La doctrine de la persévérance des saints exige la discipline d’Église (Raymond Johnson)

Jean a grandi dans une Église évangélique ordinaire, caractérisée par de la musique contemporaine ou mixte, des prédications assaisonnées de quelques versets bibliques, et des pensées réconfortantes sur Dieu.

Jean avait dix ans lorsqu’il a entendu « l’Évangile » pour la première fois. D’après son souvenir, l’Évangile se résume à l’amour de Dieu pour lui et a son plan merveilleux pour sa vie. Dieu lui donnera la vie éternelle s’il se détourne de ses péchés et choisit de suivre Jésus. Jean se rappelle s’être avancé devant l’estrade à son église pendant que la chorale chantait : « En mon cœur, j’ai choisi de suivre Jésus-Christ… » 

Vingt ans plus tard, Jean est marié et a deux enfants. Il n’est membre d’aucune Église locale, quoiqu’il assiste aux cultes de Noël et de Pâques. Un jour, un ami qui s’intéresse au christianisme depuis peu lui demande : « Jean, es-tu chrétien ? » Ce dernier lui répond : « Oui, évidemment. »

L’ami, plus tenace que Jean n’avait prévu, enchaîne : « Je ne suis pas certain d’être véritablement chrétien. Toi, comment fais-tu pour savoir que tu l’es ? » Sans hésiter, Jean répond : « Quand j’avais dix ans, il y a eu un « appel » à mon église. Je me suis avancé et j’ai décidé de suivre Jésus. » Intrigué, son ami demande : « Que veut dire “suivre Jésus” ? » Jean garde le silence. Il ne le sait pas. 

Selon cet échange, peut-on dire que Jean est chrétien ? Persévère-t-il dans la foi ?

Conversion et confusion

À un certain moment de sa vie, Jean avait adopté la doctrine « sauvé un jour, sauvé toujours », mais avait abandonné toute notion selon laquelle les véritables sauvés persévèrent dans la foi. La vie de Jean n’était pas vraiment différente de celle d’un non-croyant à l’exception de son lien avec l’Église de son enfance.

L’Écriture nous met constamment en garde contre le danger des fausses conversions Au retour de Christ, plusieurs personnes seront chassées de la présence du Dieu qu’elles prétendront connaître (Mt 25.41). Une conversion authentique est fondée sur l’œuvre efficace du Saint-Esprit (Jn 3.8), qui fait de nous une nouvelle création en Jésus-Christ (2 Co 5.17).

La sanctification

En tant que nouvelle créature, le chrétien grandit dans sa sainteté personnelle — un processus que la Bible nomme « sanctification » (1 Th 4.3). La sanctification se produit lorsque le chrétien médite sur la volonté de Dieu en s’y soumettant (Ro 12.1,2), vit avec sa nouvelle famille (l’Église) et est transformé à l’image de Christ (Ro 8.28-30).

Au retour de Christ, plusieurs personnes seront chassées de la présence du Dieu qu’elles prétendront connaître (Mt 25.41). Une conversion authentique est fondée sur l’œuvre efficace du Saint-Esprit (Jn 3.8), qui fait de nous une nouvelle création en Jésus-Christ (2 Co 5.17). En tant que nouvelle créature, le chrétien grandit dans sa sainteté personnelle — un processus que la Bible nomme « sanctification » (1 Th 4.3). La sanctification se produit lorsque le chrétien médite sur la volonté de Dieu en s’y soumettant (Ro 12.1,2), vit avec sa nouvelle famille (l’Église) et est transformé à l’image de Christ (Ro 8.28-30).

La persévérance est en fait une préservation

La persévérance dans les voies de Dieu doit être considérée comme une préservation qu’opère l’Esprit, par la Parole écrite de Dieu, au sein d’une Église. Que personne ne soit réconforté par le slogan « sauvé un jour, sauvé toujours » si celui-ci ne tient pas compte de la nature de la conversion et de son lien indissoluble avec l’Église locale. 

Dans Jean 10.28, Jésus déclare sans équivoque que lui seul donne la vie éternelle. Ceux qui en bénéficient ne périront jamais. Quelle déclaration stupéfiante ! Quand Jésus accorde la vie éternelle à quelqu’un sur la terre, il rend la mort impuissante. Il ajoute : « Personne ne les ravira de ma main. » La main qui a créé est la même qui garde en sécurité.  

