Le salut n’est pas un « Sortez-de-prison-sans-frais » (Kevin DeYoung)

Parmi les cinq prétendus points du calvinisme, la plupart des gens veulent soutenir celui-ci : la persévérance des saints. Et pourtant, c’est aussi celui que peu de gens comprennent correctement. De nombreux chrétiens s’en tiennent volontiers à la doctrine de la « sécurité éternelle, » ou à laquelle on attribue les mots « sauvé un jour, sauvé pour toujours ». Et c’est très bien – enfin, peut-être. Tout dépend de ce qu’ils comprennent par ces maximes.

Trop souvent, les enfants de Dieu ont une vision mécanique du salut et, par conséquent, une conception non biblique de la sécurité éternelle. Ils considèrent le fait d’avoir été « sauvé » comme quelque chose qu’ils ont forcément acquis le jour où, lors d’un appel au salut, ils se sont avancés à l’avant de l’Église, ont levé la main, ont prononcé la prière de repentance ou encore ont jeté leur pomme de pin dans le feu à la fin d’un camp d’été. Une fois cette étape franchie, eh bien, ils seraient « sauvés un jour, sauvés pour toujours ». Quoi qu’ils fassent ou qu’ils disent, quelle que soit leur manière de vivre, du moment qu’ils ont accompli cette action magique du salut, ils ont pour toujours une carte « sortez-de-prison-sans-frais », et Dieu sera obligé de les racheter au dernier jour.

La persévérance et la préservation

Ce n’est pas ce que la Bible enseigne. Ceux qui « [croient] au nom du Fils de Dieu » ont déjà « la vie éternelle » (1 Jn 5.13). Mais en même temps, ceux qui « sont sortis du milieu de nous, » démontrent ainsi qu’ils « n’étaient pas des nôtres » (1 Jn 2.19). La doctrine des Canons de Dordrecht ne consiste pas en une carte maîtresse spirituelle qui invaliderait toutes les autres preuves (ou absence de preuve). On n’a qu’à réfléchir à ces deux mots commençant par la lettre P : la persévérance et la préservation. Il ne s’agit pas d’une doctrine pour encourager la léthargie spirituelle ou le laxisme moral. Elle a plutôt pour effet de motiver le chrétien à persévérer de façon active dans la foi, la repentance et la piété, car il a confiance que Dieu préservera infailliblement les élus. Le cinquième point de Dordrecht traite entièrement de ce que Dieu accomplit en nous pendant que nous mettons en œuvre notre salut avec crainte et tremblement (voir Ph 2.12,13).

Au bout du compte, la sécurité éternelle est merveilleusement vraie, et nous pouvons y croire, une fois que nous sommes sauvés, nous le sommes pour toujours. Nous devons cependant aller au-delà de ces maximes pour étudier les doctrines plus robustes du cinquième point. Ce n’est qu’en examinant le souci théologique et la préoccupation pastorale de Dordrecht que nous verrons de quelle manière le soutien par la grâce fonctionne et à quel point c’est une bonne nouvelle.


Cet article est tiré du livre : La grâce définie et défendue de Kevin DeYoung