La gloire de Christ illustrée par son humilité (John Owen)

Le péché d’Adam a tant éloigné la race humaine de Dieu que l’humanité entière aurait été complètement ruinée s’il n’y avait eu une personne digne de faire la paix entre Dieu et nous, c’est-à-dire, un médiateur. Ce rôle ne pouvait être tenu par Dieu, ni par personne d’autre sur la terre. « Il n’y a pas entre nous d’arbitre, qui pose sa main sur nous deux. » (Job 9.33). Néanmoins, la nécessité d’établir une paix juste entre Dieu et les hommes par le moyen d’un médiateur s’imposait, sinon il n’y aurait jamais eu de paix. C’est pour cela que le Seigneur Christ, en tant que Fils de Dieu, a dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni d’offrande; mais tu m’as formé un corps […] Voici : je viens, […] pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hébreux 10.5-7). Comme nous le dit l’apôtre Paul : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu, et les hommes, le Christ-Jésus homme » (1 Timothée 2.5). Christ s’est dépouillé et s’est abaissé de lui-même lorsqu’il « s’est dépouillé lui-même […] en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2.7). Cela le rend glorieux aux yeux des croyants, qui doivent chercher à manifester le même genre d’humilité dans leur vie. Examinons trois choses en particulier :

1. La grandeur de son humiliation

« Qui est semblable à l’Éternel, notre Dieu? Il s’élève très haut pour siéger ; il s’abaisse pour regarder les cieux et la terre » (Psaume 113.5-6). « Toutes les nations sont devant lui comme rien. Elles ont moins de valeur pour lui que néant et vide » (Ésaïe 40.17). Il existe une distance infinie entre Dieu et ses créatures : c’est par pure grâce qu’il considère les choses de la terre. Christ, en tant que Dieu, se suffit à lui-même dans son propre bonheur éternel. Combien est grande alors son humiliation, ayant de lui-même pris notre nature afin de nous amener à Dieu ! Une telle humiliation ne lui a pas été imposée, mais il l’a librement choisie.

2. Le caractère spécial de cette humiliation

Le Fils de Dieu n’a pas cessé d’être égal à Dieu lorsqu’il est devenu homme. « Lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à saisir d’être égal à Dieu » (Philippiens 2.6). Les Juifs voulaient le tuer parce qu’il « disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi lui-même égal à Dieu » (Jean 5.18). Lorsqu’il a pris la forme de serviteur dans notre nature, il est devenu ce qu’il n’avait auparavant jamais été, mais il n’a jamais cessé d’être ce qu’il a toujours été dans sa nature divine. Celui qui est Dieu ne peut jamais cesser d’être Dieu. La gloire de sa nature divine était voilée afin que ceux qui le verraient ne croient pas qu’il était Dieu. Leur raison ne pouvait pas saisir quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant, qu’une seule et même personne soit à la fois Dieu et homme. Toutefois, ceux qui croient savent que celui qui est Dieu s’est humilié afin de prendre notre nature en vue de sauver l’Église, à la gloire éternelle de Dieu. Il est vrai que notre Seigneur Jésus-Christ est une pierre d’achoppement et un rocher de scandale pour plusieurs de nos jours, comme les musulmans et les juifs, qui pensent qu’il n’est qu’un prophète. Si vous supprimez le fait qu’il est à la fois Dieu et homme, toute la gloire, la vérité et la puissance du christianisme s’évanouiront aussi.

Nous pouvons penser à la vraie nature de l’humiliation divine sous trois angles :

i. Christ, le Fils éternel de Dieu, dans un acte divin et indescriptible de puissance et d’amour divin, a revêtu et s’est approprié notre nature humaine, tout comme sa nature divine était déjà sienne. Nous partageons tous la nature humaine de façon générale, mais elle devient particulière à chacun de nous à notre naissance, de sorte que nous sommes des personnes différentes de toutes les autres. De même, le Seigneur Christ a revêtu cette nature commune à nous tous, mais se l’est particulièrement appropriée, et est devenu « l’homme, Jésus-Christ ».

ii. Parce qu’il était sur la terre, vivant et souffrant dans notre nature, la gloire de sa personne divine était voilée. « Il s’est dépouillé lui-même. »

iii. Bien qu’il se soit approprié notre nature, il ne l’a pas transformée en quelque chose de divin et de spirituel, mais a entièrement préservé son humanité. Il a vraiment agi et souffert, ainsi qu’été jugé, tenté et rejeté comme tout homme.

3. La gloire de Christ dans cette humiliation

Même si nous étions des anges, nous ne pourrions pas décrire la gloire révélée dans la sagesse divine du Père et l’amour de son Fils quand celui-ci s’est humilié pour devenir homme. C’est un mystère, parce que Dieu est grand et ses voies surpassent de loin l’entendement de ses créatures. Néanmoins, la gloire de la religion des chrétiens réside dans le fait que celui qui était vraiment Dieu s’est abaissé, à tel point que par rapport aux autres, il a dit être « un ver et non un homme » (Psaume 22.7). Sommes-nous accablés par le péché? Sommes-nous frustrés par les tentations? Un regard vers cette gloire de Dieu suffira à nous soutenir et nous soulager. « Alors il sera un sanctuaire » (Ésaïe 8.14). Celui qui s’est tellement dépouillé et humilié pour nous, et néanmoins n’a rien perdu de sa puissance en tant que Dieu éternel, nous sauvera de toutes nos détresses. Si nous ne voyons pas la gloire dans ces choses, c’est que nous n’avons pas de connaissance spirituelle, ni de foi. La gloire de Christ en tant que médiateur est le refuge où celui qui est fatigué peut se reposer. « Voici le repos » (Ésaïe 28.12).

Je vous exhorte donc fortement à méditer par la foi sur la double nature unique de Christ, dans une détermination constante et pratique. En tant que chrétiens, nous devons renoncer à nous-mêmes et être disposés à prendre notre croix. C’est impossible sans bien considérer comment le Fils de Dieu a renoncé à lui-même (voir Philippiens 2.5-8). Que sont les choses de ce monde, même nos proches et nos propres vies, qui doivent bientôt prendre fin, comparativement à la gloire de Christ lorsqu’il est venu pour s’abaisser sur cette terre? Lorsque nous commençons à penser à ces choses, nous parvenons assez rapidement au stade où nous délaissons notre raison humaine. J’aimerais être amené à ce stade chaque jour. Lorsque nous trouvons l’objet de notre foi trop grand et glorieux pour notre entendement, nous sommes remplis de sainte admiration, d’humble adoration et de joyeuses actions de grâce.

Cet article est tiré de La gloire de Christ par John Owen.