Les conséquences de l’acte de Pierre – Galates 2.11-12 (John MacArthur)

Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens; et, quand elles furent venues, il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis. Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie. (Galates 2.11-12)

Non seulement Pierre s’est-il tenu à l’écart des non-Juifs lui-même, mais, par son exemple, il a indirectement entraîné les autres Juifs à user aussi de dissimulation. Cette attitude de séparation s’est tellement étendue et a acquis une telle influence, que le pieux Barnabas même, qui à ce moment-là était un des pasteurs d’Antioche, fut entraîné dans l’hypocrisie. Paul et Barnabas rentraient tout juste d’une tournée missionnaire conjointe, étaient allés ensemble au concile de Jérusalem (voir chapitre précédent) et étaient maintenant co-pasteurs à Antioche. Ils avaient enseigné ensemble, prié ensemble, œuvré ensemble et souffert ensemble. Ils étaient les plus intimes des amis et avaient l’un pour l’autre une profonde affection. C’était Barnabas qui le premier avait gagné l’amitié de Paul et qui l’avait défendu lorsque celui-ci était allé à Jérusalem peu de temps après sa conversion (Ac 9.27). Barnabas avait bien souvent entendu Paul prêcher l’Évangile du salut par la foi seule, et l’avait prêché lui-même bien souvent. Mais même lui a été entraîné par l’hypocrisie légaliste de Pierre et des autres. C’est peut-être l’hypocrisie dont Barnabas a fait preuve à cette occasion qui a amorcé le différend entre lui et Paul, qui, peu de temps après, les a conduits à se séparer parce qu’ils étaient en désaccord sur la question d’emmener Jean Marc avec eux lors de leur voyage missionnaire suivant (Ac 15.37-40).

Pierre est un conducteur-né, et ses gestes publics entraînent généralement les autres à le suivre. Quand il agit selon sa propre sagesse, le résultat est catastrophique, et lorsque d’autres mettent leur foi en lui la catastrophe s’amplifie. L’effet sur l’Église d’Antioche a été désastreux.

Le terme grec d’où vient hypocrisie s’appliquait originellement à un acteur qui portait un masque pour indiquer un sentiment ou un caractère particulier. Un hypocrite, c’est quelqu’un qui, tout comme un acteur grec, masque son vrai visage.

Pierre et les autres croyants juifs qui se sont tenus à l’écart savaient que ce qu’ils faisaient n’était pas bien. Mais ils étaient tellement intimidés par les judaïsants que cela les a conduits à aller à l’encontre de leurs convictions véritables et à l’encontre de leur conscience. En cherchant à plaire à ces hypocrites, ils sont devenus eux-mêmes hypocrites, et ils ont brisé le cœur de leurs frères non juifs et de leur Seigneur.

Même des ministres peuvent commettre des transgressions

On peut apprendre plusieurs vérités importantes du manquement grave de Pierre à Antioche. La première est que même des ministres de l’Évangile doués de façon toute spéciale peuvent commettre de graves transgressions, et parfois devenir coupables des erreurs et des péchés contre lesquels ils ont eux-mêmes prêché par le passé.

Afin de ne pas porter atteinte à la doctrine de l’infaillibilité des papes, que la doctrine catholique romaine dit être les successeurs de Pierre, certains théologiens catholiques ont soutenu que le Pierre d’Antioche n’était pas l’apôtre. Mais c’était le même Pierre que celui qui avait prêché le sermon rempli de l’Esprit à la Pentecôte et qui avait guéri le paralytique à la porte du temple. Malgré son appel et ses dons divins, il avait, semble-t-il, des pieds d’argile.

Être fidèle est plus que croire à la bonne doctrine

Deuxièmement, nous apprenons de cet incident qu’être fidèle, c’est plus que croire à la bonne doctrine. La bonne doctrine qui ne conduit pas à la bonne attitude, conduit toujours à l’hypocrisie.

La vérité est plus importante que l’harmonie

Troisièmement, nous apprenons que la vérité est plus importante que l’harmonie et la paix extérieures. La communion et l’unité chrétiennes reposent sur la vérité, jamais sur le mensonge. Même s’il peut sembler être profitable sous une perspective humaine, le compromis ne peut qu’affaiblir l’Église. La paix qu’on préserve en compromettant la vérité de Dieu est la pseudo-paix du monde et non la paix de Dieu. « Le lien de la paix » (Ép 4.3) n’est pas la paix préservée à tout prix, mais la paix qui s’appuie sur la Parole de Dieu, et que son Esprit établit.

L’éthique qui s’adapte à la situation est une éthique impie

Quatrièmement, nous voyons que l’éthique qui s’adapte à la situation est une éthique impie. C’est la Parole de Dieu, et non une situation particulière, qui détermine ce qui est bien et ce qui est mal. Ce ne sont pas les chrétiens qui décident de ce qui est vrai ; et un groupe de croyants, aussi important ou influent soit-il – même s’il est composé d’apôtres –, qui adopte une mauvaise position, ou se permet une pratique répréhensible, est dans l’erreur. Ni la nécessité, ni l’amour mal défini, ni un vote majoritaire ne peuvent changer quoi que ce soit à ce qui est vrai et juste.

Il faut se soucier du mal

Cinquièmement, nous apprenons qu’il faut se soucier du mal, quelles que soient les conséquences ou l’opposition qui résulteront d’une telle attitude. Lorsque l’erreur attaque le cœur même de l’Évangile, comme c’était le cas avec l’hérésie des judaïsants, il est d’autant plus impératif de s’y opposer. Même des croyants de premier plan « qui pèchent » doivent être repris « devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte » (1 Ti 5.20).


Cet article est tiré du livre : Galates – John MacArthur de John MacArthur