La clarté et la suffisance de l’Écriture (John MacArthur)

L’illumination n’est pas une œuvre de l’Esprit par laquelle, et d’une manière subjective, les Écritures prendraient vie pour chaque croyant. Elle n’ajoute pas non plus au croyant individuel une nouvelle révélation qui coifferait le texte lui-même. Et elle ne garantit pas non plus la compréhension immédiate de chaque mot. C’est là qu’intervient la clarté (ou lucidité) de l’Écriture. La Bible exprime clairement la vérité de Dieu. Elle n’est pas une collection d’écrits ou de dictons mystérieux qui nécessitent une clé révélatrice pour en percer leur sens spirituel. La Bible révèle avec exactitude et communique clairement le message de Dieu. Il n’empêche que les lecteurs doivent étudier pour être sûrs de comprendre la Parole correctement (2 Ti 2.15). Même les auteurs bibliques ont dû étudier pour discerner le sens de l’Écriture (Da 10.12 ; 1 Pi 1.10-12). Il existe dans l’Écriture des mystères qui ne sont pas pleinement révélés (De 29.29). Si le message d’ensemble est clair, Dieu n’a cependant pas révélé dans sa Parole chaque détail de sa pensée et de ses plans concernant l’histoire de la rédemption. Ce que l’œuvre d’illumination de l’Esprit opère, c’est de créer (1) une réceptivité à l’autorité de la Parole de Dieu, (2) une conviction qu’elle est la Parole véridique de Dieu et (3) la capacité, avec l’aide du Saint-Esprit, de saisir la vraie signification de la Parole de Dieu.

La Bible se déclare suffisante (Ps 19.8-12). Elle est une lumière sur le sentier (Ps 119.105). Elle est plus fiable que les expériences spirituelles les plus fantastiques (2 Pi 1.19,20). Elle est capable de conduire un être humain à la foi qui sauve (2 Ti 3.15). Elle instruit l’élite religieuse ainsi que le croyant ordinaire (De 6.4 ; Mc 12.37 ; Ph 1.1). Donnée par Dieu aux parents pour instruire leurs enfants (De 6.6,7), elle peut conduire un enfant à la foi salvatrice (2 Ti 3.14,15). Paul écrit que toute l’Écriture est donnée par inspiration et qu’elle est utile pour enseigner, convaincre, corriger et instruire dans la justice (2 Ti 3.16,17).

Un regard plus attentif sur chacun de ces quatre effets de l’Écriture révèle sa pleine suffisance pour équiper le croyant et le rendre capable de mener sa vie chrétienne. D’après le premier verbe « enseigner », la Bible indique au croyant comment vivre, ce qu’il doit croire et ce que Dieu attend de lui. Ce verbe traite du contenu et de la doctrine. Ce concept s’accorde parfaitement avec le Grand Mandat par lequel Jésus ordonne que les nouveaux disciples apprennent à observer tout ce qu’il leur avait commandé (Mt 28.18-20). Les Écritures instruisent le peuple de Dieu sur la manière de vivre en lui obéissant.

Le deuxième verbe, « convaincre », exprime le souci qu’a l’Écriture de reprendre dans le domaine de la discipline. Elle montre à la personne là où elle a fauté ou s’est éloignée des exigences divines. L’Écriture est capable de juger le cœur du croyant lorsque celui-ci s’écarte, sur le plan de la doctrine ou de la pratique, de la foi transmise aux saints une fois pour toutes (Hé 4.12). Le verbe suivant, « corriger » va de pair avec le précédent, « convaincre ». La Bible ne se contente pas de montrer au croyant où il s’est trompé, elle lui indique aussi l’attitude, la doctrine ou le comportement qu’il doit adopter à la place des erreurs commises (Ép 4.20-24).

Finalement, l’expression « instruire dans la justice » indique que l’Écriture montre, par des illustrations et des exemples, comment mettre journellement ses leçons en pratique (Ép 4.25-32). Entre les Écritures et le Saint-Esprit qui habite en lui, le croyant n’a pas besoin de révélation complémentaire pour savoir comment vivre la vie chrétienne. Les pasteurs et les docteurs (Ép 4.11,12) sont suscités pour assister les croyants dans leur croissance spirituelle vers la maturité ; le ministère de ces enseignants se fonde sur la Parole toute-suffisante de Dieu, et il se nourrit d’elle (2 Pi 1.2,3 ; voir aussi 1 Pi 5.2,3).

