Les doctrines inspirant les exercices pratiques – La doctrine de la responsabilité humaine (Paul Tripp)

Quand ils sont entrés dans mon bureau, Gabriel et Valérie formaient tout un tableau! Gabriel affichait une mine sévère et distante, tandis que Valérie était en larmes avant même que je ne commence à parler. J’ai examiné leur « Inventaire de données personnelles. » Je me suis présenté et j’ai posé ma première question : « Dites-moi, pour quelle raison êtes-vous venus me voir aujourd’hui? Selon vous, en quoi consiste le problème? » La réponse a jailli spontanément, en même temps, un mot résumant l’essence du problème. Gabriel s’est écrié : « Valérie » et Valérie s’est exclamée : « Gabriel »!

En tant que conseiller, j’avais de gros ennuis! Ni Gabriel ni Valérie n’étaient venus dans l’intention de recevoir de l’aide. Chacun pensait que l’autre représentait le problème. Chacun se disait que si l’autre changeait, tout s’arrangerait. Dans de telles conditions, on ne peut pas vraiment parler de consultation. Ni l’un ni l’autre ne voulait assumer la responsabilité des problèmes de la relation ou des changements à opérer. Il ne servait à rien de tenir des séances de counseling tant que Gabriel et Valérie n’acceptaient pas de porter chacun sa part de responsabilité pour les difficultés du couple et les transformations à effectuer. Comment les exercices peuvent-ils permettre aux personnes que nous aidons d’adopter une nouvelle interprétation des faits?

De toute évidence, la question de la responsabilité se situe au cœur du travail du conseiller biblique. Les Écritures affirment que chacun est responsable devant Dieu, chacun rendra compte de ses paroles et de ses actes. Dieu nous appelle à nous examiner en toute honnêteté, à confesser  nos péchés et à nous repentir sincèrement. Il nous appelle à participer activement à son œuvre de transformation. Les Écritures nous invitent à concentrer davantage notre attention sur la poutre dans notre œil que sur la paille dans l’œil du prochain. Dieu veut que nous cessions de pointer un doigt accusateur et que nous scrutions plutôt nos propres cœurs.

Nous avons vu que la doctrine des Écritures conduit la personne aidée vers l’écoute de Dieu, au moyen d’exercices ciblés. Cette doctrine de la responsabilité humaine, quant à elle, l’appelle à un type de travail différent c’est-à-dire, un regard sur elle-même. Le but des exercices confère une orientation précise aux séances de counseling. Une autoévaluation adéquate détourne l’attention des actions des autres et la dirige vers ses propres réactions aux circonstances. Les exercices empêchent que le conseiller « professionnel » devienne le point de mire et que l’heure passée en sa compagnie chaque semaine revête un envoûtement malsain. Ils rendent Gabriel et Valérie responsables de participer quotidiennement au processus de changement. Les exercices dirigent également l’espoir vers l’objectif approprié. Ils amènent les gens à abandonner l’idée que les autres ou les circonstances changeront et qu’alors la vie sera plus facile. Ils anéantissent tout espoir voulant que le conseiller accomplisse des prodiges et opère une transformation. La personne qui considère ses propres responsabilités voit son espérance s’orienter vers Dieu et vers la puissance de l’évangile pour la transformer.

Dès les premières séances de counseling, les exercices obligent l’individu à comprendre qui il est par rapport à Dieu, à se confier en lui et à marcher de manière responsable devant sa face. Les exercices l’aident à accepter la part de responsabilité qui lui revient pour effectuer les changements nécessaires dans sa relation avec Dieu et son prochain. Notre interlocuteur ne se présente pas à nos rencontres avec une attitude passive, comme s’il écoutait son gourou. Au contraire, le conseiller sert de guide et d’enseignant, lui montrant le rôle qu’il a à jouer dans le processus de transformation.

Les êtres humains sont responsables et pour cette raison, nous préparons de bons exercices adaptés à chacun. Cet aspect du counseling s’avère très important, car le mouvement où nous entraînent la Chute et la culture ambiante tend vers une direction complètement opposée. Gabriel et Valérie vivent dans une société où le rejet des responsabilités est devenu pratique courante. Les systèmes d’interprétation de l’homme se basant sur « l’enfant intérieur, la dépendance affective, la famille dysfonctionnelle ou l’adulte-enfant » conduisent à attribuer à autre qu’à soi-même les attitudes et les comportements répréhensibles. Qui plus est, la tendance naturelle de nos cœurs déchus consiste à nous excuser alors que nous accusons les autres et que nos propres péchés demeurent cachés à nos yeux. Vous commencez à comprendre l’importance des exercices lorsque la personne aidée participe activement au processus d’autoévaluation et de changement, inspirée par une motivation à dépendre de Dieu et à espérer en lui. Notre doctrine de la responsabilité humaine exige que nous proposions des exercices incitant les personnes que nous accompagnons à s’arrêter et à s’examiner en toute honnêteté.

Cet article est un extrait de Instruments dans les mains du rédempteur par Paul Tripp.