La fausse repentance est temporaire (John Colquhoun)

La fausse repentance cesse dès que disparaissent les convictions qui l’ont provoquées

Beaucoup semblent éprouver pendant un certain temps le plus amer remords pour leurs péchés. Mais, par la suite, ces gens oublient tout cela et retournent aux mêmes voies d’impiété et de sensualité qui avaient provoqué leur détresse et leur terreur. Ils ont la piété d’Éphraïm, comme la nuée du matin, la rosée qui bientôt se dissipe (Osée 6:4).

D’autres tranquillisent aussi leur conscience car ils estiment s’être améliorés en renonçant à leur immoralité flagrante et à leur ancienne façon de vivre. Ils pensent s’être repentis et en concluent qu’ils ont la paix avec Dieu ; ils ne semblent pas se soucier beaucoup de leur impiété d’autrefois ni de leurs iniquités présentes. Ils se croient convertis, en règle avec Dieu, en sécurité et donc tranquilles. Ils pensent souvent à leurs expériences et en parlent avec fierté. La sécurité de leur état et la bonté de leur cœur — illusoires — les transportent de joie. Ils n’ont toutefois aucun sentiment humiliant de leurs péchés, aucune tristesse à cause de la dépravation de leur nature, de l’imperfection de leurs œuvres ou de la multitude de leurs provocations.


Les injonctions d’une conscience sensible poussent beaucoup à veiller sur leur cœur et leur vie, à se méfier de tout péché, à sembler très consciencieux, sérieux et même zélés dans leur service. Cette amélioration religieuse atténue peu à peu la sensibilité de leur conscience et ils oublient les peurs que leur inspire la loi. Leur vigilance s’estompe et ils accomplissent leurs devoirs avec une âme indolente et insouciante. La pensée du monde éternel n’est plus très présente dans leur esprit.

Ils pratiquent une religion inerte et froide, tiennent à une forme de piété sans se soucier de ce qui en fait la force. Ils sont par ailleurs vite sujets à la crainte de l’homme. Ils commencent apparemment à se repentir mais, sensibles à la louange des hommes et incapables d’en supporter le mépris et les injures à cause de leur attachement à Christ, ils se détournent du saint commandement. Ils tiennent absolument à respecter les gens auxquels ils sont connectés, avec lesquels ils ont une parenté ou dont ils dépendent, et à leur être agréables. 

La vraie repentance est un principe permanent

À l’opposé, la vraie repentance est un principe permanent. L’homme se prend en aversion et se condamne chaque jour. Il ne cesse de se lamenter et déteste le mal qu’il découvre dans son cœur et dans sa vie. Il n’oublie pas ses péchés dès qu’il a obtenu la paix de sa conscience et l’espoir heureux de sa réconciliation avec Dieu. Plus les preuves des faveurs divines lui sont évidentes, plus il se dégoûte et se condamne pour ses iniquités et sa propre bassesse.

La foi et la prise de conscience du pardon obtenu par pure miséricorde communiquaient à Paul le sentiment d’être le pire des pécheurs. L’homme qui se repent vraiment trouve aussi toujours de nouvelles raisons d’exercer la repentance. Il découvre chaque jour tellement d’incrédulité, de légalisme, d’esprit mondain dans son cœur, de léthargie spirituelle, de formalisme et d’hypocrisie dans l’accomplissement de ses devoirs, tellement de vigueur dans ses inclinations au mal, de pensées vaines, d’affections démesurées, et de péché qui l’enveloppe si facilement qu’il ne peut faire autrement que gémir, accablé, tandis qu’il est dans ce corps charnel (2 Corinthiens 5:4). 

Le vrai chrétien ne cessera de se repentir que lorsqu’il cessera parfaitement de pécher

La repentance est donc un exercice permanent chez le vrai chrétien, aussi longtemps qu’il est dans ce monde (Romains 7:24). Il ne cessera de se repentir que lorsqu’il cessera parfaitement de pécher. Le péché le poursuit et le rattrape souvent ; il doit donc à nouveau reprendre sa fuite. Pour l’amour de sa conscience, il renonce à des avantages temporels, et met un terme aux amitiés les plus douces et à la parenté la plus proche, avant que les unes ou les autres ne l’amènent à négliger ses devoirs spirituels. Il cultive une sainte méfiance des personnes et des choses qui l’entourent, de peur qu’elles fassent obstacle à sa nouvelle résolution d’obéir à Dieu. 

La fausse repentance ressemble à l’écoulement de l’eau sur le sentier après une forte averse, alors que la vraie est un cours d’eau qu’une source alimente en permanence. La repentance motivée par la crainte de la loi ne dure pas plus longtemps que les terreurs qui lui ont donné naissance. La vraie repentance, pour sa part, est une guerre ininterrompue contre le péché jusqu’à ce que la mort sonne la retraite de cet ennemi.


Cet article est tiré du livre : Qu’est-ce que la repentance selon la Bible ? de John Colquhoun