L’intercession de Christ (Mark Jones)

Intercéder veut dire essentiellement plaider au nom d’un autre. L’intercession (ou l’intervention) de Christ reste un article fondamental de la foi chrétienne (1 Jn 2.1,2 ; Ro 8.34). Ses soins, son amour et sa compassion pour l’Église se manifestent dans la provision de grâce qu’il accorde à son épouse, et qui découle de son oeuvre d’intercession.

L’intercession comprend deux aspects. Premièrement, elle implique des requêtes ou des arguments qui convainquent un autre du bien-fondé de la requête. Voici de quelle manière Jésus priait pendant son ministère terrestre : « C’est lui qui, dans les jours de sa chair, a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé à cause de sa piété » (Hé 5.7). Il a demandé beaucoup de choses à son Père, comme nous le lisons dans Jean 17. Ses prières terrestres étaient un avant-goût de son intercession céleste qui dépend, à son tour, de sa mort volontaire sur la croix.

La mort de Jésus sur la croix et sa résurrection d’entre les morts nous amènent au deuxième aspect de son intercession, l’offrande de sa personne comme sacrifice expiatoire. Il se présente aujourd’hui, devant le Père, comme l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. Ce qu’il a demandé dans sa prière de Jean 17, pendant son séjour terrestre, il le reçoit aujourd’hui en se présentant devant le Père.

Nous lisons dans Hébreux 8.1 que Jésus est un souverain sacrificateur qui est « assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux ». Il n’aurait pas pu s’asseoir à côté du Père majestueux et accomplir son rôle sacerdotal s’il était resté sur la terre. Il devait monter aux cieux (Hé 8.4) afin d’entrer au paradis comme un souverain sacrificateur pour nous. Quand Christ a dit : « tout est accompli » (Jn 19.30), il parlait de son oeuvre sacerdotale sur la terre (à savoir, son sacrifice). Mais ces paroles posent aussi le fondement pour son oeuvre continue au ciel. John Owen l’a bien exprimé : « On reconnaît généralement que les pécheurs ne pourraient pas être sauvés sans la mort du Christ. Mais, on ne réfléchit pas souvent au fait que les croyants ne seraient pas sauvés sans la vie du Christ depuis sa crucifixion. »

En tant que souverain sacrificateur, « il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hé 7.25). Jésus prie, non pas seulement en tant que sacrificateur, mais aussi en tant que roi et prophète : car il parle au peuple de la part de Dieu, et il parle à Dieu au nom de son peuple. Mais il reste toujours roi dans son activité prophétique, ce qui confère une autorité absolue à ses paroles. Il prie non pas seulement en tant que prophète-roi, mais aussi comme le Seigneur de gloire. Et il prie non seulement comme le Seigneur de gloire, mais aussi comme le Fils de Dieu, ressuscité avec puissance (Ro 1.4). Autrement dit, il prie comme quelqu’un dont les requêtes ne peuvent pas être refusées. Il est donc le souverain sacrificateur suprême, qui représente son peuple afin qu’il puisse s’approcher de Dieu.

Puisque Christ « vit toujours », il intercède toujours. Il n’y a aucun chrétien dont Christ n’ait pas mentionné le nom personnellement auprès du Père. En effet, si vous êtes chrétien, c’est précisément parce que le Fils a présenté votre nom à son Père, qui est désormais votre Père. Il aurait peut-être pu sacrifier des millions de mondes d’hommes et d’anges innocents, mais même ces sacrifices auraient été insignifiants en comparaison de la valeur du sacrifice sanglant de Christ. Les croyants doivent savoir que Christ n’a eu qu’à lever les mains devant le Père pour que leur nom apparaisse. Et cela a suffi pour qu’ils obtiennent la vie éternelle. Cette idée n’est jamais mieux exprimée que dans le cantique de Charitie Bancroft :

Devant le trône du Très-Haut,

mon défenseur saura plaider ;

cet avocat s’appelle Amour,

il intercède pour moi toujours.

Mon nom est gravé sur ses mains,

mon nom est inscrit sur son coeur ;

puisqu’il défend ma cause au ciel,

nul ne pourra me condamner.

Christ « reçoit » parce qu’il « présente ». Au ciel il a reçu le Saint-Esprit de manière renouvelée (Ps 45.8 ; Ac 2.33). « L’huile de joie », qui coule de sa tête sur l’Église, coule plus abondamment et plus richement qu’avant (Jn 7.39). Il demande et il reçoit (Ps 28). Et ce faisant, il reçoit le Saint-Esprit afin de sauver son épouse. Il sanctifie son Église (Jn 14.12) et lui communique des dons (Ép 4.8-12). Il entre aussi dans la maison de son Père et prépare une place à ses enfants (Jn 14.3). Et il plaide notre cause, dans la maison de son Père : « Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (1 Jn 2.1). Il peut accorder toutes bénédictions à son peuple, puisqu’il les reçoit lui-même.

Les requêtes que Jésus présente au Père n’atténuent en rien sa dignité. Sa nature humaine dépend toujours de Dieu qui lui accorde dans son état exalté des bénédictions qu’il n’a jamais reçues pendant son humiliation. Il a eu, par exemple, de nouvelles révélations afin de bénir l’Église (Ap 1). Il est vrai que Christ n’a plus besoin d’offrir des prières avec « de grands cris » (Hé 5.7) et il n’a plus besoin de prier avec des mots puisqu’il ne vit plus par la foi et qu’il est dans la présence directe de Dieu. Cependant, puisqu’il est toujours humain – même s’il est glorifié d’une manière que nous ne pouvons pas comprendre ici-bas – il se peut qu’il prie à haute voix simplement parce qu’il le veut. Le paradis n’est pas un lieu silencieux, pourquoi donc le grand Prophète de l’Église resterait-il silencieux ?

Cet article est un extrait du livre “Connaître Christ” de Mark Jones