L’élection inconditionnelle (John Benton)

Quelle est l’origine de l’amour de Dieu pour les pécheurs corrompus, cet amour qui seul mène au salut ?

Tournons-nous vers la lettre de Paul aux Éphésiens pour voir la réponse de l’apôtre.

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ! En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui ; il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce dont il nous a favorisés dans le bien-aimé. En lui, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés, selon la richesse de sa grâce.

L’élection de toute éternité des pécheurs par Dieu

Lors d’une élection démocratique, le peuple élit un candidat pour le représenter ; mais ici, l’apôtre Paul nous dit que, dans son amour, Dieu a élu ces pécheurs, à Éphèse et ailleurs, avant la création du monde. « En lui Dieu nous a élus […] il nous a prédestinés dans son amour. » La théologie réformée nomme l’élection de toute éternité des pécheurs par Dieu « l’élection inconditionnelle ». Bien sûr, lorsque des personnes deviennent chrétiennes, c’est de leur propre volonté qu’elles choisissent Dieu. Qu’est-ce qui les a conduits à faire ce choix étrange et inhabituel ? Selon le Nouveau Testament, les pécheurs choisissent Dieu parce que Dieu les a choisis en premier. Évidemment, cela découle logiquement de la dépravation totale.

En tant que pécheurs, nous sommes « morts par nos offenses et par nos péchés ». Laissés à nous-mêmes, nous ne sommes pas enclins à marcher vers Dieu ni capables de le faire. Pour y arriver, Dieu doit prendre les rênes et nous rendre à la fois disposés et capables de faire ce qui est contraire à notre nature déchue. Cette initiative de Dieu, pleine de miséricorde, trouve son origine dans le décret de l’élection inconditionnelle.

Nous choisissons Dieu parce qu’il nous a choisis

Il nous faut cependant montrer ici un peu de prudence, parce qu’un profond mystère entoure les décrets de Dieu. Le Tout-Puissant est bien plus grand que ce que nous, ses créatures, ne pouvons saisir. Nous sommes limités et ne pourrons jamais percer l’énigme du lien qui existe entre les desseins souverains du Tout-Puissant et les décisions très personnelles que nous prenons durant notre vie. Nous savons que nous ne sommes pas des robots ; la conscience (tout comme l’Écriture) témoigne du fait que nous sommes responsables des choix que nous faisons. Nous choisissons librement, bien que conformément à notre nature. Cependant, lorsque nous répondons à l’Évangile et venons librement au Christ, ce ne peut être que parce que Dieu « [nous] a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité».

L’élection inconditionnelle : une doctrine qui anéantit les peurs et les doutes

Cette vérité est merveilleuse. Malheureusement, certaines personnes la trouvent troublante parce qu’elle déclare que Dieu est celui qui est aux commandes. Nous nous plaisons à nous voir comme les maîtres de notre destin, mais la Bible détruit l’orgueil humain en proclamant que Dieu est souverain.

Pourtant, ne voyons-nous pas comment cette doctrine incommodante peut être utilisée pour surmonter une peur souvent inexprimée de la part de beaucoup de personnes qui entendent l’Évangile ? Certains écoutent lorsqu’on leur parle de Jésus qui est mort pour les pécheurs et qu’on les appelle à se détourner du péché et à recevoir Jésus-Christ comme Sauveur. Mais beaucoup ont peur que Dieu ne soit pas bon envers eux même s’ils se tournent vers le Christ. Bien conscients de leurs propres péchés et incapables de saisir l’immensité de l’amour de Dieu pour les pécheurs, ils doutent sérieusement que Dieu les accueille chaleureusement s’ils viennent au Sauveur. Le mieux qu’ils peuvent espérer serait une espèce de tolérance réticente. Satan, l’ennemi de nos âmes, utilise souvent de telles pensées pour inciter les gens à ne pas franchir les portes du royaume de Dieu.

Toutefois, la doctrine de l’élection anéantit de telles peurs et de tels doutes une fois pour toutes. Si nous nous sentons attirés vers le Christ, c’est ultimement l’action de Dieu. Si nous cherchons le Seigneur Jésus, c’est parce qu’il nous a délibérément cherchés. Jésus dit : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » De plus, il ajouta : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire».

Si les pécheurs trouvent Jésus-Christ, ils recevront bientôt le plus chaleureux des accueils. Ils sont « attirés » au Christ par le Père. Loin d’être des imposteurs à la fête du salut de Dieu, ils ne sont rien de moins que les « V. I. P. » qu’il a lui-même choisis. Par conséquent, avec une telle garantie absolue de l’accueil de Dieu, la doctrine de l’élection inconditionnelle exhorte les pécheurs à venir au Christ.

Le choix libre, souverain et inconditionnel de Dieu

Cependant, cette vérité du choix de Dieu va plus loin. Elle nous apprend que l’élection de Dieu est inconditionnelle. Dans les mots de Paul cités plus haut, Dieu nous a « généreusement » favorisés de cette grâce et de ce salut « dans le bien-aimé». Les pécheurs ne sont pas élus sur la base d’un mérite, d’une vertu ou d’une capacité qui se trouverait en eux. Dieu ne les a pas non plus élus parce qu’il avait vu d’avance qu’ils feraient quelque chose qui mériterait sa bonté. Une telle idée nie le caractère généreux du salut de Dieu – un caractère généreux dont l’apôtre Paul parle ici, et ailleurs, dans ses lettres. La grâce de Dieu est absolument gratuite. Dieu « nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels». La grâce nous vient en Jésus-Christ, et la seule raison derrière cette grâce de l’élection est le propre plaisir et la propre volonté de Dieu ; elle n’a rien à voir avec le fait de remplir certaines conditions. Sa grâce est gratuite.

