Les fondements bibliques de la discipline (Jonathan Leeman)

Qu’est-ce que la discipline d’Église ?

En termes généraux, la discipline d’Église fait partie du processus de formation du disciple. Elle sert à corriger un péché et à orienter un disciple vers une meilleure voie.

Devenir disciple consiste, entre autres, à se soumettre à la discipline.

La discipline formative et la discipline corrective

Depuis des siècles, on se réfère à la fois à la discipline formative et la discipline corrective. Lorsqu’elle est formative, elle aide à éduquer le disciple au moyen de l’instruction. Lorsqu’elle est corrective, elle permet d’éduquer le disciple en corrigeant le péché. La formation et la correction vont toujours de pair. C’est là l’essence même de la formation de disciples.

En termes plus précis et plus formels, la discipline d’Église consiste à retirer à un individu son statut de membre et son privilège de participer à la sainte cène

Il ne s’agit pas d’interdire à quelqu’un d’assister aux rencontres publiques de l’Église. C’est la déclaration publique de l’Église selon laquelle elle n’est plus en mesure d’appuyer la profession de foi d’une personne en lui conférant le titre de chrétien. C’est le refus de l’inclure dans la célébration du repas du Seigneur. C’est excommunier l’individu ou le placer à l’extérieur de la communion.

Jésus et le sujet de la discipline

Plusieurs passages du Nouveau Testament évoquent la pratique de la discipline d’Église. Le plus connu est probablement celui de l’Évangile selon Matthieu. Jésus déclare :

Et si ton frère pèche contre toi, va, reprends-le, entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu as gagné ton frère ; mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que par la bouche de deux ou trois témoins toute parole soit établie. Et s’il ne veut pas les écouter, dis-le à l’assemblée ; et s’il ne veut pas écouter l’assemblée non plus, qu’il te soit comme un homme des nations et comme un publicain (Mt 18.15‑17 ; Darby).

À première vue, Jésus semble avoir deux préoccupations : premièrement, que le pécheur se repente et deuxièmement, que le nombre de personnes impliquées demeure le plus réduit possible en vue de produire la repentance. Sous-jacente à ces deux préoccupations, il y a la conviction profonde que l’Église doit se distinguer du monde ; les chrétiens ne doivent pas vivre comme des païens ou des publicains. L’auditoire juif de Matthieu comprenait que l’expression « homme des nations » désignait ceux qui se trouvaient à l’extérieur de la communauté de l’alliance et que « publicain » représentait ceux qui avaient trahi cette communauté (et qui, par conséquent, en étaient exclus). Les membres de l’Église devraient vivre différemment du monde et si, après une série d’avertissements bienveillants, ils s’y refusent toujours, l’Église devrait les exclure de sa communion fraternelle.

Le péché décrit dans ce passage est interpersonnel : « contre toi ». Cependant, je crois que nous accordons trop d’importance à ce détail. La question ici est de savoir si l’individu est repentant et si on doit le considérer comme un frère ou une sœur en Christ. Le point le plus important dans ces versets est que les Églises locales détiennent l’autorité d’évaluer une profession de foi, et d’agir en conséquence : « […] si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque » (Mt 18.19). En d’autres mots, les Églises peuvent appliquer le processus de discipline décrit dans les versets 15 à 17 au péché en général.

Bref, Jésus veut que les Églises exercent une fonction judiciaire. Il tire l’expression « deux ou trois témoins » de Deutéronome 19, passage où Moïse établit des règles de procédure pour juger les causes criminelles.

Devant des personnes qui prétendent représenter Jésus, mais dont la vie démontre le contraire, les Églises doivent examiner les preuves avec soin et rendre un jugement. « S’agit-il d’une profession de foi valide ? Cette personne pratique-t-elle véritablement l’Évangile ? Que suggèrent les faits ? »

Les apôtres et le sujet de la discipline

L’apôtre Paul évoque lui aussi la discipline d’Église à plusieurs endroits :

Frères, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur (Ga 6.1a).

Ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les (Ép 5.11).

Éloigne de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions (Tit 3.10).

Et si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le, et n’ayez point de relations avec lui, afin qu’il éprouve de la honte. Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère (2 Th 3.14,15).

Jean encourage ce qui ressemble à une discipline préventive, en refusant de prime abord que quelqu’un participe à la communion fraternelle de l’Église :

Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! (2 Jn 9,10.)

Pierre aussi nous présente un exemple clair de discipline préventive (Ac 8.17‑24).


Cet article est tiré du livre :  La discipline d’Église de John Leeman