La souffrance dans la vie chrétienne (Sinclair Ferguson)

Nous sommes de très mauvais interprètes de la providence divine, et notre conviction de l’amour du Père pour nous n’est pas ancrée dans les voies de la providence. L’erreur fatale consiste dans ce cas à fonder notre assurance de la grâce et du salut sur l’idée que « Dieu bénit ma vie » : lorsque les choses tournent mal, nous n’avons plus d’ancrage nulle part. Au contraire, Dieu nous ancre à lui en Christ. Il a démontré son amour pour nous précisément à la croix : « Dieu nous montre l’amour qu’il a pour nous : alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous[1]. » Nous ne devrions jamais laisser nos yeux se détourner du Christ crucifié, ressuscité, et régnant maintenant du Ciel ni cesser de voir la providence au travers du prisme de la croix.

Mais de plus, il est important de comprendre que la souffrance peut avoir plusieurs fonctions différentes dans la vie chrétienne.

1) Les épreuves peuvent avoir une fonction corrective : « Avant d’être humilié, je faisais fausse route, mais maintenant, j’observe ta parole… Il m’était bon d’être affligé afin d’apprendre tes préceptes[2]. » Tourmentés par la douleur et le chagrin, nous nous en retournons, comme le fils prodigue, vers le Père qui nous attend et nous ouvre ses bras d’amour. Comme l’exprime Samuel Rutherford : « Oui, quand le Christ, par amour, nous châtie, c’est pour le bien de notre âme ; c’est une sorte de réconfort et de joie de recevoir une tape de la main douce et bienveillante de Jésus[3]. »

2) Les épreuves forgent notre caractère : « Nous tirons fierté même de nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, la persévérance conduit à la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve nourrit l’espérance », dit Paul[4]. Les lois de la vie nous apprennent que la patience ne peut se manifester, s’exercer et se renforcer que dans des circonstances qui peuvent générer de l’impatience ! Ainsi les épreuves, en nous forgeant le caractère, constituent un investissement divin dans nos vies[5].

3) Les tribulations sont des situations au sein desquelles Dieu manifeste sa grâce et sa gloire, pour nous, en nous et à travers nous (ces trois dimensions sont importantes). Ainsi l’écharde dans la chair de Paul est devenue l’occasion pour lui de découvrir que la grâce de Dieu est suffisance et que la puissance du Christ s’accomplit dans la faiblesse[6]. C’est dans la faiblesse qu’il a été rendu manifeste que la puissance de son ministère émanait de Dieu et non pas de lui-même[7]. Et c’est dans le réconfort qu’il a trouvé en Dieu qu’il est lui-même devenu un réconfort pour les autres[8]. Bien plus, Paul n’a pas trouvé en lui-même la réponse à la question « Seigneur, pourquoi ces choses m’arrivent-elles ? », mais dans les autres : « Car sans cesse, nous qui vivons, nous sommes exposés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi rendue manifeste par notre corps mortel. Ainsi, la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous[9]. »

Finalement, bien sûr, les tribulations nous font espérer la gloire, en même temps qu’elles nous y préparent : ce n’est que lorsque nous avons acquis cette sensation du poids de la gloire que nous voyons nos tribulations dans la bonne perspective, comme « légères » et « passagères[10] ».

Il est capital de comprendre que ces tribulations sont des outils entre les mains de notre Père souverain, sans quoi nous ne les verrons jamais dans la bonne perspective, et notre assurance de l’amour de Dieu se verra noyée dans l’épreuve.

Cet article est tiré du livre : Le Christ et ses bienfaits de Sinclair Ferguson


[1]   Ro 5.8.

[2]   Ps 119.67, 71.

[3]   A. A. Bonar, éd., The letters of Samuel Rutherford, Londres, Religious Tract Society, 1891, Lettre 130, p. 255.

[4]   Ro 5.3,4.

[5]   Hé 12.10,11.

[6]   2 Co 12.9.

[7]   1 Co 2.3-5.

[8]   2 Co 1.3-7.

[9]   2 Co 4.11,12.

[10]  2 Co 4.17.