Les femmes et le service (Kevin DeYoung)

Le passage de 1 Timothée 3.11 est au cœur de bon nombre de controverses. En effet, le terme grec gynaikas peut signifier « femmes » ou « épouses », selon le contexte. Si le sens ici est « leur épouse », alors Paul ordonne que celle d’un diacre soit une femme respec- table. Si, au contraire, le sens est plutôt « les femmes », alors Paul semble lister les qualifications pour les diaconesses, ou du moins un sous-ensemble du poste de diacre dans lequel les femmes pourraient œuvrer. Bien que les deux interprétations soient parfaitement valides sur le plan grammatical, je suis arrivé à la conclusion que « leur épouse » est la traduction la plus juste, et que Paul n’envisage pas l’existence du rôle de diaconesse – même si, en fonction de la gouvernance de votre Église, l’emploi de ce terme n’est pas nécessairement inapproprié.

J’ai identifié cinq arguments en faveur de la traduction « leur épouse » et de l’interprétation correspondante de ce verset :

(1) il serait étrange que Paul introduise un autre rôle en plein milieu de ses instructions pour les diacres. Si le verset 11 ne parle pas de « leur épouse », Paul change de sujet deux fois en l’espace de deux versets – un choix quelque peu déroutant. Puisque le verset 12 concerne clairement les diacres, il est plus logique que le verset 11 soit un autre requis pour les diacres.

(2) L’obligation pour les diacres d’être « maris d’une seule femme » au verset 12 prend tout son sens si ce sont bien des qualifications de l’épouse qu’il s’agit au verset précédent.

(3) Si Paul énumérait les critères pour les diaconesses, il aurait certainement inclus une exigence liée à leur famille, notamment le besoin d’être l’épouse d’un seul homme.

(4) Les diacres doivent tout d’abord être éprouvés (3.10), ce qui n’est pas requis des femmes au verset 11.

(5) Si la Bible ne dit rien du caractère de l’épouse d’un ancien, c’est que, même si elle soutient son mari de nombreuses manières, elle ne l’aidera pas dans son ministère d’enseignement et de direction, alors que l’épouse d’un diacre pourra aider ce dernier dans son ministère de service. Voilà pourquoi Paul donne des instructions à l’épouse d’un diacre, mais pas à l’épouse d’un ancien.

Depuis la Réforme, la plupart des exégètes protestants ont interprété le verset 11 par rapport aux épouses des diacres : cependant, même si « les femmes » servaient dans un rôle plus officiel, l’application pratique serait semblable. Que le verset parle des épouses qui aident leur mari dans son service en tant que diacre ou des femmes qui œuvrent en tant que diaconesses, le résultat dans les deux cas est que les femmes sont impliquées dans le même type de travail. Il n’y a rien dans la nature du ministère de diaconat qui écarte de fait une femme du poste de diaconesse ; après tout, Phœbé était une diakonos (Ro 16.1). Toutefois, nombreuses sont les Églises de nos jours qui confèrent une autorité de gouvernance aux diacres ; la meilleure façon de mettre à profit les dons de service des femmes et de penser au titre éventuel pour ce rôle dépendra de la théologie de gouvernance plus large de l’Église. Ma compréhension presbytérienne de l’ordination et de l’autorité inhérente qu’elle confère dans l’Église me pousse à ne pas être en faveur d’un poste de diaconesse au sein de ma dénomination. Mais dans la mesure où le ministère de diaconat s’oriente vers le service, ce travail m’apparaît entièrement ouvert aux femmes.


Cet article est tiré du livre : « Les hommes et les femmes dans l’Église » de Kevin DeYoung