La Bible, une révélation christocentrique (Olivier Favre)

Si vous étudiez la Bible comme un livre de littérature, d’histoire, ou comme un traité de morale, ou un manuel d’idéologie politique, comme le font certains, vous l’étudierez en pure perte. Parce que la Bible est un livre qui n’a qu’un seul sujet essentiel: la venue, dans notre histoire, de la Parole faite chair; la venue du Fils de Dieu dans notre humanité pour accomplir le salut. Or, si Christ n’est pas venu, il n’est pas besoin de lire la Bible, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés que par le sang et le nom de Jésus-Christ. Et lire la Bible pour y trouver autre chose que Jésus-Christ, c’est une pure perte (cf. Jn 5:39).

Donc quand nous lisons la Bible, nous devons nous efforcer d’y voir Jésus-Christ puisqu’il est le Sauveur. Et si nous étudions un texte de la Parole sans qu’il nous pousse à glorifier Dieu pour le salut en Jésus-Christ, nous passons à côté du sens de l’Écriture. Jésus-Christ lui-même n’affirme-t-il pas que l’Ancien Testament parle de lui? Quand il parla aux disciples d’Emmaüs, il commença par Moïse, c’est-à-dire le Pentateuque, et continua avec tous les prophètes, leur montrant dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Lc 24: 27, 45).

Paul déclare de même aux Corinthiens que ce n’est qu’en Christ que l’Ancien Testament trouve sa véritable compréhension. Tant que nous ne nous sommes pas approchés de Christ, un voile demeure et l’Ancien Testament n’est qu’un recueil de lois serviles: «Mais ils sont devenus durs d’entendement car, jusqu’à ce jour, le même voile demeure quand ils font la lecture de l’Ancien Testament et il ne se lève pas parce que ce n’est qu’en Christ qu’il disparaît» (2 Co 3:14).

Étudier la Parole de Dieu sans s’être au préalable approché du Christ dans la repentance et dans la foi, c’est lire un livre avec un voile devant les yeux. Étudier l’Écriture sans chercher ensuite à mieux connaître le Seigneur, c’est faire violence au texte biblique lui-même qui nous conduit au salut en Jésus-Christ. Il est donc légitime de nous poser constamment certaines questions quand nous méditons l’Écriture: Quel rapport ce texte a-t-il avec le salut en Jésus-Christ? Comment annonce-t-il la venue du Messie? Comment prépare-t-il la venue du Roi de gloire? Dans le Nouveau Testament: Comment m’explique-t-il l’œuvre du salut en Christ? Comment m’aide-t-il à mieux connaître la personne de Jésus-Christ? Quel texte du Nouveau Testament pourrait m’aider à comprendre le texte de l’Ancien Testament? Comment le Seigneur l’éclaire-t-il? Christ est le sujet central de la Parole de Dieu.

Après ces cinq affirmations sur la Bible, examinons à présent quatre erreurs dans lesquelles il est facile de tomber.

1°) La première erreur, courante aujourd’hui, c’est de croire que la fiabilité de la Bible ne se limite qu’à son enseignement religieux et non pas aussi aux sciences, et que, par conséquent, quand elle se trouve en contradiction avec la science actuelle, elle doit être relativisée, accommodée à la science. Prenons un exemple: au XIXe siècle, les rationalistes allemands, se basant sur les connaissances de leur époque selon lesquelles l’écriture n’existait pas au temps de Moïse, avançaient qu’il était impossible que Moïse ait écrit les livres du Pentateuque. Qu’est-ce que l’Eglise pouvait opposer à de telles affirmations? Simplement la foi, croire selon l’Écriture que Moïse avait bien écrit ces livres! Aujourd’hui l’argument des rationalistes allemands ne tient plus car les découvertes archéologiques nous montrent que, bien avant Moïse, il existait des bibliothèques entières. Des archives de villes ont été retrouvées prouvant que l’écriture existait bien, plusieurs siècles avant Moïse. Quand la Bible est en contradiction avec la science, gardons foi dans la Parole de Dieu même si nous ne comprenons pas, parce qu’elle a pleine autorité et si Dieu veut nous révéler un jour par la science que la Bible est la vérité, il le fera comme par le passé.

