Le symbole des apôtres comme base de l’unité chrétienne (Daniel Henderson)

« En quoi dois-je croire pour être chrétien? » C’est l’une des questions les plus répandues au sein de la chrétienté. Un sondage nous fournirait de nombreuses réponses comme celles-ci : Jésus est le Seigneur; il est le Sauveur; il est Dieu lui-même; il est le seul chemin vers le salut; il est la justification par la foi seule; et la Bible est infaillible. Souvent, notre réplique à ces affirmations provoque deux effets, soit elle requiert une étude approfondie pour être comprise, soit elle marginalise les chrétiens dans la catégorie des non-chrétiens. Ce problème se pose lorsque nous rendons essentielle une vérité qui est, en fait, secondaire.

Dans le cadre de discussions au sujet des exigences théologiques de la conversion chrétienne, il est important de nous rappeler de ce que nous savions et croyions sur le plan de la théologie au moment de notre propre conversion. Selon l’éducation culturelle de chacun, il est possible qu’on ait compris les réalités du christianisme ou qu’on ne les ait pas saisies du tout. Vous avez peut-être entendu l’Évangile par l’intermédiaire d’un ami ou lors d’une rencontre de votre Église, et votre vie chrétienne n’a jeté ses bases que sur quelques notions fondamentales de la foi chrétienne. Je crois qu’il est impossible de rédiger une liste des exigences théologiques minimales pour être considéré un chrétien. C’est l’affaire de Dieu seul. Au bout du compte, soyons reconnaissants que le salut nous a été obtenu par Christ et que nos connaissances théologiques ne sont pas le moyen par lequel nous puissions être sauvés. Elles sont plutôt le signe extérieur d’un don intérieur.

La définition la plus claire et concise du christianisme fondamental que l’Église, à travers son histoire, a choisie est le Symbole des Apôtres. C’est au deuxième siècle de notre ère que le Symbole a pris naissance, et il est connu sous sa forme actuelle depuis le sixième siècle. Il constitue la base théologique sur laquelle tous les chrétiens peuvent s’appuyer. Toutefois, tous les éléments de ce Symbole ne sont pas des vérités essentielles (par exemple, il n’est pas nécessaire de savoir qui est Ponce Pilate pour être chrétien). Il vise surtout à établir une théologie chrétienne unifiée.

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.

Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, et qui est né de la vierge Marie; il a souffert sous Ponce Pilate; il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, il est descendu aux enfers; le troisième jour, il est ressuscité des morts; il est monté au ciel, il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant; il viendra de là pour juger les vivants et les morts.

Je crois en l’Esprit saint; je crois en la Sainte Église universelle, en la communion des saints, en la rémission des péchés, en la résurrection de la chair et en la vie éternelle. Amen.

Le choix du Symbole des Apôtres pour définir la base du christianisme pousse l’unité et la diversité de l’Église au premier plan. Au milieu de tant de différences qui divisent l’Église aujourd’hui, une liste de doctrines réussirait-elle à unir les chrétiens? Comme le Symbole le déclare, les véritables chrétiens dispersés sur toute la terre forment une « Sainte Église catholique ». Malgré ses divisions intestines, le corps de Christ est théologiquement unifié du fait même que les chrétiens s’entendent sur un certain nombre de croyances fondamentales qui les distinguent des sectes ou d’autres religions du monde. Les apôtres faisaient référence à l’unité de l’Église aux versets 4 et 5 du chapitre 4 de l’Épître aux Éphésiens :

Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême.

En effet, tous les chrétiens devraient se donner comme objectif l’unité doctrinale de l’Église. Jésus lui-même priait à cette fin aux versets 22 et 23 du chapitre 17 de l’Évangile de Jean :

Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un — moi en eux, et toi en moi —, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé.

Alors que les chrétiens ont tendance à s’unir plutôt avec ceux qui leur ressemblent le plus et traitent en adversaires ceux avec qui ils ont peu en commun, notre Seigneur, lui, nous exhorte tous à l’unité. C’est pourquoi nous ne devons jamais laisser nos différences nous distraire de l’immense héritage que nous avons en commun en Christ. Par ailleurs, au lieu de nous décourager à propos de l’échec des chrétiens à s’entendre sur tous les points de doctrine, reconnaissons que, jusqu’à un certain point, ils se mettent d’accord sur les principes essentiels de la foi. En ce sens, la théologie chrétienne est une réalité unifiée; et même plus, il est de notre ressort de promouvoir la croissance de cette unité théologique au sein du corps de Christ.

Ainsi nous ne serons plus […] entraînés à tout vent de doctrine […] mais en disant la vérité avec amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ. De lui, le corps tout entier bien ordonné et cohérent, grâce à toutes les jointures qui le soutiennent fortement, tire son accroissement dans la mesure qui convient à chaque partie, et s’édifie lui-même dans l’amour.

Éphésiens 4,14-16

Le dessein de Dieu à l’égard de l’Église n’est pas la fragmentation théologique, mais l’accroissement de notre unité théologique fondée sur les Écritures. Bien que les chrétiens soient plus ou moins unis, nous devons prendre conscience de la diversité parmi nous et de l’accepter. Par conséquent, il y a une place pour des perspectives diverses en théologie, ce que Vern Poythress appelle une Théologie symphonique.

À ce point de notre exposé, nous disons qu’il existe une certaine unité en matière de théologie chrétienne. Maintenant, penchons-nous sur la diversité de la théologie chrétienne, sur sa validité et sa source. Quand je parle de sa diversité, je ne déclare pas que toutes les opinions et tous les points de vue de la Bible soient également vrais et importants. Cependant, la validité de multiples perspectives en matière de théologie provient, d’un côté, de la richesse de la vérité et de l’autre, de la compréhension limitée que nous, humains, pouvons en avoir. Nous n’arrivons à en connaître que trop peu de facettes. La diversité de la théologie chrétienne nous permet alors de découvrir des choses au sujet de Dieu que seul notre point de vue ne peut nous montrer.

Enfin, en quoi doit-on croire pour être chrétien? Dans l’Épître aux Romains, Paul nous explique que si nous confessons de notre bouche le Seigneur Jésus et si nous croyons dans notre cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous serons sauvés (Romains 10,9). L’Église d’aujourd’hui, quant à elle, ne cesse de compliquer à l’excès le christianisme. Comme Larry Osborne l’expose, nous devenons accidentellement des pharisiens. Souvenez-vous du moment où vous avez décidé de suivre Christ. Votre confession devait probablement manquer de profondeur. John Piper n’est pas né de nouveau en enseignant la complexité de la doctrine de la grâce. Il est important ici de nous rappeler que ce n’est pas notre modèle théologique qui nous sauve, mais c’est la personne de Jésus. Une fois que nous saisissons ce fait, il devient plus facile de juger les autres traditions théologiques du christianisme comme différentes pièces de musique plutôt que comme des sons cacophoniques. Nous commençons ainsi à percevoir le large éventail des théologies chrétiennes comme un orchestre composé de musiciens imparfaits qui jouent une pièce à l’aide d’instruments mal accordés devant un Dieu merveilleux et glorieux.