La bonne passion – Actes 15.36 (John MacArthur)

Quelques jours s’écoulèrent, après lesquels Paul dit à Barnabas: Retournons voir les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont. (Actes 15.36)

Suite à l’intermède du concile de Jérusalem, où la question capitale du salut par la grâce a pu être tranchée, l’Église d’Antioche se remet en selle évangélique. Précisons que le passage à l’étude marque spécifiquement le début du deuxième voyage missionnaire de Paul. Son ministère aussi a été interrompu par la controverse soulevée par les légalistes et son voyage à Jérusalem. Cela derrière lui, Paul est maintenant prêt à aller à nouveau de l’avant pour sauver les âmes perdues.

Ainsi, au cours de cette période indéterminée que désigne l’expression quelques jours s’écoulèrent, « Paul et Barnabas demeurèrent à Antioche, enseignant et annonçant, avec plusieurs autres, la bonne nouvelle de la parole du Seigneur » (15.35). C’est donc au terme de cette période que Paul dit à Barnabas : Retournons. Bien entendu, ce n’est pas que Paul s’ennuie à Antioche, car aider à paître une grande Église en pleine croissance suffirait à la majorité des hommes. Sa décision tient plutôt au fait qu’il s’est toujours senti clairement appelé à apporter la Bonne Nouvelle aux contrées non encore évangélisées.

On ne peut plus conscient, donc, du fait que des milliers de personnes n’ont pas encore entendu l’Évangile, et sachant qu’il a été mandaté pour le leur annoncer, Paul ne se reconnaît pas le droit à une vie sédentaire. Cet homme passionné a pour raison de vivre la prédication de l’Évangile, tout spécialement dans les régions où Christ n’a pas encore été nommé (Ro 15.20). À quoi attribuer une telle passion ? À l’amour que lui inspire Dieu et à son engagement à lui obéir. C’est cette même passion qui l’incitera à écrire : « la nécessité m’en est imposée, et malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1 Co 9.16). Quiconque ne se préoccupe pas au même titre des âmes perdues n’évangélisera jamais avec efficacité, car rien, ni la meilleure formation ni le meilleur savoir-faire, ne pourra compenser l’absence de motivation profonde.

Paul se consacre au salut des âmes

Ainsi, qu’importe où il se trouve et pendant combien de temps il s’y trouve, Paul ne se considère toujours que de passage vers d’autres lieux. Depuis longtemps, il désire se rendre à Rome (Ro 15.22,23). Ne serait-il pas normal, en effet, que Rome constitue son ultime destination, où il serait heureux d’exercer son ministère jusqu’à la fin de sa vie, si on considère qu’il s’agit de la capitale du plus grand empire que le monde ait connu jusque-là et qu’il n’existe pas à l’époque endroit plus stratégique pour l’évangélisation de toutes les nations ?

Toutefois, même cette métropole populeuse, qui attire des milliers de gens provenant des quatre coins du monde connu, ne représentera pour Paul qu’une autre « halte » sur sa route. À l’Église de Rome, il écrira : « j’espère vous voir en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par vous, après que j’aurai satisfait en partie mon désir de me trouver chez vous. […] Dès que j’aurai terminé cette affaire, […] je partirai pour l’Espagne et passerai chez vous » (Ro 15.24,28). C’est donc dire que, même en compagnie de ses bien-aimés frères dans le Seigneur, Paul ne peut souffrir de se consacrer longtemps à autre chose qu’au salut des âmes perdues.

Cette passion chez J. Hudson Taylor

La passion qui pousse Paul vers ceux qui n’ont pas Christ en eux trouvera un écho dans le cœur de J. Hudson Taylor, missionnaire anglais dans la Chine du xixe siècle, tel qu’il nous le révèle dans l’extrait suivant :

Mon désir d’aller en Chine est plus fort que jamais. Ce pays est l’objet incessant de mes pensées. Songe à ceci : trois cent soixante millions d’âmes sans Dieu et sans espérance dans ce monde ! Pense que dans ce vaste pays, plus de douze millions de nos semblables meurent chaque année sans les consolations de l’Évangile ! Barnsley a seulement quinze mille habitants. Imagine-toi ce que ce serait si tous mouraient en l’espace de douze mois. Et cependant, en Chine, des centaines de personnes meurent, année après année, pour une seule à Barnsley. Pauvre Chine, si négligée ! Personne, pour ainsi dire, ne s’en occupe (Dr et Mme Howard Taylor, Vie de Hudson Taylor, Annemasse [France] : Éditions des Groupes Missionnaires, 1979, p. 46).

Mentionnons que cette passion ne peut s’acquérir par l’étude d’aucune méthode d’évangélisation, mais uniquement par une connaissance et un amour du Christ si profonds qu’une partie de l’amour qu’il voue aux pécheurs perdus déteint sur soi. Or, la connaissance du Christ s’acquiert par l’étude de sa Parole, étude par laquelle « nous tous dont le visage découvert reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par l’Esprit du Seigneur » (2 Co 3.18).


Cet article est tiré du livre : Actes, 13-28 – John MacArthur de John MacArthur