La première grande persécution – Actes 8.1 (John MacArthur)

Il y eut, ce jour-là, une grande persécution, contre l’Église de Jérusalem ; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie. Des hommes pieux ensevelirent Étienne, et le pleurèrent à grand bruit. Saul, de son côté, ravageait l’Église ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait jeter en prison. (8.1-3)

La persécution à laquelle l’Église a été confrontée jusqu’ici était dirigée contre les apôtres et leurs associés qui proclamaient Jésus ressuscité. Pierre et Jean ont fait face à de l’opposition de la part des autorités juives, et Étienne est mort en martyr. Jusqu’ici, toutefois, aucune persécution n’a visé les membres de l’Église, ce qui changera rapidement.

Le jour même de la mort d’Étienne, il y a donc une grande persécution, contre l’Église de Jérusalem. Cette persécution, déclenchée par le meurtre d’Étienne, est dirigée par un Juif helléniste du nom de Saul de Tarse. C’est un brillant élève de Gamaliel, vénéré rabbi, et il est « plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de [son] âge et de [sa] nation, étant animé d’un zèle excessif pour les traditions de [ses] pères » (Ga 1.14). Comme il en témoignera lui-même, il est « Hébreu né d’Hébreux ; quant à la loi, pharisien ; quant au zèle, persécuteur de l’Église ; irréprochable à l’égard de la justice de la loi » (Ph 3.5,6). Son engagement et son zèle visent l’élimination de l’Église. (Pour plus de détails biographiques sur Paul, voir Romans 1-8, MacArthur New Testament Commentary, Chicago : Moody, 1991, xiii-xvii.)

Paul souffrira également

Ironiquement, ce même Saul qui a consenti à la mort d’Étienne sera appelé à souffrir bien plus pour la cause de Christ que n’a souffert Étienne. La toute première persécution physique qu’Étienne a subie l’a tué, tandis que Paul sera battu à maintes reprises (voir 2 Co 11.23) avant d’être finalement tué. Comme le Seigneur Jésus-Christ le dira à son sujet : « je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom » (Ac 9.16). Il aura à souffrir l’effroi de la mort à plusieurs reprises (2 Co 4.8-12).

Le ministère de Paul ressemblera de bien des manières à celui d’Étienne. Étienne a prêché Christ dans les synagogues ; Paul en fera autant (Ac 17.1,2). Le peuple juif a rejeté le message d’Étienne, tout comme il rejettera celui de Paul (Ac 18.5,6). Étienne a été accusé de blasphémer contre Moïse, la Loi et le Temple ; Paul le sera aussi (Ac 21.28 ; 24.6 ; 25.8 ; 28.17). Étienne a été lapidé ; Paul le sera aussi (bien qu’il n’en mourra pas) (Ac 14.19,20). Étienne a comparu devant le sanhédrin (Ac 6.12s) ; Paul le fera aussi (Ac 22.30). Étienne est mort comme martyr ; il en sera de même pour Paul.

La mort d’Étienne a donc catalysé le vent de la persécution, dirigée par Saul, qui balaye maintenant l’Église primitive. Les prédictions du Seigneur Jésus-Christ s’accomplissent : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15.20) ; « Ils vous excluront des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu » (Jn 16.2).

Les effets de la persécution

À cause de la persécution, tous, excepté les apôtres, se [dispersent] dans les contrées de la Judée et de la Samarie. Lemot tous ne signifie pas que tous les chrétiens, excepté les apôtres, quittent Jérusalem. Il est clair que l’Église de Jérusalem continuera d’exister, d’après Actes 9.26 ; 11.2,22 ; 15.4 et 21.17. Ce que cela signifie, c’est que l’Église est démantelée et que beaucoup de ses membres sont obligés de fuir. Actes 11.19 et 20 suggère que ceux qui fuiront sont principalement des Hellénistes. De plus, « à partir de ce jour et par la suite, l’Église de Jérusalem semble être formée presque entièrement d’Hébreux » (F. F. Bruce, The Book of the Acts, Grand Rapids : Eerdmans, 1971, p. 174). Il est bien naturel que les Hellénistes, au nombre desquels comptait Étienne, essuient le plus gros de la persécution.

Tels de fidèles sentinelles, les apôtres demeurent en poste. Ils restent dans la ville par dévotion envers leur Seigneur et parce qu’ils désirent paître le troupeau de Jérusalem. Une autre raison est mentionnée dans le verset 2 : Jérusalem est encore un champ missionnaire. Il se peut qu’ici les hommes pieux qui [ensevelissent] Étienne, et le [pleurent] à grand bruit ne soient pas des croyants, car Luc utilise le terme pieux ailleurs pour désigner des Juifs dévots (voir Lu 2.25 ; Ac 2.5). Il s’agit peut-être d’amis d’Étienne de la synagogue helléniste qu’il fréquentait. Le fait qu’ils le [pleurent] à grand bruit – ce qui est interdit par la Mishna dans le cas de l’exécution d’un criminel – équivaut à une dénonciation publique de la mort d’Étienne. Malgré le rejet des chefs, il y a encore des gens comme ceux-là dont le cœur est peut-être ouvert à l’Évangile. Les apôtres restent donc en partie pour poursuivre leurs efforts d’évangélisation.

La persécution continue

Entre-temps, le vent de la persécution continue de souffler sans répit, tandis que Saul, de son côté, [ravage] l’Église. Investi du « pouvoir des principaux sacrificateurs » (Ac 26.10), il commence à pénétrer dans les maisons à la recherche de chrétiens. Il en [arrache] hommes et femmes, et les [fait] jeter en prison. Non content de harceler les saints de Jérusalem, il « [persécute] à mort cette doctrine, liant et mettant en prison hommes et femmes » (Ac 22.4). Il les persécute « même jusque dans les villes étrangères » (Ac 26.11) avec la permission des chefs juifs (Ac 22.5). Ironiquement, c’est lors d’une de ces missions qu’il se convertira (Ac 9.1). Dans son zèle pour ses croyances (voir Ga 1.13), il accomplit la prédiction du Seigneur rapportée dans Jean 16.2. Il croit sincèrement servir Dieu en incarcérant et en exécutant les croyants. Seule une confrontation directe avec le Seigneur Jésus-Christ le persuadera du contraire.

Les effets de la persécution de Saul sont dévastateurs. Lumainomai (ravageait) n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament et signifie « détruire », « ruiner » ou « endommager ». Dans les écrits extrabibliques, on l’utilise pour décrire la destruction d’une ville (Walter Bauer, William Arndt et F. Wilbur Gingrich, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago : Univ. of Chicago Press, 1979, p. 481) et les mutilations par une bête sauvage (Fritz Rienecker et Cleon L. Rogers, fils, Linguistic Key to the Greek New Testament, Grand Rapids : Zondervan, 1982, p. 278). Saul déchire littéralement l’Église – un geste qui le hantera le reste de sa vie, en sorte qu’il se sentira complètement indigne d’être appelé apôtre (voir Ac 22.3-5,19,20 ; 26.9 ; Ga 1.13 ; 1 Co 15.9 ; 1 Ti 1.13).

La persécution donne lieu à la dispersion de l’Église, mais Dieu se servira de la colère des hommes pour accomplir ses desseins d’évangélisation.


Cet article est tiré du livre : Actes, 1-12 – John MacArthur de John MacArthur