L’évangélisation : un effort à la fois personnel et collectif (Mark Dever & Jamie Dunlop)

L’évangélisation doit être personnelle

Si j’aime autant l’évangélisation groupée, c’est parce qu’elle est bien plus biblique que le modèle d’évangélisation que nous utilisons la plupart du temps. J’aime le fait qu’elle soit personnelle ; plutôt que de limiter l’évangélisation à une simple invitation à venir à l’Église (et de réduire l’Église à une simple campagne hebdomadaire d’évangélisation), l’évangélisation groupée annonce la Bonne Nouvelle à travers les relations. C’est de cette manière que Paul partageait l’Évangile : « [Nous] aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l’Évangile de Dieu, mais encore notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers » (1 Th 2.8). Enseignons aux membres de notre l’assemblée que l’évangélisation est une activité qu’ils sont appelés à poursuivre dans leur vie de tous les jours, et pas uniquement un rassemblement hebdomadaire ou un événement spécial de l’Église. L’évangélisation doit être personnelle.

L’évangélisation devrait aussi être collective

En plus d’être personnelle cependant, l’évangélisation devrait être collective ; n’imaginons pas qu’elle n’a rien à voir avec l’Église, même si nous voulons éviter que cette dernière ne prenne la forme d’une simple campagne d’évangélisation. Après tout, si la communauté de l’Église locale incarne la confirmation du message de l’Évangile, nous serions fous de chercher à évangéliser en dehors de celle-ci. Faire de l’évangélisation tout seul revient à creuser un trou avec une cuillère à café puis à s’appuyer sur une pelle hydraulique pour reprendre son souffle. Une puissance extraordinaire reste inactive pendant que je me tue au travail ! Pour quelles raisons voudrions-nous partager l’Évangile avec un ami sans jamais l’exposer à la communauté surnaturelle de l’Église locale ? Le témoignage de cette dernière est l’équivalent moderne de ce que Paul décrit dans 1 Corinthiens 2.3-5 : « Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte, et de grand tremblement ; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » La foi doit être fondée sur la puissance de Dieu, et c’est dans l’Église locale que cette puissance est la plus visible.

L’Église comme témoignage d’évangélisation

Ce concept de la communauté d’Église qui agit comme un témoignage d’évangélisation est présent tout au long de la Bible. En voici un rapide aperçu :

• Dès Genèse 1, on constate que le plan de Dieu est de se glorifier à travers un peuple, et non pas simplement à travers des individus. Dieu créa l’homme et la femme à son image, puis leur donna le commandement suivant : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et assujettissez-la » (Ge 1.28) ; autrement dit, ils devaient remplir la création de Dieu avec des images vivantes de leur Créateur.

• Lorsque Dieu forme le peuple d’Israël, il les appelle de manière plus directe à manifester la splendeur divine aux autres nations par la manière dont ils vivent ensemble. Il déclare ainsi au sujet de ses statuts : « Vous les observerez et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! Quelle est, en effet, la grande nation qui ait des dieux aussi proches que l’Éternel, notre Dieu, l’est de nous toutes les fois que nous l’invoquons ? » (De 4.6,7.)

• En conséquence, lorsque Dieu décrit la faute de son peuple rebelle, il cite ce mandat qu’il avait donné à tout le peuple ; au lieu de révéler la gloire de son nom, ils avaient profané l’honneur de son nom parmi les nations (Éz 36.20,21).

• Lorsque Jésus établit un nouveau peuple de Dieu, son commandement nouveau se base là encore sur le témoignage évangélique que constitue la vie que partagent désormais ses disciples : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13.35). Trop souvent, en commentant ce verset, nous donnons l’impression d’oublier la dernière partie – « les uns pour les autres ». Ce n’est pas simplement l’amour qui prouve que nous sommes disciples de Jésus, mais bien l’amour pour ses autres disciples.

• Dans Actes 2, Luc décrit la vie en commun des membres de l’Église : comment ensemble, ils rompent le pain, se consacrent à la communion fraternelle, et subviennent mutuellement à leurs besoins. « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (v. 47). Le commandement que Jésus avait donné dans Jean 13 devenait réalité.

• Enfin, il s’agit d’un thème central dans le reste du Nouveau Testament. C’est l’unité dans l’Église qui interpelle jusque dans les cieux (Ép 3.10) ; c’est l’amour entre les frères qui constitue la preuve qu’ils sont enfants de Dieu (1 Jn 3.10).

L’Église locale n’est pas l’évangélisation, mais elle devrait en être le moteur. Et l’évangélisation se doit d’être à la fois personnelle et collective. Elle est personnelle parce qu’elle implique généralement d’expliquer l’Évangile dans le contexte d’une amitié plutôt que de se contenter d’amener quelqu’un à l’Église. Elle est collective parce que si elle ne présente pas les non-chrétiens à l’Église locale, l’évangélisation choisit d’ignorer la preuve la plus manifeste qui existe en faveur de la vérité de l’Évangile.


Cet article est tiré du livre : Une communauté irrésistible de Mark Dever et Jamie Dunlop