À la lumière de ces clarifications doctrinales, comment les Églises fidèles devraient-elles agir à l’égard des personnes comme Jean — des chrétiens autoproclamés dénués d’amour concret pour Christ et son Église ? Un homme tel que lui peut-il être réellement chrétien s’il n’a aucune affection pour Jésus et son Église ? Jean a-t-il fait preuve de persévérance jusqu’ici ?

Dangereuse illusion

Les chrétiens vivent leur foi collectivement, au sein d’une Église locale. De concert avec les autres croyants, ils attendent le Seigneur et se préparent à l’éternité au ciel par l’adoration, par leur apprentissage et par leur croissance dans la grâce et la connaissance de Jésus-Christ. Vivre sa foi en excluant l’Église (une conversion qui n’est pas accompagnée de sanctification au sein d’une communauté de foi) mène plus facilement à l’apostasie. Trop souvent, l’évangélisation moderne s’appuie sur une doctrine défaillante de la conversion. Elle produit des décisions, mais pas des disciples, ainsi que de soi-disant chrétiens fiers de ne pas fréquenter une Église. Ces gens sont plus susceptibles de se tromper eux-mêmes par une fausse assurance.

L’exercice de la discipline d’Église

Cependant, redécouvrir ce qu’est la conversion biblique favorisera l’exercice de la discipline d’Église. Si la séparation de l’Église du monde est le fruit de la conversion, la discipline (formative et corrective) devient alors un mécanisme pour juger de l’authenticité des conversions. Si on la néglige entièrement, les Églises auront tendance à tomber dans le discrédit, car l’Évangile que professe la vie de ses membres perdra de sa valeur. 

Mais quand on l’exerce avec fidélité, on protège la pureté de l’Église ainsi que le témoignage de Christ et de l’Évangile dans une communauté donnée. Si, comme le déclare l’auteur de l’épître aux Hébreux, « le Seigneur châtie celui qu’il aime » (Hé 12.6), et que cette discipline se produit souvent dans le contexte de l’Église (Mt 18.15-20 ; 1 Co 5), l’exercice de la discipline d’Église devient alors un moyen par lequel les croyants persévèrent dans la foi (Hé 12.7). [1]

L’âme de Jean est en danger, même s’il ne s’en rend pas compte. Son esprit est obscurci par une fausse doctrine qui perdure surtout à cause d’Églises en mauvaise santé et d’une compréhension erronée de la conversion. Chaque vraie Église doit proclamer clairement que la conversion à Christ est obligatoire pour tout homme ou femme qui se dit chrétien, et que chaque vraie conversion aura comme résultat une persévérance pour la vie (Mt 18.3 ; Ac 17.30,31; Ph 1.6).

Les fausses doctrines concernant l’assurance du salut

Les fausses doctrines concernant l’assurance du salut foisonnent dans notre culture d’Église moderne. Nous devons les affronter et les déraciner avec délicatesse de l’esprit des gens qui, malgré leurs bonnes intentions, se déclarent chrétiens à tort.

Et pourtant, combien d’entre nous ont des amis ou des proches qui se disent chrétiens tout en vivant et en pensant comme Jean, tandis que « leur » Église garde le silence ? Dans de tels cas, ces Églises se rendent complices du crime de répandre cette fausse assurance de « sauvé un jour, sauvé toujours ». En fait, il est plus probable que ces gens n’ont simplement jamais connu le Seigneur.

C’est un défi pour les pasteurs de prendre soin de ces gens qui se trompent eux-mêmes. Mais nous devons enseigner clairement qu’il n’y a aucune assurance de salut hors de ce que dit la Parole révélée de Dieu.

Le danger de vivre à l’écart d’une Église locale

Nous devons nous acquitter de ce devoir difficile : nous assurer que tous ceux qui se croient chrétiens à tort soient conscients de la dangereuse erreur qu’ils commettent en vivant à l’écart d’une Église locale. Nous devons les reprendre avec amour et les informer du malheur qui les attend. Au jour du Seigneur, ils pourraient être bannis de sa présence (Mt 7.21-23). Avec le temps, nous espérons que leur présence dans une Église locale dynamique les stimulera à poursuivre la sainteté, et ce, avec le peuple de Dieu.

La vie chrétienne ne se définit pas selon les goûts de chacun. Elle doit être basée sur l’Écriture, organisée autour de la vie d’Église et visible dans la vie de tous ceux qui se professent croyants. Rien de moins ne peut être considéré comme le christianisme. Rien de moins ne persévérera.

[1] Ce paragraphe est inspiré par Mark Dever, The Church: The Gospel Made Visible [L’Église : l’Évangile rendu visible], Nashville, B&H, 2012, p. 121-124.