2°) La seconde erreur c’est de croire que, parce que la Bible est une révélation christocentrique, il faut voir des représentations, des types de Jésus-Christ, dans tous les textes de l’Ancien Testament et dans tous les personnages. C’était déjà un travers de l’École d’Alexandrie, et plus particulièrement d’Origène, mais c’est un travers que nous retrouvons encore aujourd’hui: celui d’allégoriser l’Ancien Testament, c’est-à-dire de lire les récits historiques comme de simples histoires des réalités spirituelles et de superposer Jésus-Christ sur un personnage ou un autre, ou de plaquer les doctrines du Nouveau Testament sur des textes de l’Ancien Testament qui n’étaient pas aussi clairs.

Paul fait une allégorie, dans Galates 4:22-26, en citant Agar et Sara, mais il était inspiré de Dieu. Il a pu le faire parce que l’Esprit de Dieu lui a donné cette compréhension infaillible de l’Ancien Testament. En ce qui nous concerne, nous avons souligné plus haut que nous ne sommes pas inspirés comme les apôtres mais plutôt illuminés par l’Esprit de Dieu. Nous n’avons donc pas l’autorité pour allégoriser les textes de l’Ancien Testament comme l’apôtre l’a fait.

Ainsi notre responsabilité n’est pas d’allégoriser tous les récits de l’Ancien Testament, mais de montrer comment Dieu s’est révélé en protégeant Son peuple, en le nourrissant, en répondant à sa prière; comment il a exaucé Abraham, cet homme fidèle, comment il en a puni d’autres, et comment il préparait la venue du Christ.

3°) La troisième erreur est de chercher à reproduire aujourd’hui des événements extraordinaires qui se trouvent dans la Parole de Dieu. La révélation est progressive, cela implique que certains événements, qui ont eu lieu une fois dans l’histoire, ne sont pas à répéter. Si nous comprenons cela, nous éviterons le piège dans lequel tombent certaines personnes avides de miracles.

Ainsi, si nous comprenons que le parler en langues à la Pentecôte avait un but précis, celui de «forcer» l’annonce du message de l’Evangile aux païens et aux autres nations, nous ne chercherons pas à répéter cet événement à notre époque. Il en va de même de la traversée de la mer rouge: elle a eu lieu une fois pour toutes à la sortie d’Egypte et nous n’avons pas à essayer de reproduire le même événement. Il est écrit pour nous montrer la libération du peuple de Dieu de l’esclavage.

4°) Finalement, la quatrième erreur est celle de bâtir une doctrine sans tenir compte de l’ensemble des données bibliques sur le sujet. Il est facile de prendre un verset, de le lire, de l’étudier, et de construire toute une doctrine en évitant d’autres versets qui pourraient nous gêner ou contredire la doctrine que nous sommes en train d’échafauder.

Notre responsabilité, en tant que chrétien, est plutôt d’agir de façon honnête devant la Parole de Dieu: prendre toutes les données bibliques et chercher à les interpréter le plus fidèlement possible. Nous ne pourrons énoncer une doctrine que lorsque nous aurons réussi à donner une interprétation plausible et sûre même aux textes qui paraissent s’y opposer au premier abord.

La Bible est un livre merveilleux, nous nous en rendons compte de plus en plus, mais elle n’est pas toujours facile à comprendre parce que notre cœur humain est tortueux et nous avons tôt fait de glisser d’un côté ou de l’autre. Alors approchons-nous constamment de ce livre dans un esprit d’humilité et de prière afin que Dieu nous éclaire. Demandons-lui l’illumination de son Esprit. Lisons-la pour la connaître de mieux en mieux, pour nous en imprégner afin de glorifier de mieux en mieux Jésus-Christ notre Sauveur révélé dans l’Ecriture.


Cet article est tiré du livre Le bon fondement par Olivier Favre.