoptée à l’égard de sa mère. C’est également ce qui a inspiré Jacques lorsqu’il a décrit la nature de la religion authentique dans son épître (1.27). À la lumière des avertissements transmis par Moïse et les prophètes, il aurait été impensable que le Fils de Dieu incarné néglige le sort de sa mère veuve. Jacques était conscient de l’existence d’une forme de religion inutile. Il n’aurait donc pas hésité à s’identifier à Jérémie et aux autres prophètes pour dénoncer la futilité de ses contemporains.

Compte tenu des avertissements de Moïse et des prophètes, de l’exemple du Seigneur Jésus-Christ et du principe exposé par Jacques, l’Église de Christ ne peut échapper aux implications qui en découlent immanquablement. Premièrement, le fait que des anciens, des diacres et des membres de l’Église négligent ou maltraitent les veuves reflète une attitude qui est totalement opposée à la conduite de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ. Deuxièmement, cela attire la condamnation et remet en question l’intégrité de l’Église ainsi que son identité en tant que peuple de Dieu. Le Fils de l’homme ressuscité et assis sur le trône ne mentionne pas spécifiquement le fait de négliger les veuves dans les reproches qu’il fait aux sept Églises d’Asie, dans Apocalypse 2 et 3. Cependant, il y a une similitude entre certains péchés reprochés aux sept Églises et les péchés mentionnés dans les Prophètes. Serait-il donc si exagéré de dire que le fait de négliger les veuves pourrait, à ses yeux, constituer une bonne raison de retirer notre chandelier de sa place ? N’aurons-nous pas un prix à payer si nous ne tenons pas compte de ce qu’il déclare sur le fait de prendre soin des veuves ?