Les 3 plus grands dangers pour les églises (John Benton)

Un des plus grands dangers

Un des plus grands dangers aujourd’hui dans ce domaine réside, sans doute, en la façon dont beaucoup de responsables et groupes d’églises se censurent l’un l’autre. Il peut en résulter beaucoup d’amertume et de stérilité si nous ne prenons pas garde. 

Il est très clair dans la Bible que tous les chrétiens ont la responsabilité de chercher à reprendre les autres au sein de l’église s’ils les voient faire fausse route d’une façon ou d’une autre. Si on voit un frère ou une sœur tolérer quelque péché grossier, on a alors le devoir d’aller trouver la personne en question, dans un esprit de grâce, et d’essayer de l’amener à la repentance. Le Nouveau Testament expose clairement les principes d’une telle démarche.

Il faut tout d’abord lui parler avec amour sur la chose en question, et essayer de gagner l’autre afin qu’il se repente. S’il refuse d’écouter, on doit alors essayer de nouveau, cette fois avec l’autorité de l’église pour nous appuyer. Mais s’il continue à refuser d’écouter, on doit alors, hélas, lui retirer notre communion et avertir les autres de s’éloigner de lui (Matthieu 18:15-30 ; 2 Thessaloniciens 3:6-14 ; Tite 3:9-11). Dans le Nouveau Testament, le désir de restaurer la personne motive toujours de telles démarches. Nous devons aspirer à cela de tout notre cœur. 

Le concept de vérité est peu à la mode

À l’époque actuelle, dans l’Église au sens large, le concept de vérité est malheureusement peu à la mode. Le Nouveau Testament enseigne en revanche qu’il faut veiller à la vérité. Il est bon que toutes les églises réellement fondées sur l’Évangile biblique aient entre elles un dialogue doctrinal. Nous devons reconnaître que d’autres chrétiens authentiques peuvent, en toute bonne conscience, avoir des divergences avec nous dans certains domaines, et il nous faut résister à la tentation de nous couper d’eux. Mais, lorsqu’une déviation de l’enseignement des Écritures affecte le cœur de l’Évangile et la gloire de Dieu, il est nécessaire d’entreprendre quelque chose à ce sujet.

Selon les paroles de Thomas C. Hammond, nous devons veiller à ne pas «abandonner les principes fondamentaux de la foi et de la pratique chrétiennes dans un zèle dévoyé pour l’unité. Nous pourrions devenir comme les chèvres de Robinson Crusoé ! Il avait construit un enclos si vaste que celles qui se trouvaient à l’intérieur étaient aussi sauvages que celles de l’extérieur.» 

Dans l’erreur par simple ignorance

Certains se trouvent dans l’erreur par simple ignorance, peut-être parce qu’il s’agit de jeunes chrétiens. Nous devons agir avec douceur et gentillesse avec de telles personnes. Mais, lorsque des gens qui devraient avoir de la connaissance enseignent des choses fausses et refusent d’être repris, alors le Nouveau Testament enseigne nettement qu’on doit se séparer d’eux (2 Jean 10 ; Jude 12 ; Galates 1:8,9). Nous devons avoir un profond respect pour la pureté de l’Évangile que Christ a établi au prix de son propre sang. 

Lorsqu’on s’engage dans le processus difficile de reprendre un frère, il est toutefois essentiel de le faire dans un esprit juste. Qu’il s’agisse de la discipline dans l’église locale ou d’éclaircir les différences qui existent entre des dénominations ou des associations, il est indispensable que cela se fasse dans un esprit d’amour et d’humilité, avec le désir sincère du bien de ceux avec qui nous divergeons. En l’absence de cet esprit-là, il est très probable que nous nous apercevrons bientôt que, dans une large mesure, le Saint-Esprit est absent de nos réunions. 

1. On peut juger les autres trop rapidement 

Un incident fameux se produisit durant la Seconde Guerre mondiale à la prison de haute sécurité pour les prisonniers de guerre, au château de Colditz. Vers la fin de 1941, les nazis essayèrent de persuader les officiers français et belges prisonniers de commencer à travailler pour l’Allemagne. Il n’y eut aucune réponse le premier jour, sinon des rires et des moqueries. Le second jour, un aspirant français, Paul Durand, s’avança vivement et dit : «Je voudrais travailler pour les Allemands.» Il y eut un sursaut d’étonnement parmi les prisonniers, et le visage de l’officier allemand rayonna. 

