L’image de Dieu mutilée (Sinclair Ferguson)

Genèse  1.26-27 nous présente le modèle initial divin de la vie de l’homme. Il devait être le porteur de l’image de Dieu :

Dieu dit : Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance, pour qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

Dieu créa l’homme à son image : il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa.

Dans l’histoire de l’église, plusieurs points de vue ont été exprimés concernant la signification de « l’image de Dieu ». Dieu possède-t-il des caractéristiques physiques et corporelles? Ou doit-on chercher une trinité de qualités humaines qui pourrait représenter la nature trinitaire de Dieu? Peut-être doit-on la voir dans le fait que l’homme a une capacité de raisonnement et de communication verbale, comme Dieu qui lui révèle sa Parole? « L’image de Dieu » signifie probablement que Dieu a originellement fait l’homme pour qu’il reflète son caractère saint et sa position en tant que souverain légitime sur toute sa création. En ce sens, il est comme Dieu.

L’homme est le représentant de Dieu sur terre

C’est une chose inouïe de penser que l’homme a été mis au monde afin d’être le représentant personnel de Dieu sur la terre. Les premiers chapitres de la Genèse insufflent quelque peu l’esprit de ce prodige. L’homme a reçu le pouvoir de créer (Genèse 1.28), il exerce une autorité (Genèse 1.26) et, comme Dieu, il est un travailleur créatif (Genèse 2.15).

Cependant, dans Genèse 3, quelque chose se produit dans chacun de ces domaines pour déformer le plan gracieux de Dieu. À partir du premier moment où il pèche, une maladie virulente se propage dans l’ensemble de la vie de l’homme. Ce dernier se cache de Dieu dans le jardin (Genèse 3.8-10); le rapport réciproque entre l’homme et la femme est déformé en de déplorables représailles rancunières; le sol est maudit et le travail quotidien de l’homme devient un fardeau plutôt qu’un plaisir (Genèse 3.17-19). Tout cela est déjà bien triste, mais c’est sans compter l’altération de l’image de Dieu.

L’image de Dieu après la chute

Les théologiens ont souvent discuté de cette question intéressante. Les Écritures enseignent-elles que l’homme ne reflète plus l’image de Dieu? Ou suggèrent-elles que cette image demeure, bien qu’elle ait été nettement défigurée? De plusieurs manières, cette idée est encore plus tragique. Nous pourrions normalement penser qu’il n’y a aucun désastre plus grand que l’extinction de la ressemblance à Dieu, mais en fait, il y en a un. Et si l’image de Dieu, qui reflète sa grandeur et sa gloire, finissait par devenir une déformation de son caractère? Et si, au lieu de refléter sa gloire, l’homme se mettait à refléter l’antithèse exacte de Dieu? Et si l’image de Dieu devenait un antidieu? C’est là, essentiellement, l’affront que la chute de l’homme représente pour Dieu. L’homme prend tout ce que Dieu lui a confié pour vivre dans une obéissance libre et heureuse, et le transforme en une arme qu’il tourne contre son Créateur.

La restauration de l’image de Dieu

Par son péché, il abuse du souffle que Dieu lui donne des milliers de fois chaque jour. L’ampleur de son péché est aussi la mesure de son besoin d’être sauvé. Le mystère de la volonté de Dieu de sauver l’homme réside dans le fait qu’il désire restaurer ce qui a été perdu plus ardemment que l’on ne peut l’imaginer. Mais la vieille création doit passer et une nouvelle doit être établie. Ce qui a été perdu en Adam doit être restauré en Christ s’il y a quelque espoir de goûter la gloire de Dieu de laquelle nous sommes tombés. Aucun auteur n’a probablement mieux saisi cette perspective que Jean Calvin :

Au départ, Adam fut créé à l’image de Dieu afin qu’il puisse refléter, comme dans un miroir, sa justice. Mais cette image, détériorée par le péché, doit maintenant être restaurée en Christ. La régénération des saints est en effet, comme mentionné en 2  Corinthiens  3.18, rien d’autre que la reformation de l’image de Dieu en eux. Mais il se trouve dans cette création une grâce bien plus riche et puissante que dans la première… Parce qu’Adam a perdu l’image qu’il avait originellement reçue, il est nécessaire qu’elle nous soit restaurée en Christ. Il nous enseigne donc que le but de la régénération est de nous ramener de l’erreur vers la fin pour laquelle il nous a créés 1.

  1. Calvin, J. The Epistles of Paul to the Galatians, Ephesians, Philippiens and Colossians, traduction de T. H. L. Parker, éd. D. W. & T. F. Torrance, Édimbourg, Oliver and Boyd, 1965, p. 191. Traduction libre (en français).

Cet article est tiré du livre : La vie chrétienne de Sinclair Ferguson