Jésus et l’élection (Sinclair Ferguson)

Jésus a enseigné la doctrine de l’élection. Il a expliqué que son Père agissait dans la vie des hommes selon un plan et un but. Cette pensée constitue une grande partie de son enseignement sur le royaume de Dieu. Ce royaume a déjà été préparé pour les « bénis » dès la fondation du monde (Matthieu 25.34). Il appartient à Dieu d’y accorder les places d’honneur (Matthieu  20.23). Ces versets donnent une indication générale des desseins souverains de Dieu. De plus, Jésus insiste sur le fait que l’entrée dans le royaume de Dieu est associée à un appel (Matthieu 9.13) et que cet appel n’est effectif qu’avec une autre restriction du cœur de la part de Dieu, par laquelle son choix s’opère. Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Matthieu 22.14). Les « paroles de réconfort » sont elles-mêmes basées sur ce principe :

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tel a été ton bienveillant dessein. Tout m’a été remis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos (Matthieu 11.25-28).

Ces paroles sont insondables. À la façon dont elles parlent de la relation interpersonnelle entre le Père et le Fils, elles nous transportent dans les vérités profondes de Dieu. Elles attirent notre attention sur des mystères qui dépassent notre entendement, mais elles évoquent aussi avec simplicité la façon dont les hommes viennent à Christ. C’est en effet par le choix du Père et du Fils :

Choisi non par ma justice,

Éveillé de la colère afin que je fuisse

Aux côtés du Sauveur, caché

Par l’Esprit, sanctifié,

Enseigne-moi, Seigneur, à montrer ici-bas

Par mon amour, ce que je te dois.

Robert Murray M’Cheyne [Traduction libre]

Pourtant, c’est pour mettre en œuvre ces desseins électifs que Christ racontait ses paraboles. Il soutenait qu’elles appelaient les élus et endurcissaient les indifférents, qui sont justes à leurs propres yeux (Matthieu 13.14-15).

L’élection dans l’Évangile de Jean

La même vérité ressort avec encore plus d’éclat dans l’Évangile de Jean. Jésus y partage sa profonde conscience des desseins prédestinés du Père pour sa vie. Il vit par la volonté de son Père (Jean 4.34;5.30;6.38-40). Il vit pour « l’heure » que son Père a déjà fixée (Jean 2.4; 7.30; 8.20; 12.27; 13.1; 17.1). Jésus lui-même était conscient des desseins prédestinés de Dieu et il y faisait référence.

Aussi, l’Évangile de Jean décrit Jésus comme le Sauveur du monde. Il se trouve une dimension universelle à sa mission, dans la mesure où il est le Fils unique de Dieu et donc l’unique Sauveur de l’humanité. C’est pourquoi il doit être élevé à la vue de tous les hommes (voir Jean 3.14; 8.28; 12.32, 34). Cela ne doit toutefois pas nous empêcher de voir un autre principe que Jean décrit sans la moindre réserve. Il apparaît d’abord dans un point particulièrement crucial du récit de Jean et son importance est accentuée par la perte de l’appui que Jésus a subie de la part du peuple, lorsqu’il l’a enseigné :

Jésus leur dit  : Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai dit : Vous m’avez vu, et vous ne croyez pas. Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi; car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, voici la volonté de celui qui m’a envoyé  : que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Voici, en effet, la volonté de mon Père  : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour… Dès lors, plusieurs de ses disciples se retirèrent en arrière et cessèrent d’aller avec lui (Jean 6 35-40, 66).

Notre foi, le résultat de la volonté divine

Ce qui se produit lorsque des hommes et des femmes placent leur confiance en Christ n’est pas le résultat de leur propre volonté, mais celui de la volonté divine. Jésus enseigne que tous ceux qui lui ont été donnés viendront à lui, mais il dit aussi qu’il n’y a pas d’autre moyen de venir à lui. Il est impossible d’ignorer cette insistance récurrente sur l’élection de Dieu. Il choisit tous ceux qui deviennent ses enfants. Jésus parle d’eux comme étant les « siens » (Jean 6.44, 13.1), c’est-à-dire ceux qu’il a choisis (Jean 13.18; 15.16, 19). Il prie pour eux (Jean 17.9) et leur donne la vie éternelle (Jean  10,28; 17.2).

Par conséquent, ce que Jésus dit d’abord à ses disciples s’applique aussi à tous les chrétiens : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit » (Jean 15.16). Un privilège comporte des responsabilités.


Cet article est tiré du livre : La vie chrétienne de Sinclair Ferguson