Motiver les personnes au moyen de la discipline de l’Église (Wayne Mack)

Une méthode biblique existe pour motiver ceux qui refusent depuis longtemps de changer et de s’engager à vivre selon l’Écriture. Cette méthode est enseignée dans Matthieu 18.15-18. Ce passage donne des directives pour la discipline formelle dans l’Église :

Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.

Impliquez-vous au départ dans la première ou la deuxième étape de cette procédure. Une fois ces étapes franchies, si rien n’a changé, veillez à obéir au reste des commandements de Jésus.

Le besoin de reprendre publiquement

Si la personne conseillée continue de pécher après avoir été reprise plusieurs fois, Jésus nous demande de le dire à l’Église. À ce stade, la personne doit être publiquement reprise, comme l’affirment 2 Thessaloniciens 3.14 et 1 Timothée 5.20. L’Église locale sera exhortée à lui refuser la communion fraternelle et à l’appeler à la repentance. En parlant du pécheur, Paul recommande : « Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » (2 Th 3.15). Le but de la discipline n’est pas de punir, mais de favoriser la restauration et la réconciliation. Dans certains cas, cela nécessite la discipline de l’Église. Le pasteur puritain Richard Baxter écrit :

Dans le cas d’offenses publiques et même quand il s’agit de fautes secrètes, si le pécheur ne se repent point, il faut le réprimander en présence des fidèles et l’exhorter à la repentance. C’est un devoir pour nous, quoique nous l’ayons souvent négligé. Christ nous commande d’avertir l’Église, et Paul nous ordonne de reprendre le pécheur « en présence de tous ». Ce fut la pratique constante de l’Église avant que l’égoïsme et une fausse délicatesse eussent introduit le relâchement dans l’exercice de ce devoir et de beaucoup d’autres. Il n’est pas douteux que ce devoir nous soit rigoureusement imposé ; il n’est pas douteux non plus que nous y ayons été infidèles. Nous aurions honte, pour la plupart, de négliger la prédication ou la prière ; mais nous avons longtemps négligé l’exercice de la discipline ecclésiastique, sans songer combien cette négligence est coupable. Nous avons attiré sur nous la responsabilité de tous les péchés d’ivrognerie, d’impureté, de blasphème, faute d’employer les moyens que Dieu avait mis en notre pouvoir pour les combattre1.

L’étape de les traiter comme des non-chrétiens

Les personnes qui continuent à résister font preuve d’un manque de soumission à la seigneurie de Christ. Aussi, la dernière étape de la discipline de l’Église consiste à les traiter comme des non-chrétiens. Bien que nous ne puissions pas juger leurs cœurs, nous pouvons juger leurs fruits. L’Église doit agir en conséquence pour préserver la pureté du corps de Christ (voir 1 Co 5.6). Cette dernière étape ne se met pas en œuvre du jour au lendemain. Il peut falloir des mois pour qu’elle soit conduite correctement à son terme. Mais si les tentatives répétées pour obtenir un engagement échouent, il n’y a pas d’autre choix que d’exclure de l’Église la personne pécheresse. Pourtant, même à ce stade de la procédure, le but devrait toujours être la repentance et la restauration (1 Co 5.5 ; 1 Ti 1.20). Quelqu’un qui continue de rejeter les conseils et de refuser de s’engager à obéir à la Bible devra être « livré à Satan » (c’est-à-dire exclu de la communion fraternelle et de la protection de l’Église et mis dans le royaume de Satan). Il s’agit tout simplement du meilleur moyen de l’aider. Richard Baxter écrit également :

J’avoue que l’exercice de ce devoir demande beaucoup de prudence pour ne pas faire plus de mal que de bien ; mais nous parlons de cette prudence chrétienne qui nous dirige dans l’accomplissement du devoir, et non de cette prudence charnelle qui nous le fait négliger. Nous devons agir avec humilité, quoique avec vigueur ; nous devons montrer aux pécheurs que nous ne sommes pas guidés par le désir de la domination ou par le ressentiment d’une injure, mais que nous sommes poussés par le sentiment rigoureux du devoir2.

Un processus qui est un acte de bonté

Ce processus (enseigné par Jésus dans Matthieu 18) peut sembler cruel et dénué d’amour. Il est en réalité un acte de bonté. Dieu bénit ceux qui obéissent à sa Parole (Ja 1.25). Nous devons donc utiliser tous les moyens qu’il donne pour aider les gens à connaître cette bénédiction. La discipline de l’Église en est un. Elle peut amener les gens à changer.

Le but du counseling biblique est d’aider les gens à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ et cela implique nécessairement un engagement. Chacun doit décider de prendre des mesures définitives pour « marcher aussi comme il a marché lui-même » (1 Jn 2.6). Certaines personnes diront avoir envie de changer et de progresser sans être certaines de vouloir prendre l’engagement nécessaire : elles se trouvent à un carrefour important. Par la grâce de Dieu et les principes bibliques abordés dans ce chapitre, incitons-les à suivre le Seigneur.

  1. Richard Baxter, Le pasteur chrétien, Trois-Rivières, Impact, 2016, p. 79.
  2. Ibid., p. 80.

Cet article est tiré du livre : Introduction au counseling biblique de John MacArthur.