L’empreinte de l’autorité de Dieu sur l’Écriture

Ce principe de vérité peut s’étayer par le syllogisme suivant :

  1.     Vérités connues :
  2.     l’Écriture affirme être la Parole de Dieu ;
  3.     Dieu possède l’autorité ;
  4.     Conclusion : l’Écriture possède l’autorité.

Dans l’Écriture (Ge 1.1 ; Ps 119.142,151,160), l’autorité de la Bible se fonde à la fois sur la base ontologique (Dieu est) et sur la base épistémologique (Dieu ne dit que la vérité). En conséquence, la nature même de Dieu et la véracité de la Parole de Dieu sont déterminées non de façon inductive par la raison humaine, mais de façon déductive à partir du témoignage de l’Écriture (voir Ps 119.89 ; És 40.8).

On soulève souvent l’objection suivante : « Si les Écritures ont été écrites par des hommes, il existe une forte probabilité d’erreur dans les écrits ! » Les observations suivantes combattent cette objection :

  1.     Le processus de l’inscripturation biblique ne nie pas la participation humaine ;
  2.     Il n’exige pas la dictée formelle, même si elle intervient parfois ;
  3.     Il n’élimine pas l’arrière-plan de l’auteur humain ;
  4.     Il ne limite pas la puissance, le but et le travail de Dieu le Père par Dieu le Saint-Esprit ;
  5.     Il respecte l’équilibre parfait qui existe entre l’initiation divine et la participation humaine dans la rédaction des autographes (ou manuscrits originaux) de l’Écriture.

Tout cela étant dit, l’Écriture est tout d’abord la « Parole de Dieu » et non la « parole des hommes » (Ps 19.8 ; 1 Th 2.13).

Puisque l’origine de l’Écriture peut s’expliquer par l’inspiration divine (Za 7.12 ; 2 Ti 3.14-17 ; 2 Pi 1.20,21) telle que nous l’avons définie ci-dessus, l’Écriture tire directement son autorité de celle de Dieu. Ceux qui ne reconnaissent pas l’autorité de Dieu dans l’Écriture sont condamnés (Jé 8.8,9 ; Mc 7.1-13). À l’inverse, ceux qui, à juste titre, honorent l’autorité de Dieu dans l’Écriture et s’y soumettent sont loués (Né 8.5,6 ; Ap 3.8).

C’est pourquoi l’homme de Dieu – autrement dit, le héraut de Dieu – doit « prêcher la Parole » (2 Ti 4.2). Cette déclaration attribue l’autorité non au prédicateur, mais à Dieu (voir 2 Ti 3.16,17). Paul exhorte Tite à annoncer la Parole de Dieu avec une pleine autorité (en grec, epitagēs, comme l’autorité d’un chef militaire), à laquelle nul n’est dispensé d’obéir – pas même celui qui la proclame (Tit 2.15).

La description de l’autorité de Dieu peut se résumer par une série de déclarations négatives (ce qu’elle n’est pas) et positives (ce qu’elle est) :

  1. Elle n’est pas une autorité conférée par des humains, mais l’autorité originelle de Dieu.
  2. Elle ne change pas avec le temps, la culture, la nation ou l’arrière-plan ethnique ; elle est l’inaltérable autorité de Dieu.
  3. Elle n’est pas une autorité parmi de nombreuses autorités spirituelles, mais l’exclusive autorité spirituelle de Dieu.
  4. Elle n’est pas une autorité que l’on peut efficacement contester ou valablement rejeter ; elle est l’autorité permanente de Dieu.
  5. Elle n’est pas une autorité relative ou subordonnée ; elle est l’autorité suprême de Dieu.
  6. Elle n’est pas une autorité simplement suggestive ; elle est l’autorité contraignante de Dieu.
  7. Elle n’est pas une autorité bénigne dans ses effets ; elle est l’autorité de Dieu aux conséquences incalculables.

Cet article est un extrait de Théologie systématique par John MacArthur et Richard Mayhue

[1] Pour un exposé plus approfondi du Psaume 19.8-15, voir John MacArthur, « The Sufficiency of Scripture », MSJ 15, n° 2, 2004, p. 165-174.