Les similitudes entre Adam et Christ (Richard Gaffin)

Le thème central de ces deux passages, Romains 5.12-19 et 1 Corinthiens 15.21,22,45-49, est manifestement la personne et l’oeuvre de Christ. 

Deux autres choses sont tout aussi évidentes dans ces deux textes : 1) une perspective historique globale sur Christ et le salut qu’il a accompli, et 2) au sein de cette perspective historique, une comparaison avec Adam, essentielle à cette perspective historique. 

Une perspective historique

Dans 1 Corinthiens 15.44b-49, cette perspective est la plus exhaustive possible : elle couvre la totalité de l’histoire humaine du début à la fin, de la création originelle à sa consommation. Par conséquent, au verset 45, Adam, tel qu’il était conformément à sa création et avant la chute (Adam, voir Genèse 2), est comparé à Christ, « le dernier Adam », tel qu’il existe maintenant en raison de sa résurrection. 

Dans Romains 5 et 1 Corinthiens 15.21-22, le cadre de cette perspective historique n’est que légèrement plus restreint : d’un côté, Adam est considéré tel qu’il était après la chute, comme un pécheur (Adam, voir Genèse 3). Pour Paul, l’histoire de la rédemption n’a une fin claire et parfaite en Christ que dans la mesure où elle a un commencement défini et identifiable en Adam.

Représentant d’un plus grand nombre

Dans les deux passages, Adam et Christ sont à l’évidence considérés comme deux personnes précises. Néanmoins, en tant qu’individus, ils ont manifestement une portée qui est plus qu’individuelle. Ils sont comparés en tant que représentants d’autres personnes, chacun étant chef d’une manière déterminante pour ceux qui se trouvent « en lui ». Cette comparaison basée sur une union expose le principe représentatif ou fédéral qui se trouve à la base de la théologie de l’alliance enseignée dans la Bible. 

Pour les besoins de notre étude, nous pouvons résumer convenablement ce principe comme suit : tout comme Adam, par sa désobéissance, a fait entrer le péché et toutes ses conséquences au sein de la création qui était bonne à l’origine, avec des répercussions pour lui-même et tous ceux qui se trouvent « en lui », de même, Christ, par son obéissance, a amené la délivrance du péché et de toutes ses conséquences pour ceux qui sont « en lui ».

Une place centrale dans le plan de la rédemption

L’importance des qualificatifs utilisés dans cette comparaison ne doit pas nous échapper. Christ, dans son oeuvre salvatrice, est à la fois « second » et « dernier » ; Adam est « premier » (1 Corinthiens 15.45,47). Leur place centrale et exclusive dans la progression de l’histoire de la rédemption est, respectivement, au commencement et à la fin de celle-ci. De plus, leurs rôles sont tels que personne d’autre ne « compte » ; aucune autre personne n’est prise en considération. Adam seul, dans son rôle représentatif en union ou en solidarité avec « tous », est « la figure de celui qui devait venir » (Romains 5.14). Tout comme Christ est le point oméga de l’histoire de la rédemption, Adam en est le point alpha.

On ne saurait trop insister sur le fait que ces passages enseignent que l’entière solidarité de Christ, en tant que « second » et « dernier », avec les êtres humains pécheurs, excepté en ce qui concerne le péché (Hébreux 4.15), est essentielle à son oeuvre de salut. De plus, Christ a et ne peut avoir cette identité que dans la mesure où Adam est « premier ». Si Adam n’est pas le premier qui, par la suite, tombe dans le péché, alors l’oeuvre de Christ perd son sens. Sans le « premier » qui est Adam, il n’y a pas de place pour Christ comme « second » ou « dernier ». 

Une importance capitale

L’intégrité et la cohérence de toute l’histoire de la rédemption reposent sur cette comparaison. Il est tout simplement faux d’affirmer, comme certains le font, que le fait qu’Adam ait été ou non le premier être humain est une question qui n’altère pas l’Évangile, du moins si l’on accepte le clair enseignement de ces passages. 

Paul est tout aussi clair dans d’autres passages : la résurrection de Christ, le jugement dernier et l’appel universel à la repentance qui l’accompagne (« à tous les êtres humains, partout où ils se trouvent ») reposent tous sur le fait que Dieu a « fait en sorte que tous les peuples, issus d’un seul homme, habitent sur toute la surface de la terre » (Actes 17.26,30 ; S21).


Cet article est tiré du livre : Sans Adam, pas d’Évangile de Richard B. Gaffin Jr