L’attitude de Christ – 1 Pierre 4.1-2 (John MacArthur)

Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée. Car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui lui reste à vivre dans la chair. (1 Pierre 4.1-2)

Il saute aux yeux que ainsi donc fait référence au passage précédent, à savoir qu’à la croix, Christ a connu sa souffrance la plus vive, qu’il est mort à cause du jugement divin, lui, le juste pour les injustes, mais aussi qu’en acceptant ces choses, il a remporté, pour ceux qui croient, la plus éclatante des victoires sur le péché et sa force de condamnation, sur les forces infernales et sur la puissance de la mort. La croix de Jésus-Christ est la preuve par excellence que la souffrance peut conduire à la victoire sur les forces du mal. Christ ayant souffert dans la chair, les croyants doivent [s’armer] de la même pensée que lui.

Ayant souffert dans la chair, Jésus est mort (3.18 ; voir aussi És 53.10 ; Mt 27.50 ; Ac 2.23) en accomplissant le dessein rédempteur de Dieu. À la croix, le Père l’a fait devenir péché et malédiction pour tous les croyants. Comme le dit Paul : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous – car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois – » (Ga 3.13 ; voir aussi De 21.23). Il est venu « à cause du péché […] dans une chair semblable à celle du péché » (Ro 8.3 ; voir aussi 2 Co 5.21 ; 1 Pi 2.24). De ce fait, il a éprouvé, sans l’avoir mérité, toute la puissance destructrice du péché, acquérant ainsi, pour ses saints, le salut, et pour lui-même la gloire et la reconnaissance éternelles de tous les futurs habitants du ciel (voir Ap 5.8-14).

Avoir la même attitude que le Christ

La première arme dont Pierre veut que les chrétiens s’équipent est la même pensée qui présidait aux souffrances et à la mort de Christ. Cette pensée (cette attitude, cette disposition ou ce principe) se traduit par la sérénité devant la mort parce que les chrétiens savent que c’est cette dernière qui procure la plus grande des victoires (voir 1 Co 15.26,54,55 ; 2 Ti 1.10 ; Ap 21.4). Pierre lui-même a saisi cette opportunité le jour où il a subi le martyre, se montrant fidèle jusqu’au bout (voir Jn 21.18,19).

L’idée n’était pas nouvelle. Jésus avait déjà enseigné : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive » (Lu 9.23). Ou bien, sur le mode négatif : « Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera » (Mt 10.38,39). L’expression « prendre sa croix » n’a, d’une part, aucune connotation mystique et d’autre part, elle implique plus qu’un simple engagement spirituel accru. Lorsque Jésus parle de « prendre sa croix », ses auditeurs comprenaient qu’il faisait allusion à son exécution. Pour eux, ce qu’il voulait dire était clair : ils devaient le confesser en tant que Seigneur, quoi qu’il advienne – même au prix de leur vie. L’apôtre Paul savait ce que signifie le principe contenu dans l’expression « porter sa croix » :

Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous (2 Co 4.8-12 ; voir aussi 1 Co 15.31 ; 2 Ti 4.6).

Au cours de l’Histoire de l’Église, des milliers de martyrs ont bravé la mort (voir Hé 11.13-16,35-38) parce qu’ils s’étaient armés de la même pensée que Jésus-Christ : rester fidèle au Père quoiqu’il en coûte, sachant que la croix précède la couronne. Plus la souffrance du juste est grande, plus importante est sa récompense. Les martyrs réalisent que c’est dans cette vérité que réside le triomphe suprême, parce que les croyants qui meurent en ont fini avec le péché. Le temps parfait du verbe indique un état de libération définitive du péché. Pour Christ, c’était bien sûr le cas, puisqu’il n’a porté la malédiction du péché qu’une seule et unique fois (Hé 7.27 ; 9.12 ; 10.10,12,14). C’est pourquoi les croyants peuvent affronter la mort avec la même attitude que leur Seigneur, sachant qu’à sa venue ils accèdent à un état éternel de sainteté et de perfection, et se voient pleinement libérés de l’influence et des conséquences du péché (voir 1 Co 15.42,43 ; 2 Co 5.1 ; Ap 21.4 ; 22.14,15).

Jésus, le garant de la victoire complète

Jésus est le précurseur ; il est le garant de la victoire complète sur le péché et sur la mort. Après sa mort et sa résurrection, il a revêtu son corps glorifié (Mc 16.9-14 ; Lu 24.36-43 ; Jn 20.19-29 ; voir Ph 3.21) ; il s’est retrouvé libéré des puissances du péché (les démons et les hommes mauvais) auxquelles il s’était exposé de façon délibérée (Mt 4.1-11) en s’incarnant (Jn 1.9-11,14-16 ; Ph 2.6-8) et en portant nos fautes (És 53.4,5 ; Mt 20.28 ; Jn 1.29 ; 2 Co 5.21 ; Hé 2.17 ; 1 Jn 2.1,2). Jésus a affronté la mort de son plein gré « en échange de la joie qui lui était réservée » (Hé 12.2).

Savoir qu’en sa mort il triompherait du péché était pour lui une joie surpassant toutes les souffrances qu’il était appelé à subir en ce monde. Le pire qui puisse arriver à un croyant en proie à des souffrances injustes, c’est la mort ; or cette dernière est en réalité ce qui peut lui arriver de mieux parce qu’elle signifie la délivrance totale et définitive du péché. Si le chrétien prend comme arme le but d’être débarrassé du péché, et si c’est à travers la mort que ce but s’atteint, alors la terrible menace s’évapore et prend même un caractère précieux (voir Ph 1.21 ; 2 Ti 4.18).

Une source d’encouragements pour le chrétien

On peut puiser une source d’encouragements supplémentaire dans le souvenir des ravages causés ici-bas par le péché omniprésent dans notre chair non régénérée ; ce péché qui nous assaille tout au long de notre vie (Ps 38.19 ; Ro 7.5 ; Hé 12.1) surgissant constamment en nous et étendant sa destruction (voir Ja 1.14,15). Le conflit perpétuel entre les chrétiens et le péché les pousse toujours davantage à lui échapper (Ro 7.18,23,24 ; voir aussi Ro 8.20-22 ; 2 Ti 2.19) et à voir se réaliser l’espérance dont parle Paul à Tite : « Jésus-Christ […] s’est donné lui-même pour [les croyants], afin de [les] racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne » (Tit 2.13,14).

Comme Christ est ressuscité à une nouveauté de vie et à l’affranchissement du péché, Dieu a promis ce bonheur aux croyants après leur mort : « Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force » (1 Co 15.42,43 ; voir aussi 1 Co 15.44,49).

Paul résume brillamment la victoire des croyants sur le péché et sur la mort dans les phrases suivantes qui constituent l’apogée de son discours sur la résurrection :

Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! (1 Co 15.54-57.)


Cet article est tiré du livre : 1 Pierre – John MacArthur de John MacArthur