Là où l’Évangile du catholicisme romain se trompe (John Piper)

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Un flot constant de questions nous parvient d’auditeurs qui cherchent à savoir clairement en quoi les protestants diffèrent des catholiques romains. Et il y a beaucoup à dire. La question d’aujourd’hui nous vient d’un auditeur nommé Jordan.

Pasteur John, bonjour et merci pour ce podcast. J’ai récemment découvert qu’un ministère auquel j’étais étroitement associé par le passé ne croit pas que la justice de Jésus nous est imputée, mais qu’elle nous est communiquée. Pouvez-vous expliquer la différence entre l’imputation et l’infusion ? Et comment la Bible explique-t-elle ces concepts à propos de nous en Christ ?

Le fondement de notre acceptation

L’Église catholique romaine a prononcé des anathèmes, des malédictions, sur les réformateurs – comme Luther, Calvin, Zwingli – et leurs héritiers protestants, comme moi, parce que les réformateurs ont compris que la façon dont nous sommes justifiés devant Dieu est par l’imputation de la justice de Christ, sa perfection, à nous par la foi seule.

Le langage de l’imputation vient surtout de Romains 4, où Paul dit, par exemple, aux versets 4-5 : « Or, si quelqu’un accomplit quelque chose, le salaire est porté à son compte non comme une grâce, mais comme un dû. Par contre, si quelqu’un ne fait rien mais croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée [ou imputée] comme justice. »

Ou encore, prenez l’exemple de Romains 4.6 : « De même David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres. » L’image est que l’œuvre de Christ est le fondement ou le terrain pour notre acceptation, notre pardon, notre justification devant Dieu.

Elle est le fondement parce qu’elle fournit un moment historique dans le temps où Dieu impute notre péché à Jésus qui est sans péché sur la croix, et établit sa perfection et sa justice par un acte final d’obéissance, afin qu’il puisse ensuite nous imputer, par la foi, cette justice lorsque nous croyons.

Nous lisons dans 2 Corinthiens 5.21 : « En effet, celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » C’est la fondation, le fondement et la base massive, inébranlable, historique, une fois pour toutes, de notre justification.

Un moment glorieux

La façon dont nous participons à ce grand échange – ou substitution – est par la foi. Paul dit dans Philippiens 3.8-9 : « Et je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. A cause de lui je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. »

La foi est l’instrument ou le moyen par lequel Dieu nous unit à Christ. Les mots de Paul sont « être trouvé en lui », de sorte qu’en lui, en union avec lui, par la foi, sa justice est comptée ou imputée comme étant la nôtre – bien qu’elle ne soit pas la nôtre au sens où nous l’aurions accomplie ou que nous serions devenus intrinsèquement bons ou vertueux ou justes.

L’imputation est l’œuvre de Dieu, par la foi, par laquelle nous sommes déclarés ou comptés ou imputés justes à cause du sang et de la justice de Christ. Il a porté notre châtiment et a fourni notre justice. Nous y participons par l’imputation par la foi. Cela se produit en un clin d’œil.

Lorsque Dieu crée la foi salvatrice dans le cœur humain déchu, à cet instant, le croyant est uni à Christ. Tous les bienfaits de Christ lui sont comptés. Il nous a acceptés, aimés, pardonnés et comptés comme justes, de sorte que nous sommes légalement adoptés dans sa famille, protégés pour toujours.

Comme il le dit dans Romains 8.30 : « Ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » C’est comme si c’était fait. Si vous êtes justifié en un clin d’œil, vous êtes tout aussi bien glorifié au dernier jour. Dieu veillera à ce que vous conserviez la foi et jouissiez des avantages de l’union avec Christ pour toujours.

L’infusion de la sainteté

L’une des raisons pour lesquelles l’Église catholique romaine a rejeté cette compréhension de la Bible, cette compréhension de la justification par la foi seule par l’imputation, est qu’elle lui semblait conduire à l’anarchie. Si la justice de Christ nous est imputée par la foi seule, pourquoi devrions-nous mener une vie quotidienne, pratique et juste – une vie sainte ?

