Les choses secrètes et les choses révélées de Dieu (R.C. Sproul)

Les réformateurs, Martin Luther en particulier, ont parlé de la différence entre le Deus absconditus et le Deus revelatus. Il y a des limites à notre connaissance de Dieu ; nous n’avons pas une connaissance approfondie de lui. Dieu ne nous a pas révélé tout ce qui pourrait être connu de lui ou de ses intentions pour le monde ; une grande partie de tout cela n’est pas révélée. Ce secret de la part de Dieu s’appelle le Deus absconditus, ce que Dieu nous a caché. En même temps, nous ne sommes pas totalement dans le noir pour chercher à tâtons une compréhension de Dieu. Ce n’est pas comme si Dieu s’était enfui et avait omis de révéler quoi que ce soit sur lui-même. Au contraire, il y a aussi ce que Luther a appelé le Deus revelatus, cette partie de Dieu qu’il a révélée. Ce principe est révélé dans Deutéronome 29.29. « Les choses cachées » fait référence à ce que nous appelons « la volonté secrète » de Dieu.

Un aspect de la volonté de Dieu est sa volonté décrétive, qui fait référence au fait que Dieu accomplit souverainement tout ce qu’il veut. Parfois, cela est appelé la volonté absolue de Dieu, la volonté souveraine de Dieu ou la volonté efficace de Dieu. Lorsque Dieu décrète souverainement que quelque chose doit arriver, cela doit en effet arriver. Une autre façon d’en parler est le « conseil déterminé » de Dieu. Un exemple de cela est la crucifixion : quand Dieu a décrété que le Christ devait mourir sur la croix à Jérusalem à un moment précis de l’histoire, cela devait se produire à cet endroit et à cette époque. Cela s’est passé par le conseil déterminé ou la volonté de Dieu. C’était irrésistible, cela devait arriver. De même, lorsque Dieu a appelé le monde à l’existence, cela est arrivé.

Il y a aussi la volonté préceptive de Dieu. Alors que nous ne pouvons pas résister à la volonté décrétive de Dieu, non seulement nous pouvons résister à sa volonté préceptive, mais nous y résistons continuellement. La volonté préceptive de Dieu est en lien avec sa loi, ses commandements. Par exemple, le premier commandement, « tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.3), fait partie de la volonté préceptive de Dieu.

Quand les gens me demandent comment ils peuvent connaître la volonté de Dieu pour leur vie, je leur demande de quelle volonté ils parlent : la volonté cachée, décrétive de Dieu ou sa volonté préceptive. S’ils parlent de la volonté cachée de Dieu, ils doivent comprendre qu’elle est cachée. La plupart de ceux qui posent la question ont du mal à savoir quoi faire dans des situations particulières. Quand on me questionne sur la volonté de Dieu dans de tels cas, je réponds que je ne peux pas lire la pensée de Dieu. Cependant, je peux lire la Parole de Dieu qui me donne sa volonté révélée ; apprendre et me conformer à cette volonté est une tâche qui suffira ma vie durant. Je peux aider les gens pour cela, mais pas pour la connaissance de sa volonté cachée. Jean Calvin disait que lorsque Dieu « ferme sa bouche sainte, arrêtons-nous également, afin de ne pas aller plus loin[1] ». Si nous traduisions cela dans la nomenclature moderne, nous dirions : « La volonté cachée de Dieu ne nous regarde pas. » C’est pourquoi elle est cachée.

Désirer savoir ce que Dieu veut que vous fassiez est en effet une vertu. Il a un plan secret pour votre vie qui ne vous regarde absolument pas, mais il peut vous guider et diriger vos sentiers. Il n’y a donc rien de mal à rechercher l’illumination du Saint-Esprit ou la direction de Dieu dans nos vies ; c’est généralement ce qui préoccupe les gens qui s’interrogent sur la volonté de Dieu. Cependant, nous avons tendance à avoir un désir impie de connaître l’avenir ; nous voulons connaître la fin dès le commencement, ce qui en fait n’est pas notre affaire. C’est l’affaire de Dieu, c’est pourquoi ses avertissements dans les Écritures sont si sévères contre ceux qui tentent de découvrir l’avenir par des moyens illicites tels que des planches Ouija, des diseuses de bonne aventure et des cartes de tarot. Ces choses sont interdites pour les chrétiens.


[1] Jean Calvin, Commentaries on the Epistle of Paul the Apostle to the Romans, John Owen, trad. et éd., Grand Rapids, Baker, 2003, p. 354.


Cet article est adapté du livre : Nous sommes tous des théologiens – R. C. Sproul