L’humilité et le leader (Aubrey Malphurs)

Les leaders serviteurs dirigent avec humilité : « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles. Il n’en sera pas de même parmi vous. » (Mt 20.25‑26). Jésus affirme que les leaders serviteurs dirigent humblement. L’humilité et l’altruisme les caractérisent. Par conséquent, votre manière de servir constitue un élément très important de votre leadership. Tout est question d’humilité, et non d’ego.

Jésus illustre son argument en citant un exemple négatif. C’était la coutume parmi plusieurs leaders romains ou païens de faire preuve d’un leadership médiocre en traitant avec mépris leurs disciples, outrepassant ainsi leur autorité et abusant de leurs subordonnés. Je doute que Jésus dénigre les leaders ou leur autorité, puisqu’ils doivent en posséder pour diriger efficacement. L’auteur de l’Épître aux Hébreux ordonne aux croyants de se soumettre à l’autorité des leaders croyants (Hébreux 13.17). D’autre part, Jésus étend son autorité sur l’Église jusqu’à nos jours pour mener à bien le Grand Mandat, chez nous et à l’étranger (Mt 28.18). Ainsi, la question de l’autorité n’est pas en cause. C’est plutôt le mauvais usage de celle‑ci, tel que pratiqué par le leadership païen, qui est visé. Jésus déclare que nous ne devons pas avoir recours à notre pouvoir comme le faisaient ces derniers, exploitant les autres et les traitant avec mépris. Nous devons plutôt les servir avec humilité.

Le concept d’humilité de Jésus

Afin de mieux saisir l’enseignement de Jésus, il est aussi important de comprendre le concept d’humilité selon les païens, en opposition avec ce que Jésus préconise. D.A. Carson précise :

Dans le monde païen, l’humilité n’était pas considérée vraiment comme une vertu, mais plutôt comme un vice. Imaginez un esclave qui serait promu à une fonction de leadership ! L’éthique de Jésus concernant le leadership et le pouvoir dans sa communauté de disciples est révolutionnaire1 .

L’enseignement de Jésus allait définitivement à l’encontre de la pensée païenne de l’époque et les apôtres en sont sans doute demeuré stupéfaits. Witherington écrit :

L’humilité n’était pas perçue comme une vertu dans le monde gréco‑romain, particulièrement par ceux qui occupaient un rang élevé dans la société. Le terme ταπεινοροσυνη était dans la pratique souvent utilisé de manière péjorative pour désigner un esprit inférieur ou servile2 .

La tentation d’être égoïste

L’omniprésente tentation qui guette les leaders est celle de laisser leur direction devenir une occupation égocentrique, un exercice de l’ego destiné à dominer de manière subtile (ou parfois moins subtile) leurs disciples. Un leader motivé par de telles aspirations s’assure que les subordonnés savent qui est le patron, en usant de l’autorité pour les remettre à leur place. Ce genre de leader fait en sorte que les autres se souviennent aussi souvent que possible qu’il détient une charge importante et prestigieuse, et qu’il est quelqu’un d’exceptionnel, qui doit être traité avec respect et admiration.

De manière flagrante, les disciples reconnaissent promptement et méprisent un leadership égocentrique et orgueilleux. Ils distinguent de loin le leader arrogant et ne sont guère enclins à le respecter. S’ils suivent sa direction, c’est par contrainte et non de bon gré. Par contre, ces mêmes individus sont habituellement prêts à s’attacher à un leader humble dont les motifs sont droits. Ils veulent être traités avec égard et s’attacheront volontiers à quelqu’un qui ne les méprise pas en les considérant inférieurs. En résumé, vous ne pouvez devenir un leader sans vous examiner et faire face au problème de l’ego. Vous pouvez certes duper certaines personnes à l’occasion, mais un leader arrogant peut rarement tromper ceux qui le suivent, à quelque moment que ce soit.


1. CARSON, D. A. « Matthieu », dans The Expositor’s Bible Commentary, éd. Frank E. Gaebelein et collaborateurs, Grand Rapids, Zondervan, 1984, p. 432.

2. WITHERINGTON, Ben III. The Acts of the Apostles, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 616.


Cet article est tiré du livre : Être leaders de Aubrey Malphurs.