«Vous voulez vraiment travailler pour le Reich ? 

– Oui, j’aimerais mieux travailler pour vingt Allemands que pour un Français.» 

Surprise de plus en plus grande chez les prisonniers. 

«Entendu, quel est votre nom ? 

– Je m’appelle Durand, et je veux qu’il soit bien clair que je préférerais travailler pour vingt Allemands que pour un seul Français. 

– Bien ! Quelle est votre profession ? 

– Croque-mort !»

Essayez d’imaginer les pensées des autres prisonniers en voyant Durand s’avancer de cette façon tellement inattendue. Ils auraient pu tellement vite en tirer des conclusions ! Mais ils auraient eu tort ! De la même façon, ne nous emballons pas trop vite et ne condamnons pas d’autres chrétiens quand ils se lancent dans une entreprise que nous n’aurions pas envisagée. Certains d’entre eux accompliront peut-être ainsi un véritable exploit pour le Seigneur. Il est possible que d’autres agiront de façon insensée, mais assurons-nous de nos informations et de l’esprit qui nous dirige avant de commencer à critiquer. 

2. On peut juger les autres pour essayer de se justifier soi-même 

Des frères en Christ entreprennent peut-être une nouvelle œuvre et il semble qu’ils obtiennent le succès qui m’échappe depuis des années. Quelle tentation que de chercher à les prendre en faute dans le simple but de me trouver une excuse ! Quelle tentation de taxer de «superficiel» un effort d’évangélisation couronné de succès, plutôt que d’admettre la possibilité que mes frères en Christ puissent avoir plus de foi et de dons que je n’en possède ! À quel point il est facile d’être égocentrique ! Bien entendu, il y aura des choses superficielles, des efforts fondés sur des méthodes médiatiques charnelles, ou d’autres choses de ce genre. Mais, lorsque tel est le cas, est-ce qu’un sentiment de réelle tristesse m’habite, ou plutôt une sorte d’allégresse méprisante, le sentiment d’avoir marqué un point contre «l’opposition» ? Est-ce qu’un esprit d’amour m’habite ?

3. On peut se plaire à juger les autres 

Jésus raconte une parabole très solennelle : 

«Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens pour leur donner la nourriture au temps convenable ? Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi ! Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens. Mais, si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir, s’il se met à battre ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Matthieu 24:45-51). 

Je comprends cette parabole dans le sens que les serviteurs dont il est question au début représentent des responsables d’église, «établis sur ses gens pour leur donner la nourriture au temps convenable». Jésus montre qu’il y a plus d’une manière pour un tel responsable de se révéler être un hypocrite qui n’appartient pas au Seigneur. Il y a la vie immorale qu’il mène en secret, «il mange et boit avec les ivrognes».


Oui, il est vrai que nous avons besoin de nous reprendre les uns les autres, mais, oh, avec quelle prudence nous devons le faire ! 


Il semble y avoir aussi chez ce serviteur insensé un plaisir vicieux à battre les autres serviteurs. Il est peu probable que le Seigneur pense à un homme qui attaque physiquement son assemblée ou d’autres serviteurs. Il désigne plutôt le prédicateur au zèle étroit, dont la plus grande volupté consiste à raconter à tout le monde l’erreur de tel ou tel frère, alléguant pour cela des raisons on ne peut plus vagues. Oui, il est vrai que nous avons besoin de nous reprendre les uns les autres, mais, oh, avec quelle prudence nous devons le faire ! 

Prends garde à toi-même

Paul écrit : «Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté» (Galates 6:1). La tentation de tomber dans le même péché que celui auquel nous essayons d’arracher notre frère peut bien nous assaillir. Il y a aussi la tentation, beaucoup plus subtile, d’être si rempli d’orgueil qu’on cherche à en imposer aux autres. 

Jésus dit : «On vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez» (Matthieu 7:2). Comment devient-on stérile et comment perd-on le contact avec Dieu ? Une façon pour cela consiste à critiquer durement les autres et à leur retirer notre communion. Il est possible que nous ouvrirons les yeux un jour et nous verrons que Dieu aussi nous a retiré sa communion. 

«N’avons-nous pas tous un seul père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi donc sommes-nous infidèles l’un envers l’autre, en profanant l’alliance de nos pères ?»


Cet article est adapté du livre : « Où est l’honneur qui m’est dû ? » de John Benton