Le cerveau ne peut pas pousser une personne à pécher (Ed Welch)

La première application pratique d’une conception biblique du coeur et du cerveau, c’est que le cerveau ne peut pas nous pousser à pécher. Si l’on dit que le corps ne peut pas nous pousser à pécher, beaucoup de gens seront d’accord. Après tout, un bras cassé, une lombalgie aiguë ou une maladie cardiaque peuvent être source de douleurs, sans toutefois nous pousser à pécher. Cependant, pour une raison quelconque, lorsqu’on présume que le problème est d’origine cérébrale, on excuse souvent le péché. Par exemple, considérons cet extrait d’un quotidien :

Un juge a rejeté une accusation de conduite en état d’ivresse contre une femme qui a déclaré souffrir du syndrome prémenstruel lorsqu’elle avait employé un langage grossier et donné un coup de pied à un policier.

La plupart des hommes et des femmes seraient probablement d’accord avec le juge pour dire que le syndrome prémenstruel rend la vie plus difficile et qu’on devrait donner aux femmes un peu de mou juste avant leurs menstruations. On ne peut pas dire que cette femme, qui a agressé un agent de police, n’aurait pas pu s’empêcher de le faire, mais on peut supposer qu’elle ne voulait probablement pas le faire. Elle connaissait une mauvaise journée.

Pourtant, à y réfléchir, on déduit que, même si elle ne voulait pas le faire, elle est quand même responsable de son comportement moral : « Lorsque quelqu’un péchera en faisant, sans le savoir, contre l’un des commandements de l’Éternel, des choses qui ne doivent point se faire, il se rendra coupable et sera chargé de sa faute » (Lé 5.17). Plaider l’ignorance d’une loi défendant de traverser hors des passages réservés peut nous disculper, mais plaider l’ignorance vis-à-vis de la loi de Dieu ne fonctionne pas, d’autant plus qu’on a tous « l’oeuvre de la loi […] écrite dans [le] coeur » (Ro 2.15).

Bien que l’on soit certainement d’accord pour dire que la vie peut être plus difficile à certains moments du cycle menstruel d’une femme, peut-on vraiment se permettre d’excuser une conduite répréhensible en la reprochant au cerveau ? Notons certaines retombées de ce genre de propos. Tout d’abord, cela nous prive du privilège de nous tourner vers Christ pour recevoir la capacité de croître au moyen des difficultés. Si le cerveau est coupable, la seule chose qu’une femme puisse espérer est une certaine mesure de rétablissement physique. En revanche, si elle comprend que son comportement fautif découle du coeur, elle peut prier avec ferveur pour recevoir la capacité de faire confiance à Dieu et de lui obéir juste avant ses règles.

Une seconde conséquence induite quand on excuse le péché est d’ordre politique. Si une femme utilise le syndrome prémenstruel pour excuser le péché, elle se déclare moralement handicapée pendant certaines périodes du mois. Ce faisant, elle met en danger le mouvement des femmes dans son ensemble. Impossible donc pour une femme d’être président, à moins, bien sûr, que la candidate soit ménopausée (en supposant que la ménopause n’influence pas le cerveau). Impossible pour une femme d’accéder à tous les postes où ses décisions quotidiennes peuvent avoir des conséquences sur la vie d’autrui, à moins qu’un médecin ait déterminé qu’elle ne souffrait pas du syndrome prémenstruel.

Le principe biblique selon lequel le cerveau ne peut pas nous pousser à pécher peut paraître sévère et peu compatissant au premier abord, mais, en fait, il nous humanise. Il témoigne du respect. Il nous amène à traiter notre prochain comme un être créé à l’image de Dieu. Il offre également de l’espoir. Certes, il existe des symptômes du syndrome prémenstruel et d’autres problèmes qui sont distinctement physiques et peuvent ne pas s’améliorer. Néanmoins, si ces symptômes s’accompagnent de problèmes spirituels, alors, par la grâce de Dieu, on peut s’attendre à ce que ces problèmes spirituels changent.

Une conséquence au fait que le cerveau ne peut pas nous pousser à pécher est la suivante : le cerveau ne peut pas empêcher quelqu’un de suivre Jésus par la foi et dans l’obéissance. Au contraire, l’apôtre Paul suggère que la faiblesse physique offre l’opportunité d’être spirituellement fortifié. Dans 2 Corinthiens 4.16, il déclare : « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »

Quel bonheur de réaliser que la maladie ne peut pas nous ravir la foi ainsi qu’une connaissance dynamique de Dieu ! Cela donne un nouveau sens au fait que rien, y compris les problèmes cérébraux, ne peut nous séparer de l’amour de Dieu (Ro 8.39). Par la grâce de Dieu, on peut avoir des esprits forts malgré des corps vieillissants. Considérons, par exemple, une femme de soixante-douze ans qui connaît d’importants changements intellectuels à cause de la maladie d’Alzheimer. Même si elle est presque muette et ne se souvient pas de bon nombre de ses visiteurs (y compris de ses propres enfants), elle reste joyeuse. Elle est aimable, gentille et patiente avec tout le monde. Son univers se rétrécit et sa compréhension est limitée, mais elle rappelle souvent aux gens : « Jésus vous aime » et : « J’aime Jésus ». Le corps et l’intellect déclinent rapidement, mais son esprit semble prendre son envol. Par la grâce de Dieu, son cerveau « faible » ne lui ôte pas sa relation avec Dieu.


Cet article est extrait du livre C’est la faute du cerveau !  par Ed Welch.