Le cœur de la loi de Dieu : des dix commandements à Jésus

Pendant des siècles, l’Église chrétienne a accordé une attention particulière aux dix commandements. Dans ses commentaires, Jean Calvin consacre des centaines de pages à leur explication, et dans son Institution de la religion chrétienne, il les décrit et les explique comme le résumé de la loi morale de l’Ancien Testament (2.8.1). Que nous soyons d’accord ou non avec tous les aspects de l’exposé de Calvin, la plupart des commandements, sinon tous, sont explicitement répétés dans le Nouveau Testament et, comme nous le verrons plus loin, les commandements eux-mêmes expriment le cœur de la loi de Dieu de manière unique.

Afin de mieux comprendre le rôle des dix commandements, nous devons comprendre leur place dans l’Ancienne Alliance elle-même. Bien que les chrétiens ne vivent pas sous l’Ancienne Alliance en tant que telle (nous ne sommes « pas sous la loi », Romains 6.14-15 ; 1 Corinthiens 9.20 ; Galates 5.18), il est important pour nous de comprendre ces « dix paroles » et leur lien avec l’alliance, car elles créent un modèle qui se répète également dans la nouvelle alliance.

Les plus grands commandements

Lorsque les chefs du peuple juif ont demandé à Jésus quel était le plus grand commandement de la loi, il n’a pas répondu en énumérant les dix commandements. Il a plutôt dit :

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premier commandement et le plus grand. Et voici le deuxième, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (Matthieu 22.37-40)

Jésus a enseigné que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont le fondement du reste des commandements de l’Ancien Testament. En d’autres termes, tout le reste de ce que Dieu demande à son peuple est impossible s’il n’aime pas Dieu de tout son être et s’il n’aime pas son prochain comme lui-même.

Quel est donc le rapport entre ces commandements et les Dix Commandements ? Pourquoi Jésus ne leur a-t-il pas simplement cité Exode 20 ? Pour le savoir, nous devons examiner la relation entre l’alliance et les commandements, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.

Livrés à l’amour

Dans Galates 5.13-14, Paul exhorte les Galates à utiliser leur liberté comme une opportunité de s’aimer les uns les autres. Il écrit :

Frères et sœurs, c’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour suivre les désirs de votre nature propre. Au contraire, soyez par amour serviteurs les uns des autres. En effet, toute la loi est accomplie dans cette seule parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Il souligne ici le lien étroit entre la liberté et l’appel à aimer son prochain. Dans les quatre premiers chapitres de Galates, cette liberté est décrite comme la liberté en Christ, qui s’oppose à l’esclavage qui vient du fait de chercher à être justifié devant Dieu par la loi. Par Christ, nous avons été libérés de cet esclavage du péché. C’est pourquoi Galates 5 commence ainsi : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme dans cette liberté et ne vous placez pas de nouveau sous la contrainte d’un esclavage. » (Galates 5.1)

Le passage de l’œuvre précédente de rédemption de Dieu à son commandement d’aimer son prochain est similaire à ce que nous trouvons dans Exode 20. Dans le prologue des dix commandements, le Seigneur rappelle à son peuple son œuvre antérieure de rédemption de l’esclavage en Égypte : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Égypte, de la maison d’esclavage. » (Exode 20.2) Comme nous l’avons vu en Galates, l’œuvre de Dieu consistant à racheter son peuple de l’esclavage vient avant les commandements qu’il donne à son peuple. La description du chercheur néerlandais Jochem Douma s’applique aussi bien à Exode 20 qu’à Galates 5 : « Les commandements suivent l’évangile de la délivrance imméritée. » (The Ten Commandments, 4 ; trad. Les dix commandements)

Dieu et le prochain

Une fois cette compréhension en place, nous pouvons mieux comprendre le lien entre les plus grands commandements et les dix commandements. Dans Galates 5, le commandement d’aimer notre prochain est fondé sur l’œuvre préalable de rédemption de Dieu. Dans Exode 20, les dix commandements sont fondés sur l’œuvre préalable de rédemption de Dieu. De plus, beaucoup ont remarqué un lien étroit entre l’amour de Dieu dans la première partie des Dix Commandements et l’amour du prochain dans la seconde partie.

En lisant les commandements, cette description paraît se vérifier. Les quatre premiers commandements impliquent une loyauté exclusive envers le Seigneur, en évitant le culte des idoles, en ne prenant pas le nom du Seigneur en vain et en gardant le jour du sabbat consacré à Dieu (Exode 20.1-11). Vous pouvez voir comment ces commandements sont orientés vers Dieu. Parce qu’il les avait rachetés de leur esclavage, le peuple de Dieu était maintenant libre de l’honorer et de l’adorer comme il l’avait ordonné. Les six commandements suivants sont orientés vers les autres. Honorer son père et sa mère, ne pas tuer, ne pas commettre d’adultère, ne pas voler, ne pas porter de faux témoignage et ne pas convoiter sont autant de façons de faire passer les droits des autres avant les siens (Exode 20.12-17). En d’autres termes, l’amour de Dieu et l’amour du prochain, tels qu’ils sont exprimés dans les dix commandements, sont tous deux ancrés dans l’œuvre de Dieu lors de l’exode, lorsqu’il a sauvé son peuple de l’esclavage en Égypte.

Pourquoi une nouvelle alliance ?

À ce stade, vous vous demandez peut-être pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle alliance. Si la structure de l’ancienne et de la nouvelle alliance est si similaire, pourquoi ne pas s’en tenir à l’Ancienne Alliance ? Aussi grande qu’ait été l’œuvre de Dieu dans l’exode, elle n’était qu’une indication d’une plus grande œuvre de rédemption encore à venir. Hébreux 4.8 nous dit que le repos dont le peuple de Dieu a bénéficié lorsque Josué l’a conduit dans la Terre Promise indiquait un plus grand repos à venir. Plus loin dans Hébreux, l’auteur nous dit que la loi n’est qu’« une ombre des biens à venir, et non l’exacte représentation de la réalité » (Hébreux 10.1).

Dieu voulait à la fois que la rédemption d’Israël de l’esclavage en Égypte et l’alliance de la loi elle-même soient incomplètes et insuffisantes. Ils indiquaient une plus grande œuvre de rédemption à venir. Nous pouvons voir l’insuffisance de l’alliance de la loi se manifester dans la vie d’Israël tout au long de l’Ancien Testament. Les israélites n’étaient pas disposés (et donc pas capables) d’aimer Dieu et d’aimer leur prochain comme les dix commandements le leur demandaient. Ils avaient besoin d’une plus grande rédemption par un plus grand rédempteur que Josué ou Moïse.

Cette plus grande rédemption est exactement ce que Paul nous indique dans Galates 5. Par Christ, nous avons été libérés de notre esclavage le plus profond. Christ nous a rachetés non seulement de l’esclavage physique, mais aussi de l’esclavage du péché dans lequel nous sommes tous nés. Grâce à cette rédemption, nous sommes maintenant libres d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain comme la loi l’a toujours voulu.

Lorsque nous comprenons la relation entre la loi et l’alliance, nous pouvons nous tourner à nouveau vers la question de savoir comment les chrétiens doivent accomplir ces commandements à la lumière de l’œuvre de Christ. Que nous pensions ou non que neuf, dix ou zéro commandements nous concernent immédiatement aujourd’hui, nous pouvons tous voir que ce n’est que par l’œuvre supérieure de Christ, qui nous a rachetés de notre esclavage au péché, que nous pouvons commencer à vraiment aimer Dieu et à aimer notre prochain comme nous le devons.