La mauvaise nouvelle du royaume (Michael Lawrence)

Qu’est-ce que la Bonne Nouvelle ? La réponse de la théologie biblique

Considérons un instant l’importance de la théologie biblique et de la théologie systématique ainsi que leurs relations mutuelles lorsque nous essayons de répondre aux questions les plus fondamentales du ministère : Qu’est-ce que l’Évangile ? Quelle est la bonne nouvelle révélée dans la Bible ?

Lorsque la théologie biblique aborde cette question, elle expose l’étendue des actions de Dieu dans l’histoire. Ce balayage peut être décrit comme le mouvement Création -» Chute -» Rédemption -» Nouvelle Création. Je ne prendrai pas le temps de raconter toute l’histoire maintenant. Je le ferai plutôt dans les chapitres 6 à 10. Mais ce que je veux que vous remarquiez, c’est que cette esquisse suit le récit de l’Écriture elle-même. Il explique ce que Dieu accomplit à travers l’histoire de la rédemption, alors que cette histoire s’échelonne du jardin d’Éden aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre.

La bonne nouvelle du royaume

La théologie biblique parle également de l’Évangile en termes de royaume de Dieu. George Eldon Ladd a changé à jamais la façon dont nous pensons tous à ce royaume[1]. Comme Ladd l’a observé, la Bible utilise généralement le langage du royaume pour parler non pas du domaine de Dieu, mais de son règne. Bien sûr, Dieu règne toujours. Il est le Seigneur souverain de l’univers qu’il a créé. Mais lorsque l’Écriture parle du royaume de Dieu, elle fait généralement référence à son règne rédempteur. C’est le règne que nous voyons parmi ceux qui sont vraiment son peuple, ceux qui obéissent.


Sans théologie biblique, j’ai peu de chances de saisir l’espérance future qui nous est réservée dans la nouvelle création.


Lorsque Marc 1.14,15 déclare que Jésus est venu prêcher l’Évangile de Dieu selon lequel le royaume de Dieu est proche, c’est ce que la théologie biblique dit de l’Évangile. C’est la bonne nouvelle cosmique de ce que Dieu accomplit par Jésus-Christ. Nous avons perdu le royaume à la chute et il nous a été présenté comme une ombre dans l’histoire d’Israël. Mais ensuite, grâce à la vie, la mort et la résurrection de Jésus, le royaume de Dieu a été inauguré à nouveau. Le péché a été vaincu. L’Église vit la vie du royaume par la puissance de l’Esprit. Et nous attendons avec impatience le jour où le roi reviendra et mènera son règne à son achèvement, un règne qui ne connaîtra pas de fin.

C’est une bonne nouvelle, Sauf que…

C’est un message fantastique. C’est une histoire extraordinaire, comme nous le verrons dans les chapitres à venir. Elle capte l’imagination et réordonne la façon dont nous pensons à toute chose. C’est une nouvelle incroyablement bonne !

À un détail près.

Vous et moi.

Quelle est notre place dans l’histoire ?

Le bon, le mauvais et le royaume

La grande histoire de la Création, de la chute, de la rédemption et de l’achèvement, l’histoire de la venue du royaume de Dieu, m’informe sur ce que Dieu fait et comment il le fait. Mais en quoi est-ce une bonne nouvelle pour les pécheurs comme vous et moi ?

La venue du royaume de Dieu est peut-être une bonne nouvelle pour le cosmos, mais c’est une mauvaise nouvelle pour les pécheurs, car la venue du royaume signifie le jugement et la colère ainsi que le renouveau et la re-création. L’histoire de la venue du royaume de Dieu s’applique-t-elle donc à moi, devenant ainsi une bonne nouvelle pour moi ?

Entrer dans la théologie systématique

Pour répondre à cette question, nous avons besoin de la théologie systématique. Lorsque la théologie systématique répond à la question : « Qu’est-ce que l’Evangile ? », elle suit les quatre étapes suivantes : Dieu -» Homme -» Christ -» Réponse. Voici comment la bonne nouvelle cosmique devient une bonne nouvelle personnelle, un Évangile pour vous et moi. La venue du royaume de Dieu (Évangile de la théologie biblique) est une mauvaise nouvelle pour les pécheurs. Mais compte tenu de l’œuvre de Christ sur la croix en tant que substitut pénal, et de la provision de Dieu pour que nous puissions bénéficier de cette œuvre par la repentance et la foi (Évangile de théologie systématique), nous avons désormais une bonne nouvelle.

Voilà un message qui ne se contente pas de décrire à quel point le royaume est merveilleux. Non, ce message nous amène personnellement, vous et moi, dans ce royaume. De nos jours, certaines personnes dénigrent une telle formulation, car elles la considèrent comme étant trop individualiste, trop définie par les notions juridiques occidentales de culpabilité et de punition.

Mais le fait est que, à moins que l’Évangile ait quelque chose à dire sur mon salut individuel, il reste simplement une histoire qui peut nous inspirer de bonnes actions et de nobles pensées, mais qui ne peut pas nous sauver de la colère de Dieu (quoi qu’il ait à dire sur le sauvetage du cosmos par Dieu). La théologie systématique synthétise[2] ; elle relie l’histoire du royaume de Dieu à l’histoire de votre vie et de la mienne.

Raccorder les deux ensembles

Cela signifie-t-il qu’après tout, nous n’avons pas vraiment besoin de la théologie biblique ? Non ! Dès que j’ai dit le mot « royaume », je suis revenu à l’Évangile de la théologie biblique et à l’espérance d’un salut défini par un royaume éternel.

Sans théologie biblique, je suis beaucoup plus enclin à réduire le salut à une expérience privée, existentielle, coupée de ce que Dieu accomplit collectivement au milieu de son peuple. Sans théologie biblique, il est peu probable que je saisisse l’espérance future qui nous est réservée dans la nouvelle création. Sans théologie biblique, je serai tenté de comprendre le plan du salut comme étant à propos de moi plutôt que de la gloire de Dieu.

Vous voyez, j’ai besoin des deux, et elles ont besoin l’une de l’autre. Être en règle avec Dieu uniquement pour cette vie ne signifie pas grand-chose, dit Paul (1 Co 15.19). L’espérance dans laquelle l’Évangile nous entraîne est « une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir ; il vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps ! » (1 Pi 1.3‑5.)

Notes :

[1] George Eldon Ladd, The Gospel of the Kingdom: Scriptural Studies in the Kingdom of God [L’Évangile du royaume : exposé sur le royaume de Dieu], Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1959.

[2] Jonathan Leeman, « Biblical and Systematic Confusion Yields Gospel Delusions » [La confusion de la théologie biblique avec la théologie systématique produit des illusions concernant l’Évangile], 9Marks e-journal, novembre-décembre 2006, < http://www.9marks.org/partner/Article_Display_Page/0,,PTID314526%7CCHID775982%7CCIID2277978,00.html > (page consultée le 4 juin 2009).


Cet article est adapté du livre : « Guide pratique de théologie biblique » de Michael Lawrence