Une vérité tellement libératrice pour les non-convertis

Lorsque l’on approche les gens avec l’Évangile, beaucoup répondent en disant : « Désolé, ce n’est pas mon genre. » Certains peuvent même se dire à eux-mêmes : « J’aimerais vraiment savoir que je suis pardonné et que j’irai au ciel quand je mourrai, mais je me connais trop bien et je ne suis tout simplement pas du genre religieux. » Mais cette merveilleuse doctrine de l’élection inconditionnelle déclare haut et fort que Dieu ne choisit pas les gens d’un certain « genre ». En fait, Dieu a choisi tous les « genres », sans condition !

Je me demande parfois pourquoi la vérité de l’élection inconditionnelle occupe une place aussi importante dans l’épître de Paul aux Éphésiens. Même si je ne peux en être certain, une partie de la réponse réside peut-être dans le genre de ville qu’était Éphèse. Les Actes des apôtres relatent de quelle manière Paul porta l’Évangile dans cette grande cité de la province romaine d’Asie Mineure. L’idolâtrie et la magie en tous genres y étaient monnaie courante. Les Éphésiens de l’Antiquité étaient fervents d’astrologie et d’horoscope. Ils croyaient que la position des planètes au moment de notre naissance déterminait le genre de personne que l’on devenait et les événements qui arriveraient dans notre vie. Les gens étaient alors classés en différentes catégories : « Je suis Sagittaire ; tu es Gémeaux », etc.

De nos jours, les gens font la même chose, non seulement en lien avec l’astrologie, mais aussi avec les tests psychologiques. Nous sommes divisés en différents groupes : introvertis et extravertis, ou bien sensibles et intuitifs. Le test de personnalité de Myers-Briggs peut vous classer dans la catégorie E. S. T. J. ou I. N. F. P., etc. N’avons-nous pas tous tendance à évaluer la personnalité des autres ? Nous disons : « Il est un peu solitaire » ou « cette fille est frivole ». Cette façon de penser nous incite à nous placer nous-mêmes dans l’une de ces catégories, et nous pouvons bien en conclure : « Je ne suis pas le bon type pour Dieu ».

Dieu a choisi tous les types de personne

Toutefois, l’élection inconditionnelle annihile un tel raisonnement. Dieu ne choisit pas de sauver et de transformer en chrétien un type de personnes précis. Le choix de Dieu est libre. L’Écriture témoigne qu’il a choisi tous les types de personnes, allant d’un Samson sensuel et fêtard à un Jacob fourbe et menteur, en passant par la belle et gentille Esther ou le religieux bigot et meurtrier Saul de Tarse. Il a choisi des pauvres et des riches, des citoyens respectables et des criminels détestables, des hétérosexuels et des homosexuels ; tous font l’objet de sa grâce transformatrice. Il n’y a pas de contraintes d’âge, de classe, de genre ou d’ethnie. La Bible nous dit expressément qu’il a choisi des gens de toutes langues, de toutes tribus et de toutes nations pour qu’ils héritent de son salut. Il n’y a pas de restrictions à la grâce offerte gratuitement.

Par conséquent, nous pouvons dire aux pécheurs : « Si Dieu a choisi des gens de tous genres, pourquoi ne vous aurait-il pas choisis ? » Puisque leur argument, « Je ne suis pas le bon type », ne tient pas la route, qu’est-ce qui les mène à être sûrs que Dieu ne les a pas choisis ? De plus, comment savoir qui Dieu a choisi ? Peut-on le deviner simplement en regardant les autres ? Non. Avant leur conversion, les élus ne possèdent pas de signes distinctifs. Ce sont des pécheurs et ils font ce que les pécheurs font. Voilà une bonne raison pour le prédicateur de présenter l’Évangile à tout le monde dans l’assemblée et pour l’évangéliste d’offrir le Christ à tous.

Un pécheur pourrait être tenté de demander : « Comment savoir si Dieu m’a choisi ? » Ces pécheurs ne connaîtront pas la réponse en se regardant dans un miroir. Ils ne le sauront que par leur façon de répondre à l’appel de l’Évangile : « Acceptes-tu Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur ? » Si leur réponse est un « oui » sincère, alors Dieu est à l’œuvre pour les sauver. Une telle réaction positive qui s’ensuit d’un engagement permanent et d’une vie qui ressemble de plus en plus à l’image du Christ, rend évident aux yeux de tous que Dieu les a choisis.

Quiconque a besoin d’être sauvé

Nous trouvons dans cette doctrine une logique certaine et irrésistible exhortant les hommes à ne pas hésiter, mais à venir immédiatement au Christ. Si elles sont correctement comprises et proclamées avec compassion, les doctrines de la grâce renversent toutes les barrières pour amener les pécheurs au Christ. C’est une tragédie lorsque ceux qui s’opposent aux doctrines de la grâce en donnent une image fausse et prétendent qu’elles font partie d’une théologie surannée et inappropriée sur le plan de l’évangélisation. Ces doctrines font partie de la glorieuse vérité de Dieu et doivent être proclamées avec joie haut et fort. Ces vérités soulignent le fait que quiconque a besoin d’être sauvé, peu importe ce qu’il a fait, peut venir à Jésus-Christ tel qu’il est.


Cet article est tiré du livre : Le calvinisme et l’évangélisation de John Benton