L’humanité à l’image de Dieu (Craig G. Bartholomew)

Le récit de la Création rapporté dans Genèse a pour apogée la création de l’humanité (Genèse 1.26‑28).

Dans la Bible, un homme ou une femme constitue une créature que Dieu a conçue et intégrée au monde qu’il a créé. Quelle que soit la façon dont nous relions l’activité créatrice de Dieu à des théories scientifiques, si nous restons fidèles à ce que la Bible dit au sujet de qui nous sommes, nous ne pouvons nous considérer nous‑mêmes comme les purs produits du temps et de la chance (comme le font les athées évolutionnistes). L’humanité est de nature créationnelle, et selon le livre de la Genèse (et le reste de la Bible), chaque être humain est en soi une créature particulière.

Dans Genèse 1 et 2, l’enseignement portant sur l’humanité est riche et multiforme.

Unique parmi les créatures de Dieu, l’humanité est de nature personnelle. Dieu ne s’adresse qu’à l’homme et à la femme, qui jouissent d’une relation personnelle unique avec lui. Comme Augustin l’a fait observer il y a longtemps dans Les Confessions, nous sommes faits pour Dieu, et notre cœur s’agite tant que nous ne trouvons pas notre repos en lui. Genèse 3.8 évoque, de manière saisissante, cette relation entre le Dieu Créateur et ses créatures humaines. Dieu a pour habitude de « [parcourir] le jardin vers le soir » et d’y rencontrer l’homme et la femme qu’il y a placés. Gordon Wenham a fait remarquer que Genèse décrit le jardin en des termes évocateurs du Tabernacle, où Dieu vit parmi son peuple. Les hommes et les femmes ont été créés en vue de jouir d’une relation intime avec Dieu, et notre nature terrestre ne nuit aucunement à cette relation. Dieu parcourt fréquemment avec Adam et Ève l’immense jardin qu’il leur a destiné. Il discute avec eux de la façon dont cet énorme parc se développe, ses plantes poussent sous leurs bons auspices et les animaux s’entendent entre eux.

Les érudits des temps modernes font souvent allusion à deux récits de la Création dans Genèse, du fait qu’ils y voient une distinction entre ce qui est dit dans Genèse 1.1 – 2.4a et dans Genèse 2.4b‑25. Or, cet avis est quelque peu trompeur. Bien que ces deux passages soient distincts, ils sont étroitement liés entre eux. Genèse 1 considère l’humanité dans sa relation avec le monde. Genèse 2 insiste sur l’homme et la femme dans leur relation entre eux et avec Dieu. Ces deux passages emploient différentes images et métaphores parce qu’ils mettent en lumière sous différents angles ce que cela signifie d’être humain.

Dans Genèse 1.26‑28, Dieu crée l’humanité à son image, à sa ressemblance.

Notons que les mots « image » et « ressemblance » illustrent la même réalité. Même si Dieu est le Créateur infini et que l’humanité est simplement sa création finie, il existe quelque chose de fondamentalement similaire entre les deux. L’« image » constitue une métaphore. En la développant, nous devons garder à l’esprit qu’en tant que métaphore, elle sert à attirer notre attention sur une similarité frappante entre les êtres humains et Dieu, sans pour autant nier le fait que nous sommes radicalement différents de Dieu. Précédemment, nous avons reconnu que Dieu le Créateur est radicalement différent de tout ce qu’il a créé – nous inclus. Il reste que, si l’humanité est créée « à l’image de Dieu », d’une certaine façon, nous sommes semblables à celui qui nous a créés. Cette ressemblance est explicitée dans les versets qui suivent.

Dans Genèse 1.26, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image […] et qu’il domine […] sur toute la terre. » Puis il dit aux êtres humains qu’il a créés : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et assujettissez‑la ; et dominez sur [elle] » (1.28). Cela devrait nous faire clairement comprendre que la similarité fondamentale qui existe entre Dieu et l’humanité réside dans la vocation unique, l’appel ou le mandat qu’elle tient de Dieu lui‑même. Sous l’autorité de Dieu, l’humanité doit régner sur les composantes non humaines de la création sur la terre, dans la mer et dans les airs, un peu comme Dieu règne en souverain sur toutes choses. Von Rad l’explique ainsi :

Comme les puissants rois de la terre le font pour signaler leur domination, ils érigent une image d’eux‑mêmes dans les provinces de leur empire où ils ne peuvent apparaître en personne, de même l’homme à l’image de Dieu domine sur la terre en tant qu’emblème de la souveraineté de Dieu. Il n’est réellement que le représentant de Dieu, appelé à maintenir et à appliquer la déclaration de domination de Dieu sur la terre. C’est donc surtout la fonction que l’homme exerce dans le monde non humain qui caractérise sa similarité avec Dieu.

Au sein du royaume de Dieu, qu’il a organisé en le créant, le rôle particulier qu’il a confié à l’humanité nous appelle à lui servir de « sous‑rois », de vice‑régents ou d’intendants. Nous devons régner sur la création de sorte à rehausser la réputation de Dieu au sein de son royaume cosmique.

Dans son œuvre créatrice, Dieu agit pour le bien de ce qu’il a créé et non par égoïsme. Par exemple, il crée une demeure parfaite pour l’humanité. Et à chaque stade de son œuvre créationnelle, Dieu décrit ce qu’il a créé comme étant « bon » et « très bon ». Dieu appelle les « souverains » humains à servir d’intendants ou de sous-souverains pour incarner l’entretien et la protection par Dieu même de sa bonne création dans son règne sur la terre. Le Psaume 8.7 exprime merveilleusement bien cette réalité, en disant que les êtres humains ont pour gloire le fait que Dieu leur « a donné la domination sur les œuvres de [ses] mains ». Il est impossible d’y voir la suggestion que les êtres humains sont libres de faire ce qu’ils veulent des ouvrages de Dieu. Par‑dessus tout, les intendants humains doivent rendre des comptes au divin Créateur du monde qu’il leur a confié.

Notre humanité implique une immense liberté et une grande responsabilité, celle de répondre à l’appel de Dieu et de lui rendre des comptes relativement à notre réponse. Ainsi, il se peut que, pour exprimer le concept de la « domination » par l’humanité sur la création, il vaille mieux dire que nous sommes les intendants royaux de Dieu, qu’il nous a placés dans sa création afin d’en développer la potentialité cachée et que toute sa création puisse célébrer sa gloire.


Cet article est tiré du livre : Le grand récit de la Bible de Craig G. Bartholomew et Michael W. Goheen.