La façon dont l’Église catholique romaine concevait la justification pour empêcher cette anarchie était de concevoir la justification et la sanctification – le devenir de la sainteté pratique – comme étant pratiquement les mêmes.

Voici ce qu’a dit le Conseil catholique romain de Trente : « La justification n’est pas seulement la rémission des péchés, mais aussi la sanctification et le renouvellement de l’homme intérieur, par la réception volontaire de . . . la grâce. » En d’autres termes, la justification n’est pas l’imputation de la justice de Christ, mais son infusion.

Voici pourquoi c’est si important et pourquoi ces deux mots comptent énormément. L’Église catholique romaine dirait que la justification est l’infusion de la bonté, de la justice ou de la sainteté. C’est un don, mais c’est une véritable vertu humaine, une véritable obéissance, une véritable transformation, une véritable sanctification. La justification n’est pas une transaction légale, c’est une transformation morale.

Au vu de ce que nous avons vu dans la Bible, je suis d’accord avec les réformateurs pour dire que ce n’est pas ce que le Nouveau Testament enseigne sur la justification. Romains 5.19 : « En effet, tout comme par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs [considérés comme pécheurs, le péché leur étant imputés], beaucoup seront rendus justes par l’obéissance d’un seul [celle de Christ]. »

Grandir dans la justice

Or, en plus d’être contraire à la Bible, il y a deux autres problèmes liés au fait de traiter la justification et la sanctification de la même manière ou de traiter la justification comme l’attribution de la justice au lieu de la traiter comme l’imputation de la justice.  L’un des problèmes est que si vous faites cela, cela détruit le mode de vie du Nouveau Testament, la manière du Nouveau Testament de poursuivre la sanctification. Cela détruit la voie de l’Évangile – la voie confiante et pleine d’espoir de la sanctification.

Selon le Nouveau Testament, nos péchés sont pardonnés par la grâce et par la foi en un instant. Nous sommes acceptés par Dieu. Nous sommes considérés comme justes. Nous sommes en sécurité en un instant. Sur la base de ce nouveau statut auprès de Dieu, nous sommes en sécurité pour toujours. Or, sur cette base, nous combattons le péché et recherchons la sainteté comme ceux qui sont déjà acceptés, déjà assurés, déjà parfaits. Écoutez deux textes.

Voici 1 Corinthiens 5.7 : « Faites disparaître le vieux levain » – en imaginant le péché comme du levain dans une masse de pâte – « afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. » Toute cette dynamique de la vie chrétienne est détruite si la justification est que tout notre péché est déjà extrait de nous. Nous sommes censés retirer de nous le levain du péché, donc il doit être là dans un sens pratique, parce que nous sommes sans levain – c’est-à-dire que nous sommes comptés comme n’ayant pas de levain.

Permettez-moi de le dire encore différemment – et mieux, peut-être – à partir de Hébreux 10.14 : « Car, par une seule offrande, il [c’est-à-dire Christ] a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » Incroyable. En d’autres termes, vous êtes maintenant en train d’être sanctifié – c’est-à-dire que vous êtes pratiquement rendu saint, ou parfait – et c’est une preuve que par une seule offrande, vous êtes déjà parfait.

Perdre la vérité

Étudiez 1 Corinthiens 5.7 et Hébreux 10.14. Tout ce mode de vie – la lutte contre le péché et la recherche de la sainteté – repose sur le fait que nous sommes déjà acceptés, aimés, saints, justes, en sécurité. Toute cette façon de vivre est sapée par le remplacement de l’imputation par l’infusion. Ce n’est pas une mince affaire. C’est une très, très, très grosse affaire. Les réformateurs n’ont pas risqué leur vie pour rien.

La dernière chose que je dirais qui montre pourquoi c’est un problème majeur, c’est que la gloire de Christ est diminuée lorsque l’infusion remplace l’imputation, parce que ce point de vue n’honore pas Christ comme ayant accompli une justice justificatrice qui assure l’acquittement complet et la justification de tout le peuple de Dieu à l’instant où il croit. C’est une vérité glorieuse que l’on perd.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Can a Devout Roman Catholic Be Genuinely Born Again? